Faut-il craindre une arrestation voire une extradition vers la Chine lorsque l’on milite pour les Droits de l’homme en Europe ? Oui, répondent une cinquantaine de défenseurs des droits, exilés dans l’Union européenne, car une dizaine d’États membres ont signé avec Pékin des accords d’extradition. Peu appliqué, mais potentiellement dangereux pour ces exilés qui ont envoyé une lettre ouverte aux responsables européens en demandant à Bruxelles « une action coordonnée urgente » afin de mettre fin à ces traités.
Ouïghours, Tibétains ou Hongkongais, ils sont 55 militants à appeler au gel des traités d’extradition conclus avec Pékin, dans une lettre adressée à Charles Michel, Ursula von der Leyen et Josep Borrell. Persécutés en Chine, tous croyaient avoir trouvé un « havre de paix » en Europe, à tort. Ces militants appellent à une décision qui permettrait de « protéger ceux qui n’ont eu d’autre choix que de fuir les persécutions ».
Parmi les signataires, le célèbre artiste Ai Weiwei en exil à Berlin, mais aussi le président du Congrès mondial ouïghour Dolkun Isa, l’opposant hongkongais Nathan Law, le président de l’Association de la jeunesse tibétaine en Europe Tashi Shitsetsang et la fille de l’éditeur chinois emprisonné Gui Minhai.
Dans leur lettre, ils dénoncent des traités offrant « une légitimité à un système judiciaire qui ne respecte aucun des principes reconnus par le droit international » et jouent aussi « un rôle clé » dans les efforts du parti communiste chinois en vue d’« exporter son régime de terreur politique ».
Ils mettent aussi en garde les pays européens avec lesquels ces traités ont été conclus contre une tendance « dangereuse » de Pékin à réclamer des extraditions pour des « délits financiers » en accusant militants et dissidents de « fraude ».
Ces traités d’extradition constituent « une menace potentielle à notre liberté de mouvement dans l’Union européenne », mais aussi à « notre liberté d’association et d’expression », Pékin pouvant réclamer une extradition « pour des déclarations faites en Europe » expliquent-ils.
Des traités qui permettent à la Chine d’« exporter sont régime de terreur politique »
À chaque fois que le militant pro-démocratie hongkongais Ray Wong prend le train, il a peur: « Si je vais dans un pays ayant signé un traité d’extradition, je risque d’être arrêté et renvoyé vers la Chine ou Hong Kong. Cela m’inquiète beaucoup, surtout parce que sous la loi sur la sécurité nationale, la Chine me considère comme un fugitif. »
À Göttingen en Allemagne, où il a obtenu l’asile, l’étudiant Ray Wong se sent en sécurité, car Berlin a décidé de révoquer son traité d’extradition avec la Chine. Contrairement à la France, la Belgique, l’Espagne ou encore l’Italie.
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« Si je vivais dans l’un de ces pays, je devrais toujours peser mes mots et me demander à partir de quel moment je franchis la ligne rouge. »
Ray Wong et les autres signataires de la lettre ouverte dénoncent des traités qui permettent à la Chine d’ « exporter son régime de terreur politique ».
(Avec AFP)