DÉCLARATION DU COMITÉ DE LIBÉRATION DES PRISONNIERS POLITIQUES AU SUJET DE LA DÉTENTION ARBITRAIRE DE L’ACTIVISTE CAMEROUNAIS SÉBASTIEN EBALA
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) a été informé des faits suivants au sujet de Sébastien Ebala, activiste camerounais détenu de façon arbitraire à Yaoundé depuis le 17 avril dernier:
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Réputé critique envers le régime de Paul Biya, Sébastien Ebala est un jeune activiste camerounais de 38 ans vivant à Yaoundé et habitué depuis près de 10 ans des débats organisés par certaines chaînes de radio privée basées dans la capitale politique du Cameroun.
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Depuis novembre 2019 jusqu’à son enlèvement le 17 avril dernier, Sébastien Ebala était consultant de la page Facebook Médiatik à partir de laquelle, au cours de lives shows très suivis, il dénonçait la dérive autocratique du pouvoir de Yaoundé, la corruption, la mal-gouvernance et bien d’autres maux qui minent le landerneau politique au Cameroun. À ces occasions, Sébastien Ebala ne cachait pas son soutien à l’opposant camerounais Maurice Kamto.
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Le 16 avril 2020, dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, Sébastien Ebala appelle les Camerounais à un rassemblement au rond-point de la Poste Centrale à Yaoundé en vue de faire partir Paul Biya du pouvoir et y installer Maurice Kamto.
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Le 17 avril 2020, vers 18h, Sébastien Ebala est kidnappé au domicile d’un certain Tchebo Tchebo, par ailleurs l’un des administrateurs de la page Facebook Médiatik (lui aussi enlevé), par des éléments de la Division de la Sécurité Militaire (SEMIL) du ministère de la Défense, sur ordres de son commandant, le colonel de sinistre réputation Joël Emile Bamkoui. Après avoir été torturé, Sébastien Ebala est gardé dans une cellule de la SEMIL avant d’être transféré au secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale (SED), le lendemain 18 avril 2020 à 1h du matin, en compagnie de Tchebo Tchebo.
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Depuis le 24 avril dernier, Sébastien Ebala est à la disposition du parquet du Tribunal militaire de Yaoundé. Il est accusé de « terrorisme », d’« incitation à la rébellion » et d’ « outrage à chef d’Etat ».
Fort de ce qui précède, le CL2P :
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Estime qu’appeler les populations à manifester pour exiger le départ de Paul Biya et installer Maurice Kamto au pouvoir participe de la liberté d’expression. Par ailleurs, le droit d’un peuple à se révolter contre une dictature est prévu dans le Préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948.
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Constate pour le regretter qu’en charge de veiller au respect de la discipline militaire et de renseigner le chef de l’État tout comme le haut commandement militaire sur le moral des soldats, la SEMIL tend plutôt à sortir de ses prérogatives en se comportant en véritable police politique tournée vers les journalistes et autres activistes qui gênent le régime Biya.
- Est en mesure d’affirmer que l’enlèvement et la séquestration dans les cellules du secrétariat d’État à la défense chargé de la gendarmerie nationale (SED) de l’activiste Sébastien Ebala participe d’une volonté de museler à jamais l’une des rares voix critiques qui prenait courageusement position sur certains dossiers jugés sensibles de la République et à partir du Cameroun, là où beaucoup le font depuis l’étranger par peur de représailles.
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Déclare que Sébastien Ebala est un prisonnier politique et par voie de conséquence, invite le chef de l’Etat camerounais et chef suprême des armées, Paul Biya, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo et le commandant de la SEMIL, Emile Bamkoui, à libérer sans condition et sans délai ce jeune activiste camerounais qui, du reste, n’a pas à être jugé devant un Tribunal militaire parce que civil.
Fait à Paris, le 01 mai 2020
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P