Après avoir vécu comme témoin à la récente et énième tentative de démolissage féroce perpétrée par monsieur “anonymous” envers Joël Didier Engo, je n’ai pu rester indifférent. Ceci n’est nullement un acte de rescousse envers Didier qui a toujours démontré une intégrité et un sang-froid total face à ces attaques Ad Hominen, donc, la parfaite démonstration qu’il n’a pas besoin d’être défendu puisqu’il peut le faire lui-même, mais je veux commenter sur ce que cet acharnement et cette négativité révèlent sur la condition humaine et nos frères camerounais qui produisent ce genre d’attaques. En effet, après avoir été témoin d’un nombre d’attaques contre la personne de Joël Didier depuis 1999, je voudrai dire que ce dernier est devenu un vrai prisme autour duquel ceux qui pensent l’attaquer finissent par révéler leur propre personnalité.
Je voudrais disséquer ce que ces attaques expriment en ces termes:
1. Régimes autoritaires et pratiques d’hégémonie
Ce n’est pas pour rien que monsieur “anonymous” a commencé son article par une citation de madame Calixthe Beyala présentée abusivement comme “probablement le meilleur écrivain Francophone depuis 30 ans.” Le problème ici n’est pas de divaguer sur les mérites de madame Beyala, même si cette qualification de meilleur écrivain est pour le moins douteuse, mais de rendre comme évidences que les régimes autoritaires ne fonctionnent pas seulement sur la violence et la terreur pour dominer les masses, mais sur des processus hégémoniques démontrés par des penseurs comme Hannah Arendt, Antonio Gramsci et l’École de Francfort inclus Walter Benjamin. Les régimes autoritaires, comme celui du Cameroun, ont toujours eu à recruter une élite intellectuelle et artistique pour asseoir leur autorité et «naturaliser» leur pouvoir comme ce que Jacques Ranciere appelle une naturalisation évidente. L’objet de ces processus hégémoniques est de démontrer qu’il n’y a pas d’alternative légitime au régime autoritaire. À ce sujet, tous ceux qui veulent animer des institutions et des espaces alternatifs de délibérations et de représentation politique, comme le CL2P de Joël Didier Engo, sont targués d’appartenir à une cabale “magico anal” ou d’uppity Nigger” qui fonctionne à “l’égoïsme voyous et arrogant”. Dans cette critique de “nigger,” monsieur Anonymous le Trouillard trahit sa propre mentalité servile et la politique de respectabilité coloniale qui divise les nègres entre bon nègre comme le “meilleure élève de Mitterand” ou Meka “le Vieux Nègre de Ferdinand Oyono, et le mauvais nègre qui doit accepter sa propre marginalisation comme un fait divin. La question n’est plus de ré-imaginer la société d’une façon démocratique, mais de punir tous les nègres qui refusent d’accepter leur propre marginalisation laissant en place un statu quo cruel et inamovible.
Dans cet optique, l’objet hégémonique des régimes autoritaires c’est de produire soit le ralliement, soit le cynisme, la résignation et l’apathie politique au nom que toutes les batailles politiques n’ont plus d’objet. Le problème de Joël Didier Engo, c’est qu’il a refusé de se rallier encore moins de rejoindre l’armée des cyniques et des résignés du regime Biya. Dans les deux cas, le régime de Biya gagne parce que les régimes autoritaires fonctionnent sur le ralliement ou la résignation politique. Donc, les gens qui attaquent Engo lui reprochent, avant tout de refuser ces options pathétiques comme eux-mêmes ont subi. Ils projettent sur sa personne ce qu’ils auraient pu être s’ils étaient des vrais hommes et non des trouillards qui ont suicidé leur propre vitalité politique.
Dans tout ce brouhaha, ce qu’on cherche à perdre, c’est que Joël Didier Engo est un démocrate socialiste et a prouvé a maintes reprises que son combat politique dépasse largement la personne de monsieur Biya et de Pierre Désiré Engo. Il est avant tout pour une démocratie fonctionnelle au Cameroun. Réduire ce genre de combat à des querelles de personnes n’a justement aucun sens mais c’est une tactique hégémonique du régime camerounais d’enliser toute personnes qui se place dans une logique de contribution démocratique au Cameroun dans le sable mouvant de l’horizon indépassable de querelles de personnes où les vraies questions ne sont jamais posées.
Par exemple, personne ne m’a jamais apporté une raison convaincante pourquoi monsieur Biya nomme tant de voleurs. Dans une vraie democratie, son jugement personnel aurait dejà éte mis en question. Des présidents comme Richard Nixon ont demissioné pour moins que cela. Meme Dilma Roussef du Brésil n’a pas nommé autant de voleurs. La nomination de monsieur Lula Da Silva a été bloquée par la Court de Justice au Brésil. Combien de nominations ont été deja bloqués au Cameroun?
2. Sur la classe sociale dans les régimes autoritaires
Monsieur “anonymous”, comme beaucoup d’autres avant lui, et, sans aucun doute, beaucoup, après lui, ont toujours tenu à l’idée de Joël Didier Engo comme un “fils à papa comme on en a connu au Cameroun.” L’ironie ici, c’est que monsieur Anonymous comme Karl Marx, qui était lui-même un bourgeois, ont toujours démontré cet esprit romantique envers les “masses” mais la réalité est que beaucoup de révolutions en effet, ont été exécutées par des “fils à papa” comme monsieur Anonymous semble ignorer. Avoir grandi dans une famille nantie ne veut pas dire être par nature, conformiste, antidémocratique, anti-révolutionnaire et manquer d’imagination. Vladimir Lenin, Fidel et Raúl Castro, Che Guevara, Nelson Mandela pour ne citer que ceux-là, n’étaient pas des fils de pauvres. D’ailleurs la plupart des révolutions dans le monde ont été animées par des enfants qui venaient au moins des classes moyennes. Donc vouloir objecter contre Joël Didier qu’il est un “fils à papa” n’a aucun sens en termes politiques parce que ça voudrait dire que l’appartenance à une classe sociale prélude la possibilité d’une souveraineté et d’une autonomie de jugement personnel. Il va sans dire que la classe sociale n’est pas une catégorie objective de jugement politique.
À ce sujet, je n’entrerai pas dans les soubassements psychanalytiques qui motivent ce genre d’attaque. Ce qui est sûr c’est que constamment accrocher le nom Joël Didier Engo à celui de son père c’est lui refuser d’être un homme et continuer à l’infantiliser comme “fils de”. Cette methode d’infantilisation ressemble beaucoup à ce que Jacques Fame Ndongo, ministre en charge de l’enseignement supérieur au Cameroun, avait declaré que les Camerounais sont des “créatures” de “papa Biya” donc d’éternels enfants qui doivent leur existence au grand timonier national.
3. Régime Autoritaire et Diaspora
Un élément de langage bien ficelé des régimes autoritaires est qu’il faut être sur place. À l’âge des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, l’argument demeure que si tu n’es pas sur le terrain, circuler y’a rien à voir. Les régimes autoritaires ont toujours mené la guerre aux diasporas. Au Cameroun, c’est bien connu que la double nationalité n’est même pas reconnue. La diaspora a toujours été reconnue comme un nid d’opposants, donc une catégorie biopolitique au Cameroun. Même comme le président lui-même peut-être décrit comme un membre de la diaspora Camerounaise, une fiction tenace est maintenue que la Diaspora ne connaît rien sur le «Cameroun réel». Et que dire donc du chef qui passe plus de temps à l’étranger que dans son propre fief?
À ce sujet, monsieur Anonymous écrit: Si vous demandez à voir le siege du machin crée par Joel Didier Engo . Il est dans sa poche. Si vous lui demandez qui sont ses collaborateurs vous ne verrez que sa tronche. Si vous lui demandez s’il a été au Cameroun pour mener quelque enquête sur la base des dossiers judiciaires il ne vous dira rien. Comment peut-on donc rester à Paris, grimper sur la Tour Eifel et décider que, en tant que beau gosse de Mengong près d’Ebolowa, tous les voleurs arrêtés sur décision de la Justice sont des prisonniers politiques? Donc il suffit que demain je fasse enregistrer un machin en Europe avec un nom politiquement SEXY, mais aussi vide que pompeux pour que mes opinions de gombistes soient prises pour la vérité biblique? Le drame est ailleurs. La presse financée par ces voleurs nous arrose chaque jour avec des choses du genre «tel reconnu prisonnier politique par le clpp2 » . Sans blague. Pour la presse camerounaise un machin gombotique crée à Paris par un fils du premier délinquant économique écroué de l’ère Biya est donc la référence Internationale brandie pour être lavé des crimes économiques? L’opinion d’un fils de voleurs vaut donc plus que la Justice?
4. Régimes autoritaire, Tribalisme, paranoïa et théorie du complot
Cette notion de “groupuscule sectaire” plus dangereux qu’Isis,” est un autre processus en intention. Pour les tribalistes, l’idée qu’on ne soit pas tribaliste est impossible, parce que pour un régime qui fonctionne et manipule le tribalisme, ne pas être tribaliste est inconcevable. Dans un régime qui manque criardement de transparence, les théories de complot et de paranoïa combinées à la rumeur font source d’information. À ce sujet, laissons Joël Didier Engo s’exprimer lui-même:
«Sur ma filiation, bien peu de ressortissants du Cameroun, de parents anciennement haut fonctionnaires et membre du sérail camerounais, pourraient témoigner de la distance et de l’autonomie que j’ai depuis mon adolescence sues établir entre les activités, les convictions, et la proximité de mon père Pierre Désiré Engo (ancien ministre de l’économie et du plan sous Ahmadou Ahidjo, puis DG pendant 17 années de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale) avec le régime de Yaoundé. Là aussi je laisse mon calomniateur face à ses turpitudes existentielles, et me contente de restituer cet autre droit de réponse envoyé au Cameroun, alors que j’étais en poste à la Business School de l’Université du Queensland en Australie La technique du régime de Yaoundé est évidemment bien connue.
Lorsqu’il n’a rien à vous reprocher ni sur votre parcours, ni sur vos références académiques, ni sur votre probité morale…il sème la discorde dans votre cercle familial, pensant y déceler une faille, cette source de déstabilisation et de rejet tribal qui ferait définitivement de vous un renégat de votre tribu, de votre famille, de votre village, de votre région, de votre pays d’origine.
Non messieurs je vous mets au défi de faire le quart des actions que j’ai dû mener pendant 14 interminables années avec Fabienne Debarge pour arracher mon père Pierre Désiré Engo du bagne de Kodengui (http://enjodi.blog.lemonde.
Pour le reste le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) – que je préside – est une organisation légale, une association de droit français, financée par nos maigres économies, les dons privés, et l’aide parlementaire octroyée par la député de notre circonscription. Ce sont là des données officielles aisément consultables par tout investigateur autorisé et qui figurent dans notre déclaration fiscale»
Olivier Tchouaffe, PhD*
* Olivier Jean Tchouaffé is a visiting Assistant Professor at Southwestern University in Georgetown, TX. He teaches classes on Communication and Film Studies. He currently works on a book on Cameroonian cinema and grassroots democratic activism. He is the author of many book chapters, and his other works have appeared in the Journal of Applied Semiotics, POV Online, Journal of Contemporary Thought, The Journal of African Cinemas, PostAmble Journal and The International Encyclopedia of Communication. Most recent publications include ‘Colonial visual archives and the anti-documentary perspective’ in Journal of Information Ethics.