BIYA veut rencontrer MACRON. Le contexte général.
Tiré et inspiré de la tribune de Léonide Mfoum Bella, homme politique camerounais
En perspective: la présidentielle de 2018.
Quelques faits:
Certainement, dans le sérail, la perspective d’une présidentielle au Cameroun après la française a inquiété. On se souvient qu’en 2016 et même un peu avant, une vaste campagne faite de motions de soutien et d’appels du peuple avait été lancée, vite freinée par la mobilisation de certains partis d’opposition dont le CPP et le MRC.
Le pouvoir comptait ainsi anticiper la présidentielle pour ne pas être soumis aux avaries de la scène politique française. Le front socio-politique s’y est opposé, Yaoundé a reculé.
La situation actuelle n’est pas des plus confortables pour Yaoundé. Le problème de la manœuvre pour imposer une énième candidature de BIYA se pose et, les tractations sont d’ores et déjà engagées.
Que pense Paris, que veut la France?
Toujours est-il que la France avance ses pions:
Un nouvel ambassadeur, Gilles Thibault, militaire plutôt froid, venu du Burkina-Faso où nous venons de connaître une presque révolution.
Un refus catégorique pour le trésor français, d’assurer notre service de la dette vis-à-vis de la Chine. Conséquence: les investissements de la Chine se réduisent comme peau de chagrin pour ne pas dire qu’ils se raréfient.
Les avantages commerciaux jadis accordés à la chine sont aussi aujourd’hui le privilège de la France via l’Union Européenne.
Sur le plan diplomatique, la chute de Issa Hayatou à la CAF et la disqualification de KALKABA au comité olympique africain, ajoutés aux incertitudes qui planent sur l’organisation de la CAN en 2019 au Cameroun, ne sont pas pour arranger les choses.
L’ambassadeur du Cameroun en France Samuel Mvondo Ayolo aurait été convoqué à Yaoundé. Selon le journaliste Boris Bertolt, il s’agirait d’une consultation en vue de la formation d’un nouveau gouvernement. Possible! Sauf que, cela vient à la suite d’une mission secrète et infructueuse, conduite par le Directeur du Cabinet Civil, Martin Belinga EEboutou à Paris, et qui aurait eu pour but de rapprocher le pouvoir de Yaoundé du nouveau locataire de l’Élysée Macron. Cette entreprise a connu un échec cinglant.
Pour l’habiller M Belinga Éboutou l’avait présenté comme un séjour médical en France. Devant cet échec, les stratèges du sérail ont dû revenir à la charge.
Et comme d’habitude c’est l’occident qu’ils veulent opposer à la Chine. Le vice-président chinois est reçu aussitôt en grandes pompes au Palais Présidentiel d’Étoudi, transmettant du même coup une invitation du président chinois à Paul BIYA, l’invitant à visiter la Chine.
La démarche est rodée: la même politique de chantage à l’égard de la France, “Si tu refuses de me recevoir, le Chine le fera et au plus haut niveau”
Pourtant Paul Biya aimerait savoir ce que mijote la France et son nouveau Président sur son ancien pré carré. Notamment comment l’idée de sa candidature pour 2018 (à 85 ans après 35 ans de règne) pourrait être traitée dans les cercles du nouveau pouvoir à Paris. La France va-t-elle s’opposer à sa candidature ou la laissera-t-elle courir (faisant semblant de ne rien voir)? Cette question est d’importance pour Yaoundé, qui sait la force de nuisance de la puissance tutélaire et ne voudrait pas l’avoir contre elle.
Pour étayer cette anxiété, on peut constater le quasi silence du sérail alors que la présidentielle pourrait se tenir bientôt, à pratiquement un an, chose rare quand on a l’habitude de notre scène politique.
Emmanuel Macron pour sa part est un homme qui se veut froid, d’une autre génération, et qui tient surtout un nouveau discours.
Sur le franc CFA par exemple, il recommande aux présidents qui ne s’y sentent pas à l’aise d’en sortir et de battre leur propre monnaie. Pour lui, l’incapacité des dirigeants africains à manager leurs pays ne doit pas être noyé par l’inadaptabilité supposée du cfa comme instrument de politique économique.
Sur la ruée migratoire qui menace l’Europe, il pense que la bonne gouvernance et la démocratie devraient être des gages pour garantir aux africains sub-sahériens un mieux vivre chez eux, de manière à accorder de meilleures perspectives aux jeunes.
L’ambassadeur Mvondo Ayolo serait donc à Yaoundé pour élaborer la stratégie à même de permettre une rencontre au plus haut sommet entre Paul BIYA et Emmmanuel MACRON, en vue de le convaincre de l’utilité (pour les deux pays) de la poursuite d’un bail à la tête de l’État qui dure depuis 1982, alors que M. Macron était à peine né.
Emmanuel Marcon se laissera-t-il ou se fera-t-il embobiné par Paul Biya comme ses prédécesseurs à l’Élysée? Là est toute la question.
Ce d’autant que nous sommes particulièrement vigilants et exigeants dans la perspective de cette rencontre inévitable, qui ne pourra et de devra pas se faire au détriment des intérêts mutuels des deux pays; notamment l’ouverture démocratique effective, la bonne gouvernance, et la libération immédiate des prisonniers d’opinion emblématiques au Cameroun.
Léonide Mfoum Bella avec la contribution du CL2P