La France a appelé jeudi les autorités tchadiennes à faire “toute la lumière” sur des disparitions présumées de militaires suite à la présidentielle du 10 avril remportée sans surprise par Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 26 ans.
“La France s’inquiète, comme ses partenaires de la communauté internationale, des disparitions signalées par les organisations de défense des droits de l’homme, de militaires tchadiens”, a répondu le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, interrogé sur la situation au Tchad.
“Nous souhaitons qu’une enquête des autorités tchadiennes permette de faire toute la lumière sur ces affaires”, a-t-il ajouté lors de son point de presse quotidien.
Amnesty International et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) ont fait état de plus de vingt cas de disparitions présumées de militaires et policiers, qui n’auraient pas voté pour le parti au pouvoir, et demandé aux autorités l’ouverture d’une enquête indépendante.
Selon certains médias, plus de 40 membres des forces de défense et de sécurité seraient portés disparus depuis le 9 avril, les militaires ayant voté un jour plus tôt.
La présidentielle s’est déroulée dans un climat tendu en raison de la répression de marches pacifiques que voulait organiser la société civile. L’opposition a ensuite accusé le pouvoir de “hold-up électoral”.
Les autorités ont affirmé que les personnes concernées avaient été déployées en mission commandée et, le 21 avril, quatre des présumés disparus ont été présentés à la télévision nationale. Mais leurs familles n’ont reçu depuis aucune nouvelle sur leur sort, selon Amnesty.
Dans au moins deux bureaux de vote, des responsables militaires ont contraint des éléments des forces de défense et de sécurité à publiquement voter pour le parti au pouvoir.
D’autres disparitions, de civils cette fois, ont été signalées depuis la réélection du président Deby. Notamment celle d’un opposant, Mahamat Ahmat Lazina, président national du Mouvement national pour le changement au Tchad (MNCT), porté disparu depuis le 19 avril.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a rencontré le président Deby peu après sa réélection, le 29 avril à N’djamena, pour discuter de la situation sécuritaire régionale mais il s’était alors refusé à tout commentaire public sur le scrutin.