Guinée équatoriale: la “démocratie” selon le père Obiang, poursuite en justice d’une centaine d’opposants et dissolution du principal parti d’opposition
Le principal parti d’opposition de Guinée équatoriale, Citoyens pour l’innovation (CI), a été dissous, lundi 26 février, et 21 de ses membres condamnés à plus de trente ans de prison, ont annoncé mardi les médias d’Etat.
Le parti CI sera « retiré » du « registre des partis politiques du pays », a indiqué Jose Rafael Nguema, président du tribunal de Mongomo, sur la télévision d’Etat, la TVGE. « La dissolution est la conséquence pour avoir commis le délit d’atteinte à la sécurité de l’Etat, puisque, selon la loi des partis politiques, tout parti qui commet ce délit d’atteinte est dissous », a déclaré de son côté Anatalio Nzang, procureur général adjoint, également à la TVGE.
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Le parti CI avait gagné le seul siège au Parlement non acquis au pouvoir lors des élections législatives de novembre 2017. Depuis ce scrutin, « les restrictions de liberté et arrestations, en particulier d’opposants politiques, se poursuivent sans discontinuer » dans le pays, selon l’Union européenne (UE).
Sur les 147 militants en procès depuis mi-février à Mongomo, fief du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo situé sur la partie continentale du pays, 21 ont été condamnés. Les autres ont été libérés. Les militants étaient poursuivis pour « sédition, désordre public, atteintes à l’autorité et blessures graves » à la suite d’échauffourées survenues pendant la campagne pour les législatives.
Une somme « astronomique »
« Au nom du chef de l’État, premier magistrat de la nation, nous condamnons les accusés […] aux peines de vingt-six ans de prison pour sédition, dix années de prison pour atteinte à l’autorité et 50 000 francs CFA [76 euros] à payer chacun, quatre années de prison pour les dégâts et quatre mois de prison pour blessures », selon la sentence lue à la TVGE.
La peine de mort, qui avait été requise, selon l’avocat des militants et leur parti, n’a pas été retenue. Mi-février, l’Etat équato-guinéen avait apporté un démenti « formel » au fait que le procureur ait requis la peine de mort. « Un moratoire sur la peine de mort a été décrété […] il y a une quinzaine d’années » et « il est strictement respecté », affirme un texte diffusé par l’ambassade de Guinée en France le 15 février. Plusieurs personnes ont été condamnées à mort ces dernières années dans le pays.
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Les accusés sont également « condamnés avec leur parti CI à verser 138 millions de francs CFA à l’Etat », selon la sentence lue à la télévision d’Etat. Cette somme est « astronomique au regard des salaires de misère en Guinée équatoriale », a souligné auprès de l’AFP une source diplomatique de la sous-région.
La Guinée équatoriale, un des plus gros producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne, mais dont la grande majorité des 1,2 million d’habitants vit dans la pauvreté, est dirigée de façon autoritaire par le président Obiang Nguema depuis 1979.
Le Monde.fr avec AFP