Dans une adresse à la nation le 10 septembre dernier, le Président de la République a instruit la convocation d’un Grand Dialogue National, dans l’optique de rechercher prioritairement des solutions pour la résolution de la crise qui paralyse les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest depuis bientôt 3ans. Je me suis réjoui qu’enfin, l’option d’un dialogue inclusif tant évoquée depuis le début de cette crise, soi t retenue par le Chef de l’État, malgré que celle-ci se soit enlisée avec les conséquences catastrophiques que nous connaissons tous.
C’est fort de cela, que j’ai accepté l’invitation de Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, en date du 24 Septembre 2019, dans le cadre des consultations en prélude au Grand Dialogue National. Au cours de cette rencontre avec le Premier Ministre, je lui ai présenté un certain nombre d’éléments historiques annonciateurs de la crise, ainsi que mes propositions pour la bonne tenue du Grand Dialogue National. Ces éléments et ces propositions étaient contenus dans un mémorandum qui lui a été remis en mains propres. Le Grand Dialogue National qui s’est ouvert hier au palais des congrès, était l’occasion de faire mentir tous les pronostics qui annonçaient que la messe était déjà dite.
J’espérais qu’il soit une plateforme d’expression de toutes les sensibilités afin que toutes les parties prenantes puissent faire entendre leur voix, et que les avis de tous bords, seraient pris en compte car, comme on a l’habitude de le dire, « la vérité se trouve au croisement des avis divergents ». Malheureusement, l e déroulé de la première journée du Grand Dialogue National a révélé que le scénario, les acteurs et la réalisation avaient été préparés à l’avance et verrouillés par les organisateurs. Pire encore, certains sujets, à l’instar de la forme de l’État et la situation des prisonniers politiques et économiques, qui me semblent importants dans le contexte actuel, ont purement et simplement été éludés.
C’est donc fort de ce constat, que j’ai pris la décision de suspendre ma participation à ces travaux, étant entendu qu’en définitive, ils avaient besoin de spectateurs, et non de participants. Mon amour pour mon pays reste inébranlable. Depuis plusieurs décennies, c’est l’esprit patriotique qui me guide dans la recherche du meilleur pour mes concitoyens et moi même. Je demeure convaincu que les grandes avancées sont toujours le fruit d’une saine contradiction. Et c’est bien là tout l’intérêt du dialogue . Pour ma part, je continuerai d’œuvrer avec acharnement, dans la mesure de mes possibilités, pour la restauration de la paix, de la justice sociale, et de la cohésion nationale au Cameroun.
AKERE T. Muna