Des universitaires congolais ont lancé et signé samedi à Kinshasa un manifeste mettant en garde contre un troisième mandat présidentiel de Joseph Kabila en République démocratique du Congo, à dix jours du début de dépôt des candidatures à ce scrutin.
Professeurs des universités, juristes, médecins, sociologues, philosophes et politologues ont signé ce manifeste qui estime qu’une candidature de M. Kabila à un troisième mandat “constitue une infraction imprescriptible de haute trahison contre la nation et l’État” au regard de la Constitution congolaise.
“Il s’agit de travailler pour que le tripatouillage de la Constitution ne puisse pas se réaliser dans notre pays”, a insisté Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice, une des personne ayant pris l’initiative de ce manifeste.
Le manifeste répond à une thèse soutenue depuis quelques semaines par un juriste de la majorité selon laquelle le président Kabila, élu en 2006, n’a fait qu’un mandat de cinq ans, selon l’actuelle Constitution en raison de sa révision partielle en 2011 qui a selon lui ramené le compteur à zéro.
D’ici au 20 juillet, le président Kabila est censé tenir un discours devant le Congrès, selon une annonce faite récemment par le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku.
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A cette occasion, “il revient au président Kabila de dire clairement qu’il se trouve en situation d’empêchement électoral, qu’il ne pourra plus se représenter à l’élection présidentielle, de souhaiter bonne chance à son successeur et de nous dire également qu’il se porte garant de l’organisation convenable des élections”, a déclaré Alphonse-Daniel Ntumba Luaba, professeur de droit constitutionnel et ancien ministre de la Justice.
Dans ce cas, “on va lui reconnaître le mérite d’avoir facilité une transition paisible et civilisée et il pourra entrer par la grande porte dans l’Histoire de la nation congolaise”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Des élections sont prévues le 23 décembre 2018 en RDC, avec une présidentielle qui permettra de désigner le successeur du président Kabila, dont le mandat s’est achevé en décembre 2016. Mais, M. Kabila reste muet sur ses intentions.
Le dépôt des candidatures à la présidentielle est prévu entre le 24 juillet et le 8 août.
Avec AFP
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RDC: Jean-Pierre Bemba, investi par son parti, pourra-t-il être candidat?
Alors qu’il est installé provisoirement à Bruxelles, attendant d’être fixé sur sa peine dans l’affaire dite de subornation de témoins à la Cour pénale internationale (CPI), Jean-Pierre Bemba Gombo a été investi, ce vendredi, par le Mouvement de Libération du Congo (MLC), son parti, comme candidat à la présidentielle de décembre 2018. A-t-il une chance de pouvoir déposer sa candidature ?
Jean-Pierre Bemba, peut-être candidat à la présidentielle. A peine acquitté par la CPI, l’ancien vice-président de RDC se lance dans la course électorale. Depuis jeudi, son parti, le MLC, tenait son congrès. Le chairman n’était pas présent, il est toujours en Belgique auprès de sa famille, remis en liberté provisoire en attendant d’être fixé sur sa peine dans l’affaire de subornation de témoins qui l’oppose encore à la CPI. Il a néanmoins été investi candidat par son parti qui entend faire de lui le candidat unique de l’opposition.
Un congrès qui revitalise ses partisans
C’est avec des chansons et des danses que plusieurs centaines de militants du MLC réunis au Centre Nganda de Kinshasa ont accueilli la désignation de Jean-Pierre Bemba Gombo comme candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018.
Et pour rassurer ses militants, l’ancien vice-président de la République s’est adressé personnellement à l’assistance en direct par téléphone depuis Bruxelles. « Une fois de plus, un grand merci pour la confiance que vous m’avez faite. J’espère en témoigner de ma personne. J’espère vous voir prochainement à Kinshasa. Je vous remercie tous, à bientôt. »
L’échec à la présidentielle de 2006 oubliée, les dix ans de prison également oubliés, du moins ce soir, les militants du MLC sont contents. Jeanpy a participé à cette cérémonie d’investiture.
Dans l’une des leurs résolutions, les participants à ce troisième congrès du MLC ont réaffirmé leur soutien à l’unité d’action de l’opposition et ont demandé au parti de proposer à d’autres opposants le nom de Bemba comme candidat unique de l’opposition.
« Je crois en la sagesse de l’opposition, parce que si nous y allons en ordre dispersé, nous allons perdre ces élections. Aujourd’hui, Jean-Pierre Bemba représente une solution pour les Congolais », assure Adolphe Voto, cadre du parti.
Ainsi désigné par le MLC, malgré son absence physique au pays, Bemba devra officiellement déposer sa candidature entre le 25 juillet et le 8 août 2018, comme le prévoit le calendrier électoral.
Quel processus de candidature l’attend?
Le ministère congolais des Affaires étrangères s’est empressé de l’annoncer avant même la fin du congrès : Jean-Pierre Bemba s’est vu délivrer son passeport diplomatique. L’opposant congolais n’avait plus de papier valide après dix années passées en prison. Mais il reste sénateur. « Ce passeport diplomatique, il y a droit à ce titre et c’est le président du Sénat qui a appuyé sa demande », explique une source diplomatique congolaise qui dément toute faveur envers l’ancien vice-président, alors qu’un autre candidat de l’opposition, Moïse Katumbi, peine à obtenir les siens.
Pour rentrer au Congo, Jean-Pierre Bemba doit simplement notifier la CPI de son changement d’adresse, c’est ce qu’expliquent le porte-parole de la cour comme son avocate. « On craint que le bureau du procureur ne s’y oppose quand même », explique un ancien membre de son équipe de défense.
Jean-Pierre Bemba doit impérativement rentrer au Congo pour déposer lui-même sa candidature et s’enrôler, c’est ce que prévoit le code électoral dans son point 9. La crainte de l’entourage de Jean-Pierre Bemba, c’est que le régime « instrumentalise » le point 10 du même code qui depuis décembre 2017 stipule qu’est inéligible toute personne condamnée pour corruption par un jugement irrévocable.
L’opposant congolais, acquitté pour crimes de guerre et contre l’humanité, est condamné pour subornation de témoins par la CPI. « Mais la corruption et la subornation, ce n’est pas la même chose », assurent les partisans de l’ancien vice-président congolais.
L’ultime obstacle à la candidature de Jean-Pierre Bemba serait en fait une condamnation à cinq ans de prison pour subornation de témoin. La CPI doit toujours déterminer sa peine. Malgré ses dix années en prison, l’opposant congolais pourrait, si les juges suivent les recommandations du bureau du procureur, devoir retourner purger le restant de sa peine. La décision pourrait intervenir soit d’ici au 20 juillet ou après le 13 août, date des vacances judiciaires à La Haye.