Démocratie et sociétés traditionnelles au Cameroun
La destitution de sa Majesté Paul Marie Biloa Effa, vendredi dernier, 6 décembre 2019, par le ministre camerounais de l’administration territoriale Paul Atanga Nji est illégale et surtout un très mauvais service rendu à notre soi-disant « démocratie apaisée ».
En effet il ne faut pas avoir trop d’expertise, notamment en Droit administratif, pour réaliser qu’un chef traditionnel ne peut pas être licencié par un décret administratif qui usurpe le pouvoir de l’autorité traditionnelle.
Ce licenciement trahit, au mieux, une ignorance crasse des sociétés traditionnelles en Afrique et un profond mépris pour les formes traditionnelles de pratiques administratives et de légitimité. Le rôle de la chefferie africaine traditionnelle comme élément constitutif de réseaux de parenté, d’identité nationale, de facilitation des liens sociaux, d’enracinement de la citoyenneté et de la modernité.
Par conséquent, ces sociétés traditionnelles sont des instruments de construction communautaire, d’éducation culturelle et de responsabilité civique. En règle générale, leurs membres et particulièrement leurs chefs sont exactement le genre de personnes qui prennent leurs responsabilités sociales très au sérieux, se sentent responsables et se savent redevables à la collectivité.
Aussi, l’association du chef Biloa Effa avec le principal parti d’opposition – le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) – du professeur Maurice Kamto est un signe sain qui signale l’adaptation des sociétés traditionnelles aux instances modernes dans l’innovation de réseaux de parenté, éduque et exprime à la nation toute l’importance de la démocratie et des droits civils fondamentaux pour tous, au-delà de l’attachement traditionnel aux clans, aux tribus, ou aux ethnies
Car nous vivons malheureusement à une époque où il y a cette sensation d’une emprise tyrannique sans précédent de l’ethno-fascisme au Cameroun. Il y a cette attitude rampante de la loi du plus fort et du diviser pour mieux régner. Par contre, pour un peuple qui aspire à la liberté, soyons sérieux et rigoureux à ce sujet et peut-être plus encore lorsque nous parlons de nos pouvoirs de la société civile, des institutions de médiation qui font fonctionner notre pays, avec des gens qui l’aiment véritablement et le servent avec cœur et dévotion. Ce que ce gouvernement ne pourra et ne saura à l’évidence jamais.
Nous sommes un peuple meilleur à cause de notre identité et notre culture, et les Camerounais ordinaires le savent. Atanga Nji ne le savait clairement pas, il ne comprend absolument rien au pouvoir de la filiation, à la répartition légitime du pouvoir et au cycle de réciprocité qui ont hanté le régime ethno-fasciste qu’il sert si bien depuis le début. Que son erreur soit un récit édifiant pour tous ces voyous qui ont littéralement pris le Cameroun en otage en souillant durablement nos valeurs républicaines et traditionnelles …
En effet qui sont donc ces abrutis du décret présidentiel qui veulent à ce point terrifier tout le monde et croient pouvoir nous infliger une telle humiliation, “chez nous ici, a dzal vah, a tan biih vah” ???”
Ne vous en prenez pas aux Camerounais légitimes Mr. Atanga Nji ! Ça n’aide personne, et certainement pas un régime qui se précipite à grande vitesse dans la poubelle de l’Histoire, et dans laquelle vous figurez en bonne place.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Democracy and Traditional Societies in Cameroon
The destitution of Paul Marie Biloa Effa, last Friday December 6, 2019, by Paul Atanga Nji is indeed illegal and a great disservice to our so-called “appeased democracy.”
It doesn’t take too much awareness to realize that a traditional chief cannot be fired by a fiat of an administrative decree that usurps the power of traditional society.
This firing betrays, at best, an ignorance of traditional societies in Africa and a contempt for traditional forms of administrative practices and legitimacy. The role of traditional African chiefdom as the building blocks of kin networks, national identity, citizenship and modernity.
Consequently, these traditional societies are instruments of community building, education, and civic responsibility. Typically, members in good standing in their societies are exactly the sort of people you want in your neighborhood to be friends with. They take their social responsibilities seriously, and they feel accountable for it.
Thus, Chief Biloa Effa’s association with the MRC of Professor Maurice Kamto is a healthy sign that signals ways to innovate modern kinds of kin networks, educates and expresses the nation about the importance of democracy and basic civil rights for all beyond traditional attachment to clan, tribes or ethnicities.
Indeed, we’re living at a time when there’s this tyrannical feel to ethnofascism and divide and conquer.
There’s this winner-takes-all attitude in the air once one side or another is in power. We’re still a people who purport to be about freedom. Let’s be serious and rigorous about that and maybe even more so when we are talking about our powerhouses of civil society, the meditating institutions that make our country work, who love and serve with a heart the government can never and will never have.
We’re a better people for our identity and culture and ordinary Cameroonians know it. Atanga Nji clearly didn’t know this, he does not understand the power of filiation, the legitimate repartition of power and the cycle of reciprocity that have haunted the ethnofacsim regime that he serves so well from the beginning. Let his mistake be a cautionary tale for all these thugs who literally took Cameroon hostage by permanently defiling our republican and traditional values.
Indeed, who are these idiots of the presidential decree who think they can inflict such humiliation on us? “a dzal vah, a tan biih vah” ???” here in our native hometown, a dzal vah, a tan biih vah”???
Don’t take on the good guys Mr. Atanga Nji. That’s not a help to anyone, and certainly not a regime speeding forward into the dustbin of history. As Atanga Nji can tell you.
The Commmittee For The Released of Political Prisoners – CL2P