« Mesdames et Messieurs les journalistes, je voudrais attirer l’attention sur un pays, le Cameroun, où les autorités continuent à recourir à la peine de mort reste durant les procès de personnes suspectée d’appartenir au groupe armé Boko Haram. En 2016, au moins 160 condamnations à la peine capitale ont été prononcées par des tribunaux militaires dans la ville de Maroua, dans l’extrême Nord du pays.
La loi anti-terroriste adoptée en décembre 2014 pour faire face à la menace grandissante de Boko Haram, donne en effet compétence aux tribunaux militaires pour tous les cas de terrorisme. Et de nouveaux pouvoirs qui permettent aux autorités de détenir des personnes sans inculpation. Pire le tribunal militaire peut renouveler la détention provisoire pour une durée indéfinie.
A ce jour, tous les suspects jugés devant des tribunaux militaires qui ont été condamnés à mort l’ont été sur la base de preuves bien minces même si aucune exécution n’a été notée.
Le 20 avril prochain, un journaliste Ahmed Abba, qui est le correspondant de la Radio France Internationale (RFI) en langue hausa en détention depuis juillet 2015, arrêté alors qu’il faisait un reportage sur Boko Haram au nord du pays, pourrait être condamné à mort. Il est accusé de «complicité d’actes de terrorisme» et de « non-dénonciation d’actes de terrorisme» et le procureur a requis la peine capitale à son encontre.
Je profite de cette tribune pour rappeler qu’Amnesty demande la libération immédiate et sans condition d’Ahmed Abba.
Pour conclure, je voudrais dire que la peine de mort est une violation du droit à la vie, c’est un châtiment cruel et inhumain qui n’a pas sa place dans l’ère moderne. La majorité des pays du monde, un total de 104, a accepté ce fait en abolissant complètement la peine de mort pour tous les crimes. Il est temps pour les pays d’Afrique subsaharienne, qui doivent encore abolir la peine de mort, de le faire.
Je vous remercie de votre attention ».
Par Jean-Marie NKOUSSA | Cameroon-Info.Net