David Eboutou et Patrick Sapack, consultants au sein de la chaîne de télévision camerounaise Vision 4, sont incarcérés à la prison centrale de Yaoundé pour faux et usage de faux après avoir été libérés sous caution. Le patron de ce média les accuse d’avoir utilisé une fausse facture pour se faire payer 200 millions de F CFA au Congo-Brazzaville. Pour les inculpés, cette fausse facture est une œuvre de ce patron de presse pour leur régler des comptes. D’après ces derniers, leur tort est d’avoir revendiqué le paiement de leurs prestations relatives à la campagne de communication du média lors de la présidentielle qui a vu la victoire de Denis Sassou Nguesso. Une campagne pour leur libération lancée sur les réseaux sociaux.
C’est une affaire qui enflamme les réseaux sociaux au Cameroun depuis plus d’une semaine. Aux dernières nouvelles, David Eboutou serait en grève de la faim à la prison centrale de Yaoundé. Lui et son compagnon de galère, Patrick Sapack Nguele, tous deux consultants média sur des questions relatives au panafricanisme, ont été écroués dans le pénitencier de Kondengui vendredi dernier. Pourtant, ils ont d’abord été libérés sous caution faute de preuve suffisante. Il leur est reproché des faits de « faux et usage de faux », « chantage », « usurpation de titre », etc.
David Eboutou et Patrick Sapack, transfuges de la célèbre chaîne panafricaine Afrique Média, ont travaillé comme consultants à Vision 4, un produit du groupe de presse L’Anecdote. C’est à ce titre qu’ils ont été impliqués dans la campagne de communication menée par cette chaîne de télé basée à Yaoundé pour polir l’image du Congo et de son président Denis Sassou Nguesso lors de la récente élection présidentielle. De sources concordantes, au moment où ils attendent d’être payés, ils apprennent que la chaîne de télé a adressé une facture de 700 millions de F CFA à la présidence du Congo pour le travail abattu. C’est ainsi qu’ils vont se mettre à revendiquer le paiement de leurs prestations.
Guet apens
D’après une source proche du groupe l’Anecdote, Patrick Sapack et David Eboutou étaient régulièrement payés au sein de cette entreprise et une fois au Congo, ils ont émis une fausse facture (voir fac similé ci-dessous) pour capter 200 des 700 millions de F CFA que devait la présidence du Congo au groupe l’Anecdote en se passant pour les responsables de Vision 4. Mais d’après ces derniers, cette facture a été fabriquée par le patron de la chaîne, Jean Pierre Amougou Belinga, pour leur nuire. Ils en veulent pour preuve, le nom qui est porté au bas de la facture querellée. Il s’agit de « David Merlin Eboutou » alors que le nom qui figure sur ses pièces officielles est « David Melvin Eboutou ».
Les circonstances de leur arrestation sont des plus rocambolesques. Le 17 juin dernier, c’est un journaliste de Vision 4 qui les contacte pour les informer de ce qu’il devrait passer à l’entreprise toucher leur dû. Une fois sur les lieux, ils sont pris à partie par la police qui les y attendait, déchaussés, menottés et transportés à la direction régionale de la police judiciaire du Centre (Drpj) par un véhicule de Vision 4. Une fois à la Drpj, ils y sont gardés-à-vue. Sauf que les fins limiers vont constater le caractère litigieux de la fausse facture tel que relevé plus haut. Même les magistrats qui ont ouvert ce dossier s’en sont dessaisis.
Trafic d’influence
Qu’est ce qui explique donc ce revirement de l’appareil judiciaire envers Patrick Sapack et David Eboutou ? Ces derniers se disent victimes d’un trafic d’influence. En effet, le président-directeur général du groupe l’Anecdote, Amougou Belinga, jouit d’une solide amitié avec Laurent Esso, l’actuel ministre de la Justice et membre très influent du régime de Paul Biya. Une vaste mobilisation est engagée depuis quelques jours sur les réseaux sociaux pour obtenir leur libération. Des organisations camerounaises de défense des droits de l’homme sont encore muettes. Seul le Comité de libération des prisonniers politiques, une ONG basée en France, s’est joint au concert de dénonciation de cette détention arbitraire.
Par Louis MBANGA, Hurinews.com