Quelque soit le pays, l’animal politique n’agit et ne réagit pas comme le commun des individus… Il essaye jusqu’au bout de “forcer le destin” et c’est souvent le rapport des forces qui fait le reste:
– ici internes à la gauche française avec le passage de Jean-Luc Mélenchon devant François Hollande dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle, recueillis par les instituts de sondage, plus la candidature en solitaire prêtée à Arnaud Montebourg…;
– là-bas externes au Cameroun, faites parfois de la pression populaire et de la société civile, d’insurrections, voire des coups de force…
Ce sont dont essentiellement ces rapports des forces qui peuvent amener ou ramener un responsable politique de premier plan à la raison démocratique, quand sa culture politique est évidemment celle-là.
Le drame au Cameroun est presque générationnel avec des hommes politiques qui ont une culture de parti unique et de chef coutumier inamovible, et ne sont naturellement pas disposés à jouer collectivement le jeu de la transition interne, puis de l’alternance à l’échelle nationale, malgré les discours de façade.
Ils sont de fait devenus les meilleurs alliés du despote octogénaire Paul BIYA en place depuis 34 ans, à qui ils offrent la respectabilité internationale (comme chefs de partis d’opposition satellisés au parti-État unique RDPC), et surtout la possibilité par leur éparpillement consentant des candidatures dans une présidentielle à un seul tour, de justifier des tripatouillages constitutionnels et des hold-up électoraux programmés d’avance.
En France le Président François Hollande dans l’état de désaffection qui semble être le sien avec sa base électorale (à tort ou à raison), ne pouvait pas (en vrai démocrate) se permettre un passage de sa candidature présidentielle en force, même si l’esprit des institutions de la cinquième république l’y autorise.
Il a besoin – lui plus que les autres , en raison notamment de l’esprit contestataire du Parti Socialiste et de la gauche française en général – d’une ré-légitimation de sa candidature, qui passe inévitablement par cette primaire interne où il va devoir expliquer certains de ses choix les plus controversés, mais également pourquoi des engagements de campagne n’ont pas pu être tenus.
Attention… Il est redoutable dans cet exercice.
Joël Didier Engo
Président du CL2P