Six salarié·e·s de la principale organisation de la société civile ougandaise engagée dans la défense des communautés impactées par les giga projets pétroliers Tilenga et EACOP, développés par TotalEnergies, sont détenu·e·s depuis le 22 octobre.
Six salarié·e·s de l’organisation de défense des droits humains et de protection de l’environnement AFIEGO ont été arrêté·e·s vendredi 22 octobre à Kampala, la capitale de l’Ouganda. Ce sont les ONG Les Amis de la terre et Survie qui ont alerté les médias internationaux.
L’Institut africain pour la gouvernance de l’énergie (la traduction de l’acronyme AFIEGO en anglais) est l’une des principales structures de la société civile ougandaise engagée dans la défense des communautés impactées par les giga projets pétroliers Tilenga – un vaste champs de forage au nord ouest du pays- et EACOP – immense oléoduc encore en projet – développé par le groupe TotalEnergies, nouveau nom du groupe Total.
Cette association est devenue une entreprise à but lucratif en 2016 pour échapper aux pressions de l’État ougandais contre les ONG. Elle figure d’ailleurs sur la liste des 54 associations suspendues par le « NGO bureau » de l’administration ougandaise, le 20 août dernier. Une situation dénoncée par la fédération internationale des droits humains. En France, AFIEGO est l’une des parties associées au recours déposé contre le groupe pétrolier français au nom du devoir de vigilance.
Peu d’information était disponibles samedi après-midi au sujet de ces arrestations. Selon les Amis de la terre et Survie, les charges retenues contre les personnes arrêtées n’avaient pas encore été rendues publiques. Parmi elles, se trouve le directeur d’AFIEGO, Dickens Kamugisha, mais aussi une mère allaitante et une personne nécessitant un traitement médical. Contactés par Mediapart, le gouvernement et la présidence ougandaise n’avaient pas répondu à nos questions samedi en fin d’après-midi.
Le 13 octobre dernier, plusieurs salariés de cette structure avaient déjà été arrêtés, avant d’être libérés sous caution. « Ces nouvelles arrestations font partie d’actes répétés de harcèlement et persécution d’AFIEGO de la part des autorités ougandaises » dénoncent les Amis de la terre et Survie. « Il y a un effort coordonné pour faire taire les voix critiques qui s’élèvent contre la destruction de l’environnement et les violations des droits des communautés affectées par les projets pétroliers », proteste AFIEGO dans un communiqué. Le réseau international de collectifs et associations STOP EACOP a mis en ligne une pétition demandant la libération des six salarié·e·s d’AFIEGO.
Par Jade Lindgaard