Dictature et complicité à Yaoundé
L’affaire Samuel Eto’o et la Fécafoot, nous rappelle malheureusement que, dans une tyrannie qui semble avoir ôté toute mémoire à ses soutiens, dont ces “célébrités” qui savent particulièrement manier la langue de bois et le déni sur ses atrocités, ses crimes de guerre et contre l’humanité, voire de génocide…Personne n’est à l’abri des lois iniques assurant la reproduction sociale, économique et politique de ses dignitaires avec leurs familles et protégés.
Pourtant:
– Plus d’une dizaine de milliers de civils anglophones peuvent littéralement être massacrés depuis 2016 dans la sale guerre civile que leur livre le régime de Yaoundé : vous n’entendrez pas un seul mot de compassion de Samuel Eto’o.
– Des camerounais de la diaspora peuvent en raison de leurs opinions politiques, être séquestrés dans les geôles du régime, et d’autres déchus (sans le dire explicitement) de leur droit de séjourner dans leur pays d’origine et/ou de naissance (donc également de leur citoyenneté camerounaise) : pas davantage le moindre un mot de solidarité de Samuel Eto’o !
La liste des privations et interdictions au faciès des droits aura ainsi été infinie au Cameroun sous la dictature de Paul Biya, sans jamais susciter l’indignation du multi-ballon d’or Africain.
Jusqu’au jour où convaincu de son influence dans les entrailles du régime en place, puis de ses entrées dans les médias à sa solde, il a peu à peu fait filtrer son ambition légitime de se porter candidat à la présidence de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), aussitôt stoppée net par le fils d’un des principaux dignitaires de la dictature qui lui brandit alors sa double nationalité pour l’exclure d’emblée de la course.
À la fin l’ancien avant-centre des Lions indomptables n’aura été qu’une généreuse mascotte sportive agitée par la dictature pour s’attacher des soutiens populaires ; dans un système politique complètement verrouillé qui n’a jamais fait mystère du mépris qu’il porte au suffrage universel et aux Camerounais de la diaspora.
L’ironie est que, Samuel Eto’o peut en fait être le genre de personne dont le Fecafoot a le plus besoin pour son redressement.
Et le bon côté ici est que ce qui ressemble maintenant à un geste d’auto-humiliation peut servir de leçon puissante. Car dans une tyrannie, tous ceux qui pensent accommodants et se considèrent comme des acteurs influents du pouvoir ne sont, en fait, que des esclaves volontaires, des dupes et des flagorneurs médiocres au service des dictateurs narcissiques pathologiques et toxiques sans véritables amis, de compagnons fiables mais uniquement des «créatures» imbéciles, des subalternes et des flatteurs conçus pour être des crétins obéissants.
Tout ce cocktail d’idiotie à son tour ne produit qu’un état d’incompétence et de cleptocratie généralisé qui est le vrai visage de nos dictatures en Afrique noire francophone.
Ce qui est aussi commun ici, c’est que, plutôt que de faire face à notre propre part dans la descente aux enfers de nos nations dans la barbarie, il semble plus simple, paraît-il, de blâmer le dirigeant et d’inscrire dans une fuite en avant totalitaire.
Hélas, les pays sous emprise de la dictature apprennent rarement.
L’histoire n’a de sens que si nous comprenons la pathologie psychologique qui la sous-tend et notre propre propension à participer à une telle pathologie. Nous avons besoin d’une compréhension lucide de l’histoire comme d’une série récurrente de folies monumentales, dirigées par des crétins qui ont dupé ou forcé des millions d’entre nous à une soumission enfantine humiliante. Ce n’est qu’alors que nous pourrons espérer éviter la répétition et ouvrir les yeux.
Une lapalissade.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Dictatorship and Complicity in Yaoundé
The Samuel Eto’o and the Fecafoot’s case, unfortunately reminds us that, in a tyranny which seems to have erased all memory from its supporters, including these “celebrities” who particularly know how to use jargon and denial about its atrocities, its war crimes and against humanity, even genocide…Nobody is immune.
– More than ten thousand English-speaking civilians can thus literally be massacred since 2016 in the dirty civil war that the Yaoundé regime is waging about them: you will not hear a single word of compassion from Samuel Eto’o.
– Cameroonians in the diaspora may, because of their political opinions, be sequestered in the regime’s jails, and others deprived (without saying so explicitly) of their right to stay in their country of origin and / or birth (therefore also of their Cameroonian citizenship): not the least a word of solidarity from Samuel Eto’o!
The list of deprivations and prohibitions in the facies of rights will have been endless in Cameroon under the dictatorship of Paul Biya, without ever arousing the indignation of the African multi-balloon of gold.
Until the day when convinced of his influence in the bowels of the regime in place, then of his entries in the media in his pay, he gradually filtered his legitimate ambition to run for the presidency of the Cameroonian Federation of Football (Fecafoot), immediately stopped dead by the son of one of the main dignitaries of the dictatorship who then brandishes his dual nationality to exclude him from the race.
In the end, the former center forward of the Indomitable Lions was only a generous sports mascot agitated by the dictatorship to gain popular support; in a completely locked political system which has never made a secret of its contempt for universal suffrage and Cameroonians in the diaspora.
The irony is that, Samuel Eto’o can actually be the kind of person that the Fecafoot needs.
However, the silver lining here is that what looks now like a self-humiliated gesture can serve as a powerful lesson that, in a tyranny, all of those, who are accommodating and think of themselves as power players are nothing but voluntary slaves, dupes and mediocre sycophants to toxic pathological narcissists dictators with no true friends, reliable companions only imbecilic “creatures” underlings and flatterers designed to be obedient cretins which in turn only produces an incompetent state.
What is too is a common here, is that, rather than face up to our own part in our nation’s descent into barbarity, it is simpler, it seems, to blame the ruler and try to move on. As a consequence, countries seldom learn.
History only makes sense if we understand the psychological pathology that underlies it, and our own propensity for partaking in such pathology. We need a clear-eyed understanding of history as a recurring series of monumental follies, led by cretins who duped or forced millions of us into humiliating childish submission.
Only then can we hope to avoid the repetition and open our eyes. to this fundamental truth.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P