Cameroun. Protégez nos droits dans la lutte contre le terrorisme
Protégez nos droits – Ils comptent, même dans la lutte contre le terrorisme !
Fomusoh Ivo Feh, un étudiant de 27 ans, risque 20 ans d’emprisonnement pour avoir envoyé un message à ses amis. Dans ce message, il disait en plaisantant qu’il était si difficile de trouver un bon emploi au Cameroun qu’il était plus facile de rejoindre le groupe armé Boko Haram. Son message a été lu par un professeur et Fomusoh Ivo Feh et deux de ses amis ont rapidement été arrêtés et inculpés de « tentative d’organiser une rébellion contre l’État ».
Fomusoh Ivo Feh n’est qu’une personne parmi beaucoup d’autres qui ont vu leurs droits fondamentaux bafoués dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Cameroun. La loi antiterroriste adoptée récemment définit le terrorisme en des termes si vagues et généraux que les autorités peuvent traiter n’importe qui comme un suspect, ce qui a de lourdes conséquences. Plus de 1 000 personnes ont été accusées de soutenir Boko Haram, la plupart du temps sur la base de très peu d’éléments de preuve. Des villages entiers ont été détruits et des centaines d’hommes et de garçons ont été rassemblés, forcés à monter dans des camions militaires et n’ont plus jamais été vus.
Les conditions de détention en prison sont déplorables : torture, malnutrition, surpopulation et mauvaises conditions sanitaires sont monnaie courante. Jusqu’à huit personnes meurent tous les mois à la prison de Maroua. Les personnes qui survivent jusqu’à leur procès ont des droits très limités devant la justice, ce qui soulève des inquiétudes quant au fait que de nombreuses personnes (plus de 100) ont été condamnées à mort à l’issue de procès iniques.
La lutte contre Boko Haram est une bonne cause. Mais le gouvernement camerounais a recours aux mauvais moyens. Joignez-vous à nous pour demander aux autorités de respecter les droits humains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Les autorités camerounaises doivent :
- veiller à ce qu’une personne ne puisse être arrêtée que si des motifs raisonnables permettent de penser qu’elle a commis une infraction, et à ce que toute personne en détention puisse immédiatement consulter un avocat et recevoir la visite de sa famille ;
- mettre fin à la pratique consistant à retenir et à interroger des personnes dans des sites de détention non officiels ;
- créer un registre central de toutes les personnes arrêtées et détenues, accessible aux familles, afin que l’endroit où se trouvent ces personnes soit connu ;
- améliorer les conditions carcérales à Maroua ;
- ouvrir rapidement des enquêtes impartiales et indépendantes sur les violations des droits humains, y compris les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et les homicides illégaux ;
- cesser d’avoir recours aux tribunaux militaires et à la peine de mort, et proposer une définition du terrorisme plus précise et conforme aux normes internationales.