À part ça, tout va pour le mieux dans ce pays, où les athlètes s’échappent au moindre tournoi international, comme autrefois dans le Cuba de Fidel Castro ou la Corée du Nord de Kim Jung Un.
Continuons à nous “mentir à nous-mêmes”, comme disent si bien les Africains francophones.
Voilà le résultat palpable de 35 années de dictature implacable et d’immobilisme chronique!
Huit sportifs camerounais – six hommes et deux femmes – sont portés disparus en Australie. Ils sont boxeurs ou haltérophiles, partis à Gold Coast pour participer aux Jeux du Commonwealth. Ce mercredi 11 avril 2018, la délégation du Cameroun sur place a annoncé qu’ils étaient introuvables. Probablement des défections. Du déjà-vu à l’occasion de grands événements internationaux.
Depuis mardi, le Cameroun a constaté la disparition de près d’un cinquième des athlètes qu’il avait engagés aux Jeux du Commonwealth. Huit* sur quarante-deux ont disparu en trois vagues successives, comme évanouis dans la nature australienne. « Certains ont même fui en laissant derrière leurs passeports, conservés par leurs coaches », raconte au micro de RFI le chef de mission camerounais à Gold Coast, Victor Agbor Nso, qui fait part de sa « grande surprise que ces athlètes aient quitté leurs chambres au village ».
La plupart ont attendu d’être éliminés dans leurs épreuves respectives avant de disparaître. Tous ont en commun d’avoir déjà un palmarès. Arsène Fokou, 35 ans, est entré dans l’histoire en 2017 à Hambourg en Allemagne en devenant le premier boxeur d’Afrique centrale médaillé aux Championnats du monde. Le « super-lourd » est également champion d’Afrique en titre, comme le « mi-lourd » Ulrich Yombo ou la « poids plume » Christelle Ndiang, tous sacrés l’an passé au Congo-Brazzaville. Quant aux trois haltérophiles, médaillés aux Championnats d’Afrique en 2016 à domicile, deux d’entre eux avaient participé la même année aux Jeux olympiques à Rio.
Selon Simon Lyonga, l’attaché de presse de la délégation camerounaise, les visas des portés disparus expirent le 15 mai prochain. Aucun n’est donc encore dans l’illégalité. « C’est important de se souvenir que ces athlètes sont invités en Australie pour l’heure, ils peuvent voyager librement durant la durée de leur visa », a précisé à l’AFP David Greenberg, l’un des patrons des Jeux.
Le sport camerounais avait déjà connu plusieurs précédents
Il n’empêche, la police locale a été saisie et elle enquête. Avant l’ouverture des Jeux, le ministre de l’intérieur australien Peter Dutton avait adressé une mise en garde aux athlètes qui seraient tentés de faire défection, insistant sur le respect des « lois très strictes » de l’île-continent en matière d’immigration.
Victor Agbor Nso se dit « un peu embarrassé parce qu’il y a des Camerounais en Australie qui avaient fui lors des Jeux du Commonwealth à Melbourne en 2006 [l’haltérophile Simplice Ribouem, Ndlr] ou les Jeux olympiques de Sydney en 2000. Depuis, certains ont pris la nationalité australienne et ont gagné des médailles aux Jeux du Commonwealth en 2010 à New-Delhi et en 2014 à Glasgow ».
Le chef de mission camerounais ajoute que les athlètes de la délégation qui sont restés au village sont « tristes. Ce n’est pas bon pour l’image de notre pays ». Leur position n’est pas facile car ils participent désormais aux épreuves sous les regards méfiants, comme s’ils allaient à leur tour disparaître dans la nature.
*D’après le communiqué de l’équipe du Cameroun aux Jeux du Commonwealth, il s’agit des boxeurs Fotsala Simplice, Fokou Arsène, Ndzie Tchoyi Christian, Yombo Ulrich et Ndiang Christelle ainsi que des haltérophiles Matam Matam Olivier Heracles, Minkoumba Petit David et Fouodji Arcangeline Sonkbou.