France-Cameroun, Alliance contre-Nature: Points du C2LP sur le rapport d’Amnesty International sur la torture au Cameroun du 20 juillet 2017
Les forces de sécurité du Cameroun ont été accusées de torturer des centaines de personnes dans des chambres secrètes. Ces comportements scandaleux qui ont été documentés dans plus de 100 cas de détention et plus de 20 sites par Amnesty International constituent des crimes de guerre. Et le C2LP note que le gouvernement camerounais et “L’Ambassade de France n’ont pas encore répondu” aux allégations des victimes torturées. Devrions-nous être surpris? NON.
Paris est en effet le principal bailleur de cette armée Camerounaise formatée à la répression et à la torture. La France doit d’autant plus s’inquiéter que la gendarmerie nationale de ce pays coopère avec des experts et d’autres conseillers français qui travaillent parfois – comme ceux qui sont affectés au Secrétaire d’État à la Défense à Yaoundé (le SED de sinistre réputation) – à quelques mètres des cellules où croupissent les prisonniers politiques dits de «droit commun» de la dictature de Paul Biya. Nous devons définitivement mettre un terme à cette «coopération » inhumaine pour les raisons suivantes:
– Tout d’abord, ces types de crimes de guerre n’intimident pas les terroristes, mais renforcent leur syndrome de persécution et leur propagande qui servent à recruter encore plus de recrues (souvent jeunes) et à déstabiliser davantage la région, en créant des hordes de personnes déplacées et de réfugiés. Ce qui crée des conditions de famine et répand des épidémies de maladies tel que le choléra.
– Deuxièmement, le coût moral et de réputation de ces alliances contre nature et les questions de valeurs démocratiques. Le président Emmanuel Macron qui a fortement fait campagne sur les questions de valeurs court le risque d’être targué d’hypocrisie dans sa relation avec des régimes autoritaires comme celui qui règne au Cameroun depuis 35 ans. En effet, il sera plus difficile pour le président Macron de critiquer et de donner des leçons à Paul Biya sur la violation des droits de l’Homme et la répression de la démocratie lorsque sa propre armée est «partenaire du crime» avec le régime de Yaoundé.
– Troisièmement, ces crimes de guerre scandaleux ne font rien pour gagner les cœurs et les esprits des personnes et des organisations non gouvernementales, puis des militants des droits civils tels que le C2LP travaillant sans relâche pour une Afrique démocratique et pour une renaissance africaine. Car cette inadéquation entre les valeurs démocratiques et les crimes de guerre ne font qu’amplifier l’impression générale de cynisme, de désespoir et la déception à l’égard de cette relation contre nature entre la France et le Cameroun.
Personne ne “fait la morale” à Personne.
Les ONG comme Amnesty International et modestement la nôtre sont là pour veiller sur le respect de l’intégrité physique et morale des personnes, de toutes les personnes, y compris celles qui se sont rendues coupables d’actes terroristes ou sont simplement présumés. Une Brigade militaire ne peut de manière confuse et arbitraire désigner des personnes dites coupables d’actes de terrorisme, en fonction de leur appartenance tribale, leur religion, de leur pays d’origine …puis leur infliger des sévices corporels, des tortures, et parfois les tuer dans des casernes en toute impunité, avec la bénédiction des autorités qui ont concocté une loi liberticide en ce sens en 2014 qui fait de chacun de nous tous des “potentiels terroristes”, pour peu que nous soyons en désaccord avec le pouvoir en place au Cameroun.
Autrement ledit État n’est pas mieux que l’organisation terroriste qu’il prétend combattre, puisqu’il répond délibérément au terrorisme clandestin par du terrorisme officiel voire légal. Ce qui est inacceptable dans un concert des nations dites civilisées. L’armée combat les terroristes sur les terrains d’opérations, neutralise et interpelle ceux qui ont attenté aux vies innocentes, les transfère à la Justice, qui les juge en fonction des preuves accablantes qui pèsent contre eux, puis les condamne en conformité avec les lois en vigueur. C’est aussi clair de cela.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version:France and Cameroon’s Unholy Alliance: On Amnesty International’s report on torture in Cameroon, July 20, 2017
Cameroon security forces have been accused of torturing hundreds of people in secret chambers. These outrageous behaviors which were documented in more than 100 cases of detention and more than 20 sites by Amnesty International constitute war crimes. And the C2LP notes that both the Cameroonian government and “The French Embassy has not yet responded” to the allegations of the tortured victims. Should we be surprised? NO.
Paris is indeed the main donor of this Cameroonian army trained in repression and torture.
France must be concerned that its supports the national gendarmerie of this country with experts and other advisers who sometimes work – such as those assigned to the Secretary of State for Defense – a few meters from the cells where they languish Political prisoners of the dictatorship of Paul Biya. We must definitely put an end to this inhuman “cooperation” for these reasons:
First, these kinds of war crimes do not intimidate terrorists but reinforce their persecution syndrome and propaganda which are used to get more recruits and further destabilize the region creating hordes of displaced people and refugees, in the process creating famine conditions and outbreaks of diseases such as cholera.
Second, The moral and reputational cost to these alliances and the questions of Values. President Emmanuel Macron who has heavily campaigned on the questions of values runs the risk to be called a hypocrite in dealing with authoritarian regimes such as Cameroon. Indeed, it will be harder for president Macron to criticize and lecture Paul Biya on human rights violation and suppression of democracy when his own army is a partner in crime with the regime of Yaoundé.
Third, these outrageous war crimes do nothing to win the hearts and minds of people and non-governmental organization and Civil rights activists such as the C2LP working tirelessly and vouching for a democratic Africa and an African renaissance. This mismatch between democratic values and war crime action only contribute to the widening sentiment of cynicism, and despair and the self-delusion of both French and Cameroonian regime.
Let us Avoid Amalgams
NGOs like Amnesty International and modestly ours are there to ensure respect for the physical and moral integrity of individuals, all persons, including those who have committed or are alleged to have committed terrorist acts. A military brigade, pressured by confusion, cannot unilaterally and arbitrarily target individuals on the basis of their tribal affiliation, religion, country of origin … and then uses extra judicial practices to inflict bodily harm, torture, and sometimes kill them in barracks with impunity and the blessing of the authorities who concocted a liberticidal law in this sense in 2014 which makes each of us all “potential terrorists”, if we disagree with the power in Cameroon.
Otherwise, the state is no better than the terrorist organization it claims to fight, since it deliberately responds to terrorist activities with terrorist practices of their own. There is no place for state sanctioned terror in the concert of so-called civilized nations. Terror must be fought fair and square in the battlefield, and killers of innocent people must be brought to justice and tried on the basis of the overwhelming evidences against them, and with the full force of Law.
The Commitee for the Release of Political Prisoners (CL2P)