A Djibouti, après 7 ans de détention sans jugement, l’opposant Mohamed Ahmed, dit Jabha, a été jugé et condamné, ce dimanche matin 18 juin, par la Cour criminelle de Djibouti, à 15 ans de prison. Son avocat, Maître Zacharia, dénonce une condamnation politique et un arrêt de mort pour son client dont l’état de santé est critique.
Accusé par Djibouti d’être à la solde de l’Erythrée, l’opposant Mohamed Ahmed, membre du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD), n’avait jamais été jugé depuis sa mise en détention, en juin 2010. En quelques heures, ce dimanche, il a été reconnu coupable d’intelligence avec une puissance étrangère et organisation d’une formation paramilitaire.
Joint par RFI, Maître Zacharia, son avocat, dénonce le manque d’indépendance de la Justice djiboutienne. Selon lui, le dossier est vide et ces accusations ne sont qu’une instrumentalisation de la Justice à des fins politiques.
« Le Premier ministre avait dit, au mois d’octobre 2016, devant les députés djiboutiens, que Monsieur Jabha resterait en prison tant qu’il serait aux affaires. Effectivement, aujourd’hui, on lui a donné raison. C’est non seulement scandaleux, mais cela montre le manque d’indépendance de la justice djiboutienne. Rien ne pouvait justifier ce verdict. Et pour cause ! Pas de témoin, pas d’arme, pas de preuves matérielles et pourtant, ils requièrent trente ans, quasiment suivis à 15 ans par magistrats et les jurés », a-t-il précisé.
Maître Zacharia dénonce non seulement une condamnation politique, mais aussi un arrêt de mort pour son client dont l’état de santé est critique.
« La Cour n’a même pas fait preuve d’humanité. Ils avaient en face d’eux un homme malade. Il était assis parce qu’il ne pouvait même pas tenir debout. C’est vous dire. Et aujourd’hui, en plus des sept ans de détention arbitraire, on nous dit 15 ans. Mais c’est fini ! C’est une condamnation à mort. Ils savent très bien qu’à tout moment, il peut mourir. Il a un cancer inguérissable, il a subi des tortures. Il l’a expliqué devant la Cour. Garder ce monsieur dans un milieu carcéral, c’est la mort assurée », a-t-il affirmé.
Le procureur n’était pas joignable pour commenter ce verdict.
Par RFI