Yodé et Siro, un duo de chanteurs populaires en Côte d’Ivoire, ont été placés en garde à vue, mercredi 2 décembre, au terme d’une longue audition, après avoir critiqué publiquement un magistrat, a annoncé leur avocat Jean-Serge Gbougnon à l’AFP : « Ils ont décidé de les garder à vue pour les présenter demain, jeudi, à un procureur. Ils ont été entendus pendant six heures pour outrage à magistrat, troubles à l’ordre public et diffamation. »
Ils avaient été convoqués mercredi matin par la section de recherches de la gendarmerie nationale. Yodé et Siro avaient critiqué le travail du procureur d’Abidjan, Richard Adou, lors d’un concert le week-end passé à Yopougon, un quartier populaire de la capitale ivoirienne. « Le procureur (…) est le procureur d’un seul camp. C’est quel pays ? Allez dire au procureur Adou Richard qu’un mort est un mort », avaient chanté les artistes, selon une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
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Yodé (Dally Djédjé, à l’état civil) et Siro (Sylvain Decavailles Aba) sont connus pour être très critiques, à travers leurs chansons, envers le pouvoir politique, aussi bien le régime actuel du président Alassane Ouattara que le régime précédent de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. « On dit quoi ? », un des titres de leur album Héritage sorti cette année, a été souvent repris lors des réunions de l’opposition lors de la campagne pour l’élection présidentielle du 31 octobre.
Détention de personnalités de l’opposition
Yodé et Siro, célèbres en Côte d’Ivoire depuis le début des années 2000, font du zouglou, un genre musical engagé très populaire né en 1990 dans les cités universitaires d’Abidjan. Cette musique aborde les problèmes de société, n’hésitant pas à critiquer les hommes politiques, la mauvaise gouvernance ou la corruption.
La présidentielle, à l’issue de laquelle le président Alassane Ouattara a été réélu pour un troisième mandat controversé, jugé inconstitutionnel par l’opposition, a entraîné des troubles qui ont fait au moins 85 morts et près de 500 blessés depuis août.
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Ces troubles ont débouché sur l’arrestation et la détention depuis plusieurs semaines de personnalités politiques, dont le porte-parole de l’opposition, l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan et Maurice Guikahué, numéro deux du principal parti d’opposition. Figure de la société civile ivoirienne, Pulcherie Gbalet, qui avait appelé en août à des manifestations contre un troisième mandat du président Ouattara, est également incarcéré. Tout comme Justin Koua, président de la jeunesse du parti d’opposition pro-Gbagbo.
La tension en Côte d’Ivoire a cependant nettement baissé depuis une rencontre entre le président Ouattara et le principal opposant, l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, le 11 novembre.
Le Monde avec AFP