Tribune: Faire de 2018 une année utile pour le Cameroun.
Chers compatriotes,
L’année 2018 débute, où vous aurez à faire un choix capital pour l’avenir de notre pays. En effet, lors des élections présidentielles, législatives et municipales, vous serez le pilote qui peut, soit laisser aller le navire à sa dérive actuelle, soit au contraire l’en sortir pour le diriger sur le bon cap.
Certains considèrent ces échéances comme un mal nécessaire, voire une menace. Je vous invite au contraire à y voir une chance. La chance de faire de 2018 une année utile pour le Cameroun. Une année utile, enfin, après des décennies d’immobilisme et de renoncements. Il ne s’agira pas de régler ses comptes avec le pouvoir en place, ou au contraire, d’écarter systématiquement toute alternance démocratique. Ce serait une nouvelle occasion manquée pour notre pays.
Certains veulent m’écarter du débat politique. Depuis six ans, malgré les obstacles, les menaces et les épreuves de la vie, j’ai réfléchi constamment, jour après jour, à l’avenir du Cameroun. Par mes lettres ouvertes et mes tribunes, j’ai partagé avec vous, chers compatriotes, mes analyses, et je vous ai soumis des propositions concrètes sur les problèmes du moment ou de l’avenir.
À l’approche des échéances électorales de 2018, que diriez-vous si je me taisais? Vous penseriez que je manque de courage, que je privilégie peut-être ma libération au prix de mon silence, dans un marchandage secret avec le pouvoir. Au regard de l’expérience que j’ai acquise au service de notre pays, et de ce que je lui dois, j’estime de mon devoir d’apporter ma contribution à vos réflexions afin que vous puissiez faire en 2018, le choix utile pour le Cameroun. C’est ce que j’entends faire dans cette tribune, qui s’adresse à vous avec modération, hors des polémiques, des clivages partisans et des querelles de personnes.
Comment faire de 2018 une année utile pour le Cameroun?
Au moment de tirer le bilan du septennat qui s’achève, il nous faut regarder la réalité de notre pays en face. Cette réalité nous dit quatre vérités: il nous faut reconstruire notre unité nationale ; il nous faut réformer nos institutions pour que le Cameroun puisse être gouverné efficacement; il nous faut changer de modèle économique pour créer des emplois et lutter contre la pauvreté; enfin, il nous faut rétablir le leadership international du Cameroun.
Ce sont ces quatre vérités que je souhaite explorer avec vous.
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La première est qu’il nous faut reconstruire notre unité nationale.
Ce n’est pas un appel incantatoire à l’unité que je lance ici, encore moins une invitation à vous ranger, tous comme un seul homme, derrière quiconque; je laisse cela à d’autres. Ce que je veux, c’est rappeler, particulièrement aux plus jeunes, pourquoi l’unité est littéralement vitale pour le Cameroun, et comment, alors qu’elle est menacée, nous pouvons ensemble la consolider.
Pourquoi notre unité est-elle vitale? Parce que c’est la seule réponse que les Camerounais peuvent apporter à la pluralité singulière de leur pays. Pluralité qui se reflète tant au plan physique que sociolinguistique et historique. Seul le Cameroun, sur notre continent, incarne à la fois l’Afrique des plaines et des plateaux, l’Afrique des forêts et des savanes, l’Afrique des chrétiens et des musulmans, l’Afrique anglophone et francophone.
Être camerounais, c’est vouloir vivre libre, c’est-à-dire à l’abri de l’injustice, d’où qu’elle vienne, dans une nation riche de ses sociétés plurielles, et qui protège ses milieux naturels et ses paysages. À ceux qui voient dans cette diversité les germes d’une fragilité, répondons, comme nos aînés, que notre pluralité, nos différences, qu’elles soient ethniques, religieuses ou linguistiques, ne constituent nullement un terreau propice aux crises, mais, plutôt, des pierres d’angle pour construire notre Nation.
Aujourd’hui, notre unité nationale est menacée. Certains de nos compatriotes sont tentés par un repli identitaire ou communautaire. Cette tentation se nourrit essentiellement d’un sentiment: le sentiment d’injustice. La crise anglophone, qui persiste et s’aggrave, en est l’illustration dramatique.
Malgré l’état d’urgence, malgré les mesures prises par le Chef de l’État pour répondre aux revendications de nos compatriotes anglophones, les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest vivent dans une situation de quasi rébellion. Les morts s’accumulent parmi les populations civiles, et parmi les représentants de nos forces de l’ordre. Je veux dire ici ma profonde sympathie aux familles endeuillées. La Nation devra se souvenir de ces fils et de ces filles perdues dans ce conflit fratricide. Elle devra se souvenir de ces enfants morts pour le Cameroun, ou pour l’idée qu’ils s’en faisaient.
Aujourd’hui, sans oublier les souffrances d’hier ni celles du moment, nous devons rechercher le chemin vers la paix, et 1 ‘unité. Quand bien même nos valeureuses forces armées parviendraient à restaurer le calme, pensez-vous que nous pourrions continuer comme avant? Le bon sens nous dit que si la même politique était appliquée, elle ne ferait que creuser des cicatrices profondes, qui, mélangées à un passé mal vécu, à des considérations économiques à court terme et une vision d’un futur idéalisé, ne ferait qu’accroître le nombre des séparatistes.
Alors, que faire? Mes chers compatriotes, c’est à vous, par votre vote, qu’il appartiendra, cette année, de décider. Les candidats qui se présenteront à vos suffrages devront vous dire clairement leurs propositions sur la question anglophone. La gravité de la crise que traverse notre pays appelle autre chose que les déplorations véhémentes des uns et les vagues promesses des autres.
Pour ma part, je voudrais partager avec vous trois convictions sur la question anglophone:
La première est que le particularisme anglophone est une réalité vivante et durable, que le Cameroun doit reconnaître dans sa loi organique. En effet, tous nos compatriotes originaires des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest aspirent, chacun au fond de son cœur, à une certaine reconnaissance de ce particularisme, qui ne s’appuie ni sur des affinités ethno-religieuses, ni sur un découpage administratif arbitraire, mais sur une culture forgée par une histoire et une langue qui les distinguent. Reconnaître par la loi ce particularisme, ce n’est pas affaiblir notre pacte social. Au contraire, comme le sable qu’on ajoute au ciment permet d’obtenir un mortier plus dur, c’est l’enrichir et le solidifier.
Ma deuxième conviction, c’est que pour reconnaître ce particularisme dans notre loi, ni le fédéralisme, ni la décentralisation ne seraient efficaces. L’un serait un retour paresseux en arrière, l’autre, la décentralisation, est un dispositif d’efficacité administrative qui s’applique uniformément à toutes les régions. Une autre voie mérite d’être étudiée, c’est celle d’une dévolution de certains pouvoirs de l’État à un Parlement et un exécutif représentatifs de ces deux régions. Les pouvoirs ainsi transférés à ces instances s’appliqueraient dans un premier temps aux domaines de l’éducation et de la formation, de la santé et des services sociaux, de la justice. Par la suite, ces pouvoirs pourraient être élargis à d’autres compétences.
Ma troisième conviction est que, nous devons enrayer le décrochage économique dont souffre la zone anglophone vis-à-vis de la zone francophone. Ce décrochage est réel. Et les causes en sont bien connues: rapportées au nombre d’habitants, les sommes allouées par l’État aux régions anglophones sont deux fois moindres que dans les régions francophones. Ce décalage, qui nourrit le sentiment d’injustice, doit être corrigé par un rééquilibrage, dans la loi de finances, des sommes allouées aux différentes régions du pays, en prenant en compte leur poids démographique.
Mes chers compatriotes,
Comme vous pouvez le constater, la justice, la confiance, et la responsabilité sont les valeurs centrales sur lesquelles s’appuie ma réponse à la question anglophone. Ce sont les valeurs sur lesquelles nous pourrons reconstruire notre unité.
Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas étendre la dévolution à d’autres régions qui subissent elles aussi les effets néfastes de notre centralisme? L’unité ne signifie pas l’uniformité, mais la cohérence et la cohésion. La culture politique des régions francophones reflète le mode de gouvernance centralisé hérité de la période coloniale. La décentralisation visait à en atténuer les effets négatifs, mais ce processus est aujourd’hui en panne, comme le chef de l’état l’a reconnu dans son récent discours à la Nation. Il est urgent de le relancer. Pour cela, je vous proposerai, dans les semaines à venir, un nouveau mécanisme de relance de la décentralisation, qui s’appuiera lui aussi sur les valeurs de justice, de confiance, et de responsabilité.
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J’en viens maintenant au deuxième grand axe de mes préconisations pour le pays : il faut que le Cameroun puisse être gouverné.
Le gouvernement actuel semble frappé d’immobilisme. Comme moi, vous constatez chaque jour que les paroles du chef de l’État se transforment rarement en actes. Comme moi, vous voudriez lui demander:
– Qu’est devenu le programme de réhabilitation et de construction des forages d’eau potable pour l’Extrême-Nord, que vous aviez promis en octobre 2011, à Maroua, lors de la campagne présidentielle? Les populations locales l’attendent toujours!
– Où sont les tracteurs et les voitures dont vous annonciez l’assemblage au Cameroun?
– Pourquoi le port en eau profonde de Kribi, qui devait être livré, entièrement équipé et opérationnel en juin 2014, n’a-t-il toujours pas démarré ses activités?
– Pourquoi les travaux sur l’autoroute Douala-Yaoundé, que nous attendons depuis 20 ans, sont-ils interrompus?
– Pourquoi seuls 20 km ont été réalisés, après quatre années de travaux?
– Pourquoi le Conseil Constitutionnel prévu par la Constitution de 1996 n’a-t-il pas été créé, alors que devant la Nation, le 31 décembre 2012, vous vous engagiez à le faire après les élections sénatoriales de 2013?
– Pourquoi tous ces retards, pourquoi toutes ces infrastructures sur ou sous dimensionnées, pourquoi ces grandes réalisations déjà obsolètes avant leur mise en service?
Vos questions seraient d’autant plus légitimes que le Chef de l’Etat lui-même, année après année, lors de ses vœux à la Nation, déplore cet immobilisme.
Peut-on continuer ainsi? Assurément, non. Certains parmi vous pensent qu’il suffirait de changer de président pour que tout aille mieux. Pour d’autres, c’est l’entourage de celui-ci qui est en cause. D’autres encore attendent le sempiternel remaniement supposé pour relancer la machine. Hélas, trois fois hélas, toutes ces solutions sont vaines.
En effet, ce ne sont pas seulement le capitaine et l’équipage qui sont en cause, mais le moteur lui-même, c’est à dire notre agencement institutionnel. Il a été conçu, il y a 60 ans, pour un pays de moins de 3 millions d’habitants, faiblement alphabétisé, dans le monde fermé de la guerre froide.
Pour répondre aux impératifs de dynamisme, de flexibilité et de compétitivité du monde dans lequel nous vivons, le Cameroun doit avoir un exécutif efficace. Pour cela, nous devons réformer notre constitution. Cette réforme, je propose de l’articuler sur deux principes: la responsabilité et l’alternance.
Le premier principe est de bon sens. Il ne doit pas exister de pouvoir sans responsabilité. Ceux qui gouvernent doivent être comptables de leurs actes devant vous. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui au Cameroun. L’immobilisme qui paralyse le pays, qui en est responsable? Le Président, le gouvernement, le parlement ou l’administration? Nul ne sait, nul n’est jamais sanctionné. Pour dégager sa responsabilité vis-à-vis de l’opinion, l’exécutif se décharge sur les juges, et leur jette en pâture des responsables, souvent choisis sur des critères strictement politiques. Or, la situation du Cameroun, 10 ans après le début de l’opération Épervier, prouve qu’une réponse judiciaire aux problèmes essentiellement politiques de la gouvernance est inefficace.
Le deuxième principe, celui de l’alternance, relève lui aussi du bon sens. Nos sociétés modernes changent et se complexifient à une telle vitesse que nul ne peut plus prétendre pouvoir diriger son pays, pour le bien de tous, durant des décennies. Songez qu’il y a deux septennats de cela, nous étions 6 millions de camerounais en moins, et songez qu’Internet en était chez nous à ses balbutiements! L’alternance, qui renouvelle les idées et les hommes, est en outre le meilleur moyen de lutter contre la clanisation, dont vous connaissez les ressorts: on s’entoure de proches, qui eux-mêmes se reposent sur des proches. Lorsqu’au sommet de l’Etat l’absence d’alternance atteint le point culminant du clan, la bonne gouvernance devient impossible. Le clanisme est la porte ouverte à toutes les combinaisons, à tous les arrangements, au détriment d’une bonne gestion des biens publics, au détriment du peuple, à votre détriment.
C’est à vous, chers compatriotes, d’apprécier si oui ou non ce point culminant de la clanisation du pouvoir a été atteint dans notre pays. La question que vous devez vous poser en 2018, et poser aussi à tous les candidats est celle-ci: peut-on espérer moraliser la vie publique et lutter contre la corruption sans mettre au cœur de notre constitution ces deux principes de responsabilité et d’alternance? À mon avis, non. Il est urgent de renoncer à ce régime semi- présidentiel, dans lequel la responsabilité de diriger le gouvernement se dissout, se dilue entre le président et le Premier ministre. La constitution dont le Cameroun a besoin doit placer au sommet de l’État un président responsable, qui dirige lui-même ses ministres. Cela, sans Premier ministre. Un président qui gouverne et non un président qui règne. Au plan législatif, un parlement plus resserré, plus représentatif de notre réalité démographique – et qui contrôle effectivement l’action gouvernementale.
Par ailleurs, cette nouvelle constitution devra garantir une alternance démocratique réelle – et non plus virtuelle! À cet égard, je propose de limiter la durée du mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une fois, pour une durée de 5 ans.
Cette réforme institutionnelle est indispensable à l’instauration d’un système judiciaire probe, indépendant. Elle mettra fin aux pratiques judiciaires actuelles qui participent de manière significative à la perte de légitimité de l’Etat, et qui font obstacles aux réformes économiques dont notre pays a besoin.
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En effet, créer des emplois, lutter contre la pauvreté nécessite, et c’est le troisième point sur lequel je veux insister aujourd’hui, de changer notre modèle économique.
Regardons la réalité en face: notre modèle économie fabrique des chômeurs parce que nous manquons de compétitivité et que nous nous endettons pour financer des projets sans utilité économique.
La pauvreté ne cesse d’augmenter, et touche, selon la Banque Mondiale, plus de 8 millions de camerounais. Le taux de chômage chez les jeunes dépasse les 50%, Enfin, notre dette s’envole. Le FMI vient de la classer en risque élevé, ce qui signifie qu’elle a financé des investissements improductifs. Je suis le seul responsable politique à avoir déploré publiquement, les 800 milliards CFA engloutis pour organiser la CAN. Ils rentrent dans cette catégorie d’investissements stériles, au même titre que toutes ces grandes réalisations déjà obsolètes avant même d’être opérationnelles.
N’est-il pas temps de changer de cap?
Notre économie ne·se redressera pas d’un coup de baguette magique. Être pour ou contre Biya ne suffit pas à constituer un programme.
La nouvelle économie mondiale est globale, compétitive, ultra- technologique, et soucieuse d’environnement.
Chers Compatriotes, adapter notre économie à cette nouvelle donne, ce que je propose, requerra un effort important. Il est prioritaire d’investir dans trois domaines en particulier: les infrastructures, l’innovation et l’éducation.
Nous avons besoin de routes et de chemins de fer plus rapides et plus fiables pour transporter les hommes et les marchandises, nous avons besoin d’un réseau Internet haut débit pour transporter les informations; nous avons besoin d’une recherche scientifique ambitieuse pour profiter des immenses opportunités économiques offertes par les nouvelles technologies; nous avons besoin de mieux former nos jeunes, et pour cela de mieux former nos professeurs, afin que les travailleurs camerounais soient capables d’occuper les emplois de demain.
Si nous faisons cet effort, le Cameroun deviendra compétitif’: nous irons reprendre nos emplois dans ces pays qui nous vendent des biens manufacturés ou des produits alimentaires que nous pourrions fabriquer ou produire nous-mêmes.
Je pense à ces fameux ordinateurs, importés à prix d’or et offerts aux étudiants de la part du Président. D’autres pays comme la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie ont choisi de les fabriquer eux-mêmes pour créer des emplois chez eux. Pourquoi pas nous?
Je pense aux 700 000 tonnes de riz que nous importons chaque année, et que nous pouvons produire.
Si le Cameroun devient compétitif: nous irons reprendre nos emplois dans les pays qui exportent chez nos voisins ce que le Cameroun pourrait leur vendre.
Le Nigéria est un débouché naturel pour certains de nos produits alimentaires ou d’élevage. Aidons nos entrepreneurs à y prendre pied, comme notre puissant voisin aide ses grands groupes nationaux à se déployer chez nous.
À l’Est, les conflits en RCA et au Sud-Soudan ne doivent pas nous masquer le fait que ces pays sont potentiellement riches, et seront à reconstruire. Ils sont situés, comme le Cameroun, sur l’axe Asie – Afrique – Amérique, le long duquel se reconfigure le commerce mondial. Ce seront des clients pour nos services notamment bancaires, portuaires, logistiques, médicaux, mais aussi de télécommunications ou de travaux publics.
Si, le Cameroun devient compétitif, nous irons reprendre nos emplois dans les pays vers lesquels les investisseurs se tournent, car ils les jugent plus attractifs que le Cameroun.
Notre pays se classe parmi les derniers rangs par rapport à la facilité d’y entreprendre des affaires. La corruption, l’insécurité juridique, et le manque d’infrastructures le pénalisent. Si nous faisons les réformes institutionnelles que je vous ai soumises, nous regagneront rapidement un meilleur classement, car elles se traduiront par un assainissement du système judiciaire.
Quand aux infrastructures, ceux qui ont pris la décision de priver d’internet près de 5 millions de nos compatriotes, pendant trois mois, n’ont pas compris le monde dans lequel nous vivons. Les technologies de l’information et de la communication créent de la valeur ajoutée, c’est-à-dire du travail et de la richesse. Nous devons rapidement accroître la qualité de nos réseaux téléphoniques et la vitesse de connexion Internet, cela en abaissant sensiblement les prix de ces services.
La compétition pour le travail se joue à l’échelle mondiale. Mettre la science au cœur de notre système d’éducation pour nous lancer à la conquête de ce monde nouveau, c’est un défi à notre portée. Il ne tient qu’à nous de le relever. À cet égard, apprenons à regarder nos enseignants comme des bâtisseurs de la Nation, et donnons leur la même considération que nos soldats qui en sont les défenseurs.
Mais, notre développement économique ne doit pas se faire au détriment de notre environnement. Aujourd’hui, nos forêts sont pillées. Nos mines sont souvent confiées à des entreprises au mieux inexpérimentées, au pire criminelles, ou laissées entre les mains d’exploitants clandestins qui polluent les cours d’eau au détriment de la santé des populations.
Sur le littoral, la mangrove disparait. L’extrême-Nord se désertifie à vue d’œil. La sécheresse y tue en silence, et contraint des villages entiers à la migration vers d’autres régions du pays.
Le Cameroun doit assumer sa responsabilité écologique: Je propose la création urgente d’un organisme parapublic qui, dans tout projet économique touchant nos ressources minières, forestières ou fauniques, veillera à la prise en compte de l’accompagnement social des communautés, de la durabilité environnementale et de l’ aménagement territorial.
(IV), C’est au prix de tous ces efforts que notre pays pourra retrouver son leadership international.
Le Cameroun est devenu un pays faible: assisté sur le plan économique, assisté sur le plan militaire, et sans influence sur la plupart des grands leaders internationaux, qui, pour certains, jugent nos représentants infréquentables.
Qu’il s’agisse du nombre et de la qualité des personnalités d’envergure qui visitent notre pays, ou avec lesquels notre chef de l’État dialogue; qu’il s’agisse de la participation de notre pays aux réflexions internationales sur les grands sujets mondiaux, africains ou même régionaux; ou encore du poids de notre pays dans les règlements des conflits qui se multiplement à nos frontières, à tous les égards, l’influence du Cameroun au plan international s’affaiblit chaque jour un peu plus.
Il est urgent de rétablir notre rang. Pour être considéré et respecté, le Cameroun doit démontrer qu’il est assez fort pour se réformer démocratiquement. Sa sécurité et son indépendance doivent être garantie par une armée forte. Elle n’est pas au service du président, du gouvernement, ou du parlement, mais exclusivement au service de la Nation. Réaffirmons notre soutien à nos soldats qui se battent pour notre Nation, et soutenons leurs familles.
Au moment de faire votre choix en 2018, pensez au leadership du Cameroun comme si c’était celui de votre famille, et demandez-vous quel programme, quel candidat sera le mieux en mesure de le restaurer.
Mes chers compatriotes, je vous ai parlé d’un choix utile pour le Cameroun. Je l’ai fait avec gravité et vérité. Je vais vous dire pourquoi. Au fond de moi, j’ai la certitude que nous formons un grand peuple, capable des plus grands accomplissements lorsqu’il se mobilise, mais qui peut, s’il se divise sombrer dans le chaos. C’est pourquoi, je suis certain qu’au moment de choisir, vous saurez surmonter vos préjugés, vos découragements, vos rancunes, pour faire de 2018 une année utile pour le Cameroun.
Avant de conclure, permettez-moi de dire quelques mots à nos compatriotes anglophones:
My fellow citizens,
The entire Nation has heard the voices which, since October 2016, have risen from the anglophone regions. She has recognised the echoes of the suffering endured by many Cameroonians across the country. In those voices she has also recognised the voices of our elders who fought, risking their lives, against the injustice of the colonial system to gain our independence and to build a nation where every person, regardless of language, creed or tribe will get a fair shake in life.
Being Cameronian should not be considered a historical fatality but should instead mean pursuing this ambition of a fair society. Each of us has the responsibility to keep our elders’ ambition alive during the upcoming 2018 elections.
The candidates and political parties presenting themselves must tell us what they intent to do to get our country out of its stagnation. What is their response to the anglophone question?
I can clearly see that the path you have led us to is one of justice and change, much needed by Cameroon. So it is time to act and to make 2018 a useful year for our country.
These elections should not just give our people a government that is more benevolent. They should give them a govemment that is more competent and efficient.
The world has changed since the eighties! We live, study and do business in a digital era. Internet is not a jukebox or a Playstation you can tum off whenever you consider it too noisy! In this hypercompetitive time, Cameroon cannot win the future with a government of the past.
In that vein, to address the anglophone question, I am proposing a reorganisation of our institutions, which provides, in particular, the devolution of power to a representative parliament and executive of the Northwest and Southwest regions.
My fellow citizens, this is not a time to give up on our Nation/ it is a time to build Cameroon.
It is our spirit that will keep our Nation alive for generations to come.
Happy New Year Everyone.