Avec 488 journalistes détenus dans le monde, «jamais RSF n’avait enregistré un nombre aussi élevé de journalistes emprisonnés», déplore l’ONG dans son bilan annuel, relevant toutefois que le nombre de tués (46) en 2021 a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans. «Jamais non plus RSF n’avait recensé autant de femmes journalistes détenues», au total 60, soit un tiers de plus qu’en 2020.
Un tel nombre de détenus marque une première depuis la création du bilan annuel de Reporters sans frontières en 1995, souligne l’ONG.
Selon le décompte du Comité de protection des journalistes (CPJ) basé à New York, publié jeudi dernier, 293 journalistes ont été emprisonnés en 2021.
Cette hausse exceptionnelle, de l’ordre de 20 % en un an (du 1er janvier au 1er décembre 2021), «est principalement le fait de trois pays» : la Birmanie, le Bélarus et la Chine, dont la loi de sécurité nationale imposée en 2020 à Hong Kong a provoqué une augmentation en flèche des détentions de journalistes dans ce territoire, pointe RSF.
Mais aussi dans la région du Xinjiang, «où un million de Ouïghours sont en détention dans des camps et le sont notamment parce que c’est devenu une sorte de trou noir de l’information», dénonce auprès de l’AFP Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, précisant que 70 journalistes ouïghours étaient emprisonnés.
Les cinq pays où le plus grand nombre de journalistes étaient détenus au 1er décembre sont la Chine (127), la Birmanie (53), le Vietnam (43), le Bélarus (32) et l’Arabie Saoudite (31).
Si les hommes représentent toujours l’essentiel des journalistes emprisonnés dans le monde (87,7 %), le Bélarus est le pays qui a mis sous les verrous plus de femmes journalistes (17) que de confrères masculins (15).
Le régime du président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui mène sans relâche une répression visant tout opposant, avait provoqué un tollé international fin mai avec l’arrestation du journaliste d’opposition en exil, Roman Protassevitch, en déroutant un avion de ligne à bord duquel il se trouvait.
RSF affiche en revanche une tendance positive : le nombre de journalistes et de professionnels des médias tués a atteint son niveau le plus bas en 20 ans. «Cette tendance à la baisse, qui s’est accentuée depuis 2016, s’explique notamment par l’évolution des conflits régionaux (Syrie, Irak et Yémen) et la stabilisation des fronts après les années 2012 et 2016, particulièrement meurtrières», analyse l’organisme.
Mexique et Afghanistan demeurent encore cette année les deux pays les plus dangereux pour les journalistes, avec respectivement 7 et 6 tués, suivis du Yémen et de l’Inde en troisième place, avec 4 journalistes tués chacun. La proportion de femmes journalistes a elle aussi augmenté, avec 4 tuées en 2021 contre 2 l’an passé. Parmi celles-ci, trois collaboratrices de médias afghans dans deux attaques revendiquées par le groupe État islamique (EI) et une journaliste yéménite, morte dans l’explosion de sa voiture piégée.
RSF comptabilise également au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias retenus en otage dans le monde, soit deux de plus que l’an passé.
«Tous sont otages dans trois pays du Moyen-Orient : Syrie (44 journalistes), Irak (11) et Yémen (9)», sauf le journaliste français Olivier Dubois, retenu depuis avril au Mali, détaille RSF.
par AFP et LIBERATION