Despotisme légal, le cas d’Eyoum et l’Éthique de l’écoute au Cameroun
L’interview récente de maître Lydienne Yen Eyoum Loyse sur JMTVPlus avec le journaliste Jackie Moiffo et Joël Didier Engo, chroniqueur politique et président du CL2P est en réalité un événement.
Comme noté par un autre illustre invité, le Pr. Maurice Kamto, l’émission de Jackie Moiffo est plus qu’une occasion de grande télévision. L’émission est également connue pour sa pédagogie. Dans ce cas, aborder le despotisme légal de Paul Biya et l’appareil phallique corrompu qui le contrôle. Ainsi, Maître Eyoum décrit patiemment et en profondeur sa difficile rencontre avec ce système kafkaïen et brutal. Il s’avère que, comme la plupart d’entre nous, nous sommes formés pour prendre la décision de l’autorité légale du Cameroun à sa valeur nominale. Cependant à travers le calvaire vécu par Maître Eyoum, nous redécouvrons combien la vérité est plus compliquée qu’elle n’y parâit et nous est souvent dictée au Cameroun. En fait, la loi n’y est qu’un discours parmi de nombreux autres discours et pratiques complètement déformés.
La question déterminante devient alors le lien intime entre un ordre phallique et la pratique de la loi, mettant en conflit deux logiques majeures qui sont la logique des pratiques juridiques et la logique disciplinaire du pouvoir phallique.
En effet la vérité déprimante est que le pouvoir phallique tire sa légalité du monopole de la violence, de la distribution de la vie et de la mort, et des pratiques prédatrices. Dans la pratique, le lien entre les pratiques prédatrices et la loi, puis le fait que maître Eyoum a été littéralement écrasée parce qu’elle était réellement prise en otage dans une bataille phallique, en particulier entre le baron immobile du régime, Amadou Ali, et le ministre des finances et maintenant prisonnier politique Polycarpe Abah Abah dont les rumeurs prétendaient que Maître Eyoum était la « petite»; insinuation sexiste qui porte la signature du régime despotique phallique où les femmes sont conçues uniquement comme une source de plaisir et « collectées » comme expression du pouvoir.
Ainsi, nous apprenons enfin comment Maître Eyoum est allée en prison parce qu’elle a refusé de servir la tête d’Abah Abah sur un plateau à M. Amadou Ali. Un autre exemple de l’état de droit qui est systématiquement et outrageusement piétiné au nom du pouvoir, de l’ego et du profit. Malheureusement, l’ensemble des appareils de sécurité et de justice dont la fonction principale est de «légaliser» ces conneries capricieuses convergent toutes vers ces pratiques prédatrices, générant une anxiété aiguë pour le reste de la population. En particulier, les tribunaux camerounais qui s’en remettent systématiquement aux préjugés des puissants et abdiquent leur devoir de protéger les droits des plus vulnérables. Tandis que les puissants n’ont d’autres engagements légaux que de se faire plaisir au détriment du reste de la population qu’ils considèrent comme superflu et consomptible. En effet, Maître Eyoum précise que ces sociopathes et psychopathes se foutent des faits, mal interprètent les précédents juridiques et ferment constamment les yeux sur la douleur et la souffrance qu’ils infligent à d’innombrables familles et individus.
Cette tragédie met en lumière la position du sujet postcolonial.
Précisément, comment le sujet postcolonial n’est pas considéré dans le cadre d’une catégorie éthique et d’une relation éthique. La question la plus cruciale est celle de la créativité et de l’éthique de l’écoute. Comment, même le régime le plus oppressant pour durer au pouvoir doit commencer à se réinventer ou mourir. Par exemple, les sujets postcoloniaux, tels que maître Eyoum, sont comme des générateurs électriques qui choqueront constamment notre propre sentiment de complaisance, de paresse, et d’abdication morale. Aussi, cette nouvelle génération de Camerounais, comme Maitre Eyoum, deviennent plus résilients, sûrs d’eux-mêmes, déterminés et suffisamment débrouillards pour penser par eux-mêmes et élever la conscience des gens.
Nous aspirons à un autre contexte où la vérité est le but ultime et dans lequel une enquête ouverte et rationnelle peut mener à cet objectif. Les organisations de défense des droits de l’homme, telles que le CL2P, encouragent les futurs avocats et les gens ordinaires à écouter l’autre, à ne pas tirer de conclusions hâtives et à penser du point de vue de l’autre ou des autres.
Une éthique de l’écoute nécessite une écoute des deux côtés, ce qui est aussi une leçon de vie, pas seulement une compétence juridique.
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
VIDÉOS: Me Lydienne YEN EYOUM LOYSE: Deux (02) Années de Liberté Toute Retrouvée
English version
Master Legal Discourse: The Eyoum’s case and the Ethic of Listening in Cameroon
The recent interview of Maître Lydienne Yen Eyoum Loyse on JMTVPlus with the journalist Jackie Moiffo and Joel Didier Engo, Political chronicler and president of the CL2P is actually an event.
As noted by another illustrious guest on the Show, Pr. Maurice Kamto, the Jackie Moiffo’s show is more than great television. The show is also known for its pedagogy. In this case, tackling the master legal discourse and the corrupt phallic discourse that control it. Thus, Maître Eyoum describes patiently and in depth her difficult encounter with that Kafkaesque and brutal system. It turns out that, as most of us, are trained to take the decision of Cameroon’s controlling legal authority at face value. As with Maître Eyoum, however, the truth is more complicated than that. As a matter of fact, the law is just one discourse among many discourses and practices.
The defining issue is the intimate link between a phallic order and the practice of the law putting into conflict two major logics which is the logic of legal practices and the disciplinary logic of phallic power. The depressing truth is that phallic power derives its legality from the monopoly of violence, the distribution of life and death and predatory practices. In practice, the link between predatory practices and the law and the fact that maître Eyoum was crushed because she was actually caught inside the phallic battle, particularly between the immovable baron of the regime, Amadou Ali, and the minister of finance and now political prisoner Polycarpe Abah Abah which rumors claimed Maître Eyoum was his “petite” which of course is a signature of phallic despotic regime where women are source of pleasure and “collected” as expression of power.
Precisely, how maître Eyoum went to prison because she refused to deliver Abah Abah’s head to Mr. Amadou Ali. Another example of the rule of law being consistently outrageously undermined in the name of power, ego and profit. Sadly, the whole security and judicial apparatuses whose major function is to rubber-stamp these capricious bullshits and generating acute anxiety for the rest of the population. Particularly, the Cameroonian court, which consistently deferred to the prejudice of the powerful and abdicated its duty to protect the rights of the vulnerable. While, the powerful have no other legal commitments than pleasuring themselves at the expense of the rest of the population, they consider as superfluous and expendable. Indeed, Maître Eyoum makes clear that these sociopaths and psychopaths do not care about the facts, misconstrue legal precedent, and consistently turn a blind eye to the pain and suffering they inflict upon countless families and individuals.
This tragedy brings into the light the position of the postcolonial subject. Precisely, how the postcolonial subject is not consider within the parameter of an ethical category and ethical relationship. The most crucial question is the issue of creativity and the ethic of listening. How, even the most oppressive regime to last must beginning to reinvent itself or die. Case in point, the postcolonial subjects, such as maître Eyoum, are like electric generators that will consistently shock our own sense of complacency, laziness and moral abdication.
This new generation of Cameroonians are getting more resilient, self-confident, strong-willed and resourceful enough to think for themselves and raising the people’s consciousness. Precisely, in a context where the truth is the ultimate goal and how open and rational inquiry can lead to this goal. Human right organizations, such as the CL2P, encourages future lawyers and ordinary people in general, to listen to the other side, refrain from jumping to conclusions and think from the perspective of the ‘other’, or many ‘others’.
An ethic of listening require hearing from both sides which is also a life lesson, not just a legal skill.
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P