Cameroun: Dr. Nganang et le mythe du bouffon du Despote
Par Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Les cyniques professionnels ou les idiots utiles du régime de Yaoundé, en essayant de dépeindre Nganang comme le bouffon de la cour de Biya afin de recevoir sa clémence – d’un régime qui n’en offre pourtant aucune- font eux-mêmes preuve de délires en alimentant de la sorte un quiproquo sur un régime où personne n’a confiance aux institutions despotiques et légales en place. En effet Nganang n’est pas le problème, le régime de Biya est le problème. Ce que Nganang dit, c’est que soit vous faites partie du problème, soit vous faites partie de la solution, mais personne ne peut faire partie des deux comme le prétendent les idéologues du régime de Biya.
Prétendre, sans preuves psychologiques, que le professeur Nganang souffre d’une défection mentale qui le rend profondément délirant, c’est prétendre que son soi-disant esprit dérangé est convaincu que chaque aspect de son existence est contrôlé par une organisation omnipotente contre laquelle il est impuissant. Ce n’est absolument pas le cas.
En plus au CL2P, nous ne sommes pas au courant que les avocats de Nganang aient jamais envisagé de soutenir que leur client était inapte pour comparaître au procès (il était prêt à participer clairement à celui-ci), et n’ont pas suivi la ligne de défense de la folie traditionnelle pour laquelle ils auraient essayé de convaincre au juge que leur client Nganang était si mentalement handicapé qu’il était pathologiquement incapable de faire la différence entre le bien et le mal. En réalité, malgré les perceptions du public selon lesquelles les plaidoyers d’aliénation mentale sont courants, ils sont en fait extrêmement rares, et débouchent généralement sur des négociations de plaider coupable par lesquelles les procureurs et la défense conviennent tous les deux que l’accusé est atteint de maladie mentale et donc inapte au procès.
Un perdant en colère ou un activiste radical des droits humains engagé?
Les détracteurs de Patrice Nganang espéraient secrètement ainsi qu’il allait être exposé comme étant colérique, aigri, et profondément instable; mais non comme l’activiste radical et convaincu qu’il est. Et qu’au fond ils auraient tant voulu présenter ses critiques contre le régime de Biya comme une forme de déni mental. Achille Mbembe a ainsi laissé entendre que les posts de Nganang contre le régime de Biya étaient un cache-sexe pour ce que Nganang serait vraiment l’incarnation – son propre dégoût, son propre échec, son propre sentiment d’être un perdant, étant coincé dans une «petite université». Ainsi attaquer Biya était une stratégie cynique de la part de Nganang pour devenir une vedette internationale. Alors que la vérité est tout à fait contraire. Car à l’instar de son «grand frère Achille» Patrice Nganang a précisément accompli une carrière internationale sans l‘aide de Biya, dont il n’est nullement une «créature». On peut même dire que Biya est un détriment à sa carrière, se voyant aspirer malgré sa notoriété internationale par le trou noir du néant que le régime produit sans réserve au Cameroun; phénomène que Achille Mbembe semble d’ailleurs bien connaître puisqu’il n’a plus remis les pieds au Cameroun depuis des décennies.
La chose est que nous pouvons avoir une démocratie Ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux!
Comme avec Nganang, le CL2P a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne serait pas facile de renverser l’ancrage du pouvoir exécutif impérial au Cameroun. Dans le schéma typique, le président qui est à la tête d’une «institution monarchiste avec un pouvoir exécutif renforcé ne peut pas être empêché constitutionnellement d’étendre son pouvoir. En effet, rien ne s’oppose à une quelconque forme d’expansion de l’exécutif qui laisserait le président agir comme il l’entend. Ainsi, face à une crise, telle que la guerre civile anglophone, qui n’ose pas dire son nom, les extensions les plus lointaines du pouvoir exécutif ont lieu pour réprimer toute forme de dissidence, même si cela implique des exécutions extrajudiciaires. Cette expansion non-stop du pouvoir sert un jeu à somme nulle où le président peut avoir son gâteau et le manger. Il fait aussi cela à travers une politique d’indignation permanente (au nom des valeurs traditionnelles dites africaines) qui lui permet surtout de criminaliser toutes les formes de dissidences qu’il n’aime pas.
Le fait est que nous pouvons avoir une démocratie ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux à la fois. Ceux qui ne le voient pas sont, ou des cyniques professionnels, ou des idiots masochistes utiles de Paul Biya.
Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Cameroon: Dr. Nganang and the myth of the Court Jester
By Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The cynics or the regime’s useful idiots trying to portray Nganang as Biya’s Court jester in order to receive clemency, from a regime that offers any, are missing the point and are themselves delusional. Nganang is not the problem the Biya regime is the problem. What Nganang is saying is that you are either part of the problem or part of the solution no one can do both as the Biya’s regime ideologues claim.
To claim, without psychological evidences, that professor Nganang suffers from mental defect that makes him deeply delusional, is to claim that his so called deranged mind is convinced that every aspect of his existence is controlled by an omnipotent organization against which he is powerless which is not the case.
More, the CL2P is not aware that Nganang‘s attorneys are arguing that their client is incompetent to stand trial (he clearly is participating in his case), nor are they pursuing a traditional insanity defense, in which they would try to convince the judge that Nganang was so mentally impaired that he did not know right from wrong.
In reality, despite public perceptions that insanity pleas are common, they are in fact extremely rare and usually result in plea bargains in which the prosecutors and defense both agree that the defendant is mentally ill.
Angry loser vs. committed radical human right activist?
Nganang’s tormentor hopes that he will be exposed as angry, desolate, and deeply insecure, not as a convinced radical human right activist. In fact, that is diatribe against the Biya’s regime was a form of denial. Achille Mbembe seems to imply that Nganang’s posts against the Biya’s regime was a front for what Nganang really felt – his own self-loathing, his own failure, his own sense of being a loser being stucked in a “little university.” Hence, attacking Biya was a strategy to gain the international limelight. While the truth is completely opposite. Like the big brother Achille, Nganang has achieved an international career without the help of Biya of which he is by no means a « creature ». We can even say that Biya is a detriment to his career being sucked by the black hole of nothingness that the regime produces without reserve and that Achille Mbembe seems to know well since he has never set foot in Cameroon for decades.
The thing is we can have a democracy or an imperial presidency but we cannot have both
As with Nganang, The CL2P has claimed many times that reversing the trend of imperial executive power in Cameroon will not be easy. In the typical pattern, the president who is the head of a “monarchist institution with reinforced executive power cannot be constitutionally stopped from expanding his power. Indeed, there is nothing that stands in his way to object to any form of expansions of executive authority leaving the president to act as he sees fit. Thus, when facing with crisis, such as the Anglophone Civil War, which dare not say its name, the farthest expansions of executive power is taking place to quell all form of dissent even if it means extra-judicial killing. This non-stop expansion of power serves a zero-sum game where the president can have his cake and eats it. He does this to the politics of outrage that allows him to criminalize any forms of dissent he does not like.
The thing is we can have a democracy or an imperial presidency but we cannot have both. Those who don’t see it that way are either professional cynics or Biya’s masochistic useful idiots.
Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P