Découvrant à la dernière minute le Pedigree du Président du Congo-Brazzaville, le président élu Donald Trump annule sa rencontre avec Sassou-Nguesso. Coulisses.
Cela aurait été une consécration pour Denis Sassou-Nguesso: une remise en selle sur la scène diplomatique mondiale. Et un coup dur pour l’opposition. L’annonce par un Tweet (ci-dessous) du porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla de la rencontre trump Sassou-Nguesso provoque un torrent de commentaires sur les réseaux sociaux. Pour un premier rendez-vous avec l’Afrique, le choix paraît incongru.
Depuis sa victoire, Donald Trump ne s’est entretenu qu’avec un seul Leader du continent africain : le président égyptien Abdelfatah Al-Sissi. Les deux hommes ont brassé plusieurs sujets, dont la Libye. La position de Trump sur le dossier est très attendue. Le président élu projette ensuite de consulter l’Union africaine. L’idée est bonne. En 2011, l’UA avait prévenu des risques de l’intervention de l’Otan. Barack Obama les avait royalement ignoré. On connaît la suite: Obama qualifia lui-même l’absence de suivi du dossier libyen d’”erreur historique”, la pire de ses deux mandats. Les deux acteurs de l’intervention David Cameron et Nicolas Sarkozy y ont signé la fin de leur carrière politique. Et l’actuel président de l’Union africaine, le Tchadien Idriss Deby ne se priva pas lors du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique de Dakar en 2014 d’accuser l’Otan d’avoir “semé le désordre” en assassinant Kadhafi et de “ne pas avoir voulu nous écouter”.
“Trump ne savait pas à qui il avait à faire”
Une rencontre est donc organisée à New-York mardi 27 décembre avec le président du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye à savoir Denis Sassou-Nguesso. Donald Trump n’a jamais mis les pieds au Congo-Brazzaville et se révèle sûrement incapable de le placer sur une carte. En revanche, l’homme qu’il a nommé au poste de Secrétaire d’état Rex Tillerson connait bien la carte des pays producteurs de pétrole. La société ExxonMobil, où il a fait toute sa carrière depuis 1975 et dont il a été nommé président a mené des explorations au Congo-Brazzaville. “Sassou-Nguesso est une vieille connaissance de Rex Tillerson”, confie un opposant Congolais selon lequel l’Américain n’aurait pas apprécié que l’exploitation du gisement trouvé par ExxonMobil ait été confié aux Français”. Toujours est-il, ce n’est pas tant le président congolais que Trump veut recevoir, mais un haut responsable de l’Union africaine.
“Il ne savait pas à qui il avait à faire!”, témoigne encore un opposant congolais à la manœuvre pendant les deux jours pour tenter d’alarmer les conseillers du président élu.Ces derniers se montrent plutôt réceptifs. L’un des messages contenant rapports d’Ong, dossiers sur la torture du sergent Jugal etc. accuse réception. La crédibilité de Sassou-Nguesso sur la scène internationale apparait sévèrement entachée. Il est en plus une figure centrale du “club des présidents à vie” qui prend racine en Afrique centrale. Or en Afrique, après la Libye, le Congo RDC préoccupe les proches de Trump.
Résultat la visite est annulée à la dernière minute. Mieux encore: l’idée même qu’une visite ait pu être envisagée sort de l’esprit des équipes Trump. Le porte-parole Hope Hicks annonce à Reuters que la rencontre “n’a jamais été programmée”. Voilà Sassou-Nguesso rhabillé pour l’hiver, qui rentre bredouille des Etats-Unis. Quant aux Libyens, les voilà victimes collatérales de la crise congolaise. Il ne leur manquait plus que ça !
Paris Match|François de Labarre