Des élus américains et européens exhortent Abdel Fatah al-Sissi à mettre un terme à sa politique contraire aux droits humains.
Deux appels publics, en quarante-huit heures, viennent d’être adressés au président égyptien Abdel Fatah al-Sissi, s’alarmant du sort des prisonniers d’opinion qui croupissent dans ses geôles. Ils émanent de centaines de parlementaires américains et européens.
Dans une première lettre, diffusée lundi à Washington, une cinquantaine de membres démocrates du Congrès ont fait savoir au «dictateur préféré» de Donald Trump (comme celui-ci a surnommé le président égyptien) que les atteintes aux droits humains ne seront pas tolérées si Joe Biden est élu. Mercredi, c’était au tour de plus de 200 parlementaires européens, dont 84 eurodéputés et 138 membres des Parlements nationaux, y compris 80 élus français, de s’adresser à Abdel Fatah al-Sissi.
Intérêts privilégiés
Première mobilisation de cette ampleur, l’initiative coordonnée des parlementaires revient sur les exigences maintes fois formulées ces dernières années par les organisations des droits de l’homme. Elle vise à mettre un terme à la détention injuste de plusieurs avocats, journalistes, activistes et défenseurs des droits. Parmi eux, les militants Ramy Shaath et Zyad el-Elaimy, en détention préventive depuis plus d’un an ; Alaa Abdel Fatah, emprisonné depuis deux ans (dont la sœur Sanaa Seif a été arrêtée à son tour pour avoir protesté devant la prison de Tora contre les conditions de détention de son frère). Les lettres des parlementaires citent également les noms d’avocats emprisonnés pour avoir défendu des cas de disparitions forcées ou de journalistes arrêtés pour leurs articles critiques du pouvoir égyptien.
Des copies de ces appels ont été envoyées aux gouvernements dans les pays concernés, y compris au Quai d’Orsay et au haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell. Car il est évident que les exhortations de parlementaires européens et américains, quel que soit leur nombre ou leur importance, ne touchent pas le président Al-Sissi. Tant que ces violations n’affectent en rien ses relations et ses intérêts privilégiés avec les pays occidentaux, il y a peu de chances qu’il mette fin à sa politique répressive.
Par Hala Kodmani —Libération
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Des élus américains exhortent l’Egypte à libérer ses prisonniers politiques
Des élus américains démocrates ont exhorté lundi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à libérer les prisonniers politiques dans le pays, pointant du doigt les risques pour leur santé en pleine pandémie.
Cet appel intervient à deux semaines de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, où Donald Trump, qui a formé une alliance étroite avec son homologue égyptien, est à la traîne dans les sondages face au démocrate Joe Biden.
Dans une lettre adressée au président Sissi, dont le pays est l’un des plus grands bénéficiaires de l’aide américaine, plus de 50 élus démocrates ont affirmé que le respect des droits humains par l’Egypte était “essentiel” au partenariat entre Washington et Le Caire. “L’emprisonnement injustifié de prisonniers d’opinion et d’autres violations flagrantes des droits humains sapent fondamentalement ce partenariat et ces relations”, avance la lettre, signée par des figures du parti démocrate, comme Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Les élus évoquent notamment le cas de la militante Sanaa Seif, arrêtée et emmenée dans un fourgonnette banalisée fin juin. Elle est accusée, selon ses avocats, de “diffusion de fausses informations”, d'”incitation à des crimes terroristes” et d'”utilisation abusive des réseaux sociaux”.
La Française Céline Lebrun, dont l’époux et militant politique Ramy Shaath demeure en détention, a salué cette lettre, estimant qu’elle envoyait un “message fort” à deux semaines des élections américaines et en pleine crise sanitaire.
AFP