Droit et souffrance comparée au Nicaragua et au Cameroun
Nous avons appris que le Conseil électoral suprême du Nicaragua a déclaré qu’avec presque tous les bulletins de vote comptés, un décompte préliminaire a permis à l’alliance sandiniste d’Ortega de l’emporter avec environ 76% des voix.
Ainsi, le président nicaraguayen Daniel Ortega a décroché un quatrième mandat consécutif, selon les résultats annoncés lundi 08 novembre 2021, après avoir emprisonné ses rivaux politiques avant un vote qui a suscité des menaces de sanctions de la part des États-Unis et des appels internationaux à des élections libres.
De plus, une déclaration des 27 membres de l’UE a accusé Ortega d’ »incarcération systématique, harcèlement et intimidation » d’opposants, de journalistes et de militants.
En outre, dans une déclaration, le président américain, Joseph Biden, a accusé le gouvernement Ortega d’avoir mené « une mascarade d’élection de pantomimes qui n’était ni libre ni équitable, et certainement pas démocratique ».
Biden a déclaré que l’emprisonnement de près de 40 personnalités de l’opposition et l’empêchement d’autres partis de participer aux élections « ont faussé les résultats bien avant le jour du scrutin ». Il a également noté que les médias indépendants ont été fermés, des journalistes emprisonnés et des groupes de la société civile harcelés.
« Longtemps impopulaire et maintenant sans mandat démocratique, la famille Ortega et Murillo dirigent désormais le Nicaragua comme des autocrates, comme la famille Somoza qu’Ortega et les sandinistes ont combattu il y a quatre décennies », a déclaré Biden.
C’est fort de ce contexte que Daniel Ortega a affirmé que « ceux qui y sont emprisonnés sont des fils de putes des impérialistes yankees. Ils devraient être emmenés là-bas, aux États-Unis, parce que ce ne sont pas des Nicaraguayens. Ils ont cessé d’être nicaraguayens depuis longtemps, ils n’ont pas de patrie. Qu’ils les y emmènent, afin qu’ils puissent lui servir ce qu’ils sont: esclaves de l’empire, traîtres de la patrie.
Il faut reconnaître qu’Ortega avait commencé la politique en tant que jeune révolutionnaire de gauche dans les années 1970 qui combattait alors dans la guérilla contre la dictature anticommuniste soutenue par les États-Unis d’Anastasio Somoza, dont la famille était au pouvoir au Nicaragua depuis plus de quatre décennies. Après que les sandinistes ont mené une révolution populaire pour renverser la dictature de Somoza le 19 juillet 1979, Ortega est devenu membre de la junte révolutionnaire. Il s’est lancé dans un programme radical de changement social, comprenant des réformes agraires et une campagne d’alphabétisation réussie.
À l’ICL2P, nous critiquons à la fois les tyrans autocratiques de gauche et de droite soutenus par les États-Unis qui dirigent le Honduras, le Salvador ou le Guatemala voisins puis dans des endroits comme le Cameroun.
Le fait est que nous les auscultions pratiquement comme un laser, notamment les lacunes et graves manquements de tous leurs dirigeants, y compris des pays considérés comme les ennemis officiels des États-Unis, ainsi que les atteintes aux droits de l’homme dans les pays considérés comme des États (bon) clients ou amis des américains. Nous disons constamment à quel point les conditions sont horribles au Nicaragua, au Venezuela, à Cuba, etc. …comme nous répertons les conditions tout aussi (ou plus) odieuses dans les États mandataires américains comme le Cameroun.
L’ICL2P critique des régimes de gauche comme des régimes de droite et des États clients comme le Cameroun. – Nous avons critiqué tous les régimes où les puissants exercent un contrôle, dans la manière qu’ils ont de s’arroger des succès frauduleux à travers des renversements des gouvernements légitimes, le déclenchement des guerres dans des pays pauvres mais riches en combustibles fossiles. À cet égard nous avons toujours préconisé de sanctionner et boycotter ces pays, appuyés parfois sur des réglementations fiscales injustes, les aides conditionnées des organisations financières internationales orientées en réalité pour assouvir les besoins des économies riches grâce à un contrôle et une propagande médiatique bien orientée et biaisée.
Car fondamentalement ce qui devrait vraiment compter le plus est de savoir si nous créons des sociétés qui favorisent le bien-être des personnes et de la planète entière, puis qui ouvrent ou offrent les meilleurs capacités pour nous cultiver et nous exprimer.
Ainsi, plutôt que de nous concentrer sur un seul pays ou un seul individu, nous examinons les forces systémiques qui sont en jeu. Nous ne nous soucions pas de la mentalité, de l’idéologie sous-jacente consistant généralement à opposer «le nous contre le eux» qui n’aide personne. Nous écrivons dans le but d’essayer de créer un monde meilleur et intelligible pour tous.
Donc, pour ceux qui tentent de nous enfermer dans une case idéologique, l’ICL2P reconnaît une tendance de certains à gauche à amoindrir les lacunes et même les atrocités des mouvements révolutionnaires (la même myopie existe également à droite), puis à occulter les crimes dans les États clients des occidentaux comme le Cameroun.
Nous considérons à cet effet qu’il est possible pour un gouvernement de poursuivre des politiques de centre-droit et de s’engager en mettant résolument en pratique les principes démocratiques. Tout comme il est possible pour des gouvernements de poursuivre des politiques de gauche et de respecter scrupuleusement la démocratie pluraliste.
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P
Vidéo:
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English version
Lawfare and Comparative Suffering in Nicaragua and Cameroon
- As we are learning that the Nicaragua’s Supreme Electoral Council said that with nearly all the ballots counted, a preliminary tally had Ortega’s Sandinista alliance winning with about 76% of votes.
Hence, Nicaragua’s President Daniel Ortega clinched a fourth consecutive term, results showed on Monday, after jailing political rivals ahead of a vote that prompted threats of sanctions from the United States and international calls for free elections.
More, a statement by all 27 EU members accused Ortega of « systematic incarceration, harassment and intimidation » of opponents, journalists and activists”.
Furthermore, in the statement, American president, Joseph Biden, accused Ortega’s government of conducting « a pantomime election that was neither free nor fair, and most certainly not democratic. »
Biden said the imprisonment of nearly 40 opposition figures and preventing other parties from competing in the election « rigged the outcome well before election day. » He also noted that independent media has been shuttered, journalists jailed, and civil society groups bullied.
« Long unpopular and now without a democratic mandate, the Ortega and Murillo family now rule Nicaragua as autocrats, no different from the Somoza family that Ortega and the Sandinistas fought four decades ago, » Biden said.
On the other hand, Daniel Ortega claims that “Those who are imprisoned there are the sons of bitches of the Yankee imperialists. They should be taken there, to the United States, because those are not Nicaraguans. They stopped being Nicaraguans a long time ago, they have no homeland. Let them take them there, so that they can serve him as what they are: slaves of the empire, traitors of the homeland.”
One must acknowledge that Ortega began politics as a young left-wing revolutionary in the 1970s who fought in the guerrilla war against the US-backed anti-communist dictatorship of Anastasio Somoza, whose family had been in power in Nicaragua for more than four decades. After the Sandinistas led a popular revolution to topple the Somoza dictatorship on July 19 1979, Ortega became a member of the revolutionary junta. It embarked on a radical programme of social change, including land reforms and a successful literacy campaign.
At the ICL2P, we are criticizing both left wing and right-wing autocratic US-supported tyrants that lead neighboring Honduras, El Salvador or Guatemala and places, such as Cameroon.
The point is that we focus laser-like on the shortcomings of all leaders, including of countries deemed to be official enemies of the US, as well as, the vile human rights records of countries that are client states. We constantly read how awful conditions are in Nicaragua, Venezuela, Cuba etc. and the equally (or more) abhorrent conditions in US proxy states like Cameroon.
The ICL2P do not live in left wings versus rights wings regimes and client states. – We criticized all regimes where the powerful exert control, in whatever way they deem gives them most success. Overthrow governments, start wars with poor but fossil fuel rich countries, sanction and boycott countries, unfair tax regulations, international monetary organizations that only flow towards the rich economies, control the media (or try to at least). What really should matter the most is whether we create societies that foster wellbeing for people and planet and capabilities to express ourselves. So rather than focusing on a single country or single individual, we are looking at the systemic forces that are at play. We do not care about us-vs-them mentality that isn’t helping anyone. We write with the goal to try and create a better world for all.
For those who try to lock us in an ideological box, the CL2PI recognizes a tendency of some on the left to neglect the shortcomings of revolutionary movements (the same myopia exists on the right) and in client states like Cameroon.
Indeed, it is possible for a government to pursue center-right policies and to commit to democratic principles just as it is possible for governments to pursue left-wing policies and to respect democracy.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P