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Manifestation contre les violences policières : Castaner promet « une sanction » pour « chaque faute » ou mot raciste dans la police
Lors de la manifestation organisée à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, mardi 2 juin. MICHEL EULER / AP
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a appelé, mercredi 3 juin, à « l’apaisement » au lendemain d’un rassemblement organisé à Paris à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré. Cette manifestation avait été interdite à la dernière minute par la Préfecture de police de Paris, qui l’a signalée mercredi à la justice – il revient désormais au procureur d’apprécier les suites à donner à ce signalement.
Interrogé sur les violences policières lors des questions au gouvernement au Sénat, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a lui appelé à ce que « chaque faute » commise par un membre des forces de l’ordre, « chaque accès, chaque mot, y compris des expressions racistes, fasse l’objet d’une enquête (…), d’une sanction ».
La mort d’Adama Traoré, à la suite de son interpellation en 2016, a été « un drame » qui suscite « une émotion légitime encore très présente dans notre pays », a déclaré Mme Ndiaye à l’issue du conseil des ministres, où le sujet n’a, selon elle, pas été évoqué.
La manifestation de mardi soir, qui a réuni quelque 20 000 participants venus soutenir la famille d’Adama Traoré, « n’avait pas été interdite pour son objet, mais pour des raisons sanitaires » liées à l’épidémie de Covid-19, a souligné la porte-parole. Le rassemblement a donné lieu à des incidents et dix-huit personnes ont été interpellées.
« Cette manifestation, bien qu’interdite, s’est déroulée pour la majeure partie du temps dans le calme. En fin de manifestation, il y a eu des événements qui sont évidemment condamnables et tout à fait regrettables, les forces de l’ordre sont intervenues avec mesure. Il n’y a pas de violence d’Etat instituée dans notre pays. Quand il y a des incidents, quand il y a des fautes qui sont commises par des membres des forces de l’ordre, il y a des enquêtes et, le cas échéant, des sanctions lorsque des fautes sont avérées. »
La manifestation avait lieu dans le contexte de celles qui ont été organisées aux Etats-Unis et dans d’autres pays en réaction à la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis le 25 mai. Mais entre la France et les Etats-Unis, les situations « ne sont pas tout à fait comparables, ni sur le plan de l’histoire ni sur l’organisation de la société. J’appelle à aborder ces sujets avec énormément de prudence », a souligné Mme Ndiaye.
La loi « bafouée » selon la droite
La droite a, elle, condamné le rassemblement de la veille. « C’est inadmissible, parce que je vous rappelle qu’on est toujours sous le coup de l’état d’urgence sanitaire et que normalement les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits », s’est indigné le chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, sur CNews.
« Ce qui est aussi inacceptable, c’est que certains du comité de soutien à la mémoire d’Adama Traoré veulent établir un lien entre ce qui s’est passé aux Etats-Unis et ce qui, soi-disant, se serait passé, il y a quatre ans, ici en France. »
« Une telle manifestation, en plein état d’urgence, c’est bafouer la loi », a aussi dénoncé le président LR du Sénat, Gérard Larcher, sur RTL. « On ne va pas rentrer dans un cycle de violences alors que la France achève une crise sanitaire avec plus de 28 000 morts et rentre dans une crise économique et sociale », s’est-il inquiété. « Dans un Etat de droit, la justice est rendue par les juges ; ni par les réseaux sociaux ni par la rue », a-t-il ajouté, estimant que « ce qui se passe aux Etats-Unis est d’une autre nature ».
Soutiens à gauche
A l’inverse, dans un billet publié sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a jugé les images des rassemblements « impressionnantes de calme et de détermination tranquille », en prenant la défense de « cette jeunesse humiliée par les contrôles incessants, l’injustice permanente et les violences policières impunies avec ostentation ». « Cette détermination est un écho direct de l’encouragement venu de la révolte citoyenne aux Etats-Unis. C’est un signal de première importance », a estimé le chef de file des Insoumis.
« Je souhaite que, si les conditions de distance physique sont respectées, l’on puisse manifester. On ne peut pas maintenir jusqu’au 31 août l’impossibilité de manifester dans ce pays. Il y a besoin de déconfiner la démocratie », a plaidé pour sa part le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, sur Franceinfo.
« Il n’y a pas d’ordre sans justice. Cela suppose, dans cette affaire comme dans toutes les autres, que l’on puisse connaître la vérité », a-t-il réclamé. « Je souhaite à la fois que la justice passe et que l’on ne bascule pas dans une forme de dérive qui laisserait penser que la police en France est raciste et est de manière systémique l’otage de pensées, d’idéologies, qui seraient fascistes », a précisé le député de Seine-et-Marne.