Comme à chaque veille de scrutin en France depuis plus d’une quarantaine d’années (le premier choc pétrolier), les politiciens ravivent la surenchère politicienne au relent xénophobe et raciste sur l’immigration…
Les générations de femmes et d’hommes politiques se succèdent ainsi, mais toujours avec la même vieille vision d’un monde qui se serait à jamais figé autour d’une France voulue aussi prospère, influente, indispensable voire incontournable, notamment sur des flux migratoires pourtant plus mondialisés que jamais.
C’est simplement minable!
Il y a en effet plus de quatre décennies que des dirigeants français autrefois du “vieux monde” agitent “le courage d’évoquer ces questions”, puis la prétendue “perception négative de l’immigration par une majorité des citoyens” français voulue “de souche”…pour – disent-ils – interrompre la progression constante du Front National et son arrivée éventuelle à l’Élysée. À cet égard M. Macron n’a absolument rien inventé ni changé à la manière de faire de la politique “à l’ancienne” en France. Bien au contraire…
Au fond la plupart des rapports internationaux sur les flux migratoires contredisent le discours nombriliste tenu en France sur un seuil de tolérance franchi sur l’immigration, même sur le droit d’asile. Car des pays du Sud de l’Europe (Grèce, Italie), et même ceux du continent africain connaissent davantage de migrations que ce que soutient un certain discours populiste en France. Dans ce pays, ceux qui sont souvent assimilés à des “immigrés” sont des nationaux et bi-nationaux français de couleur, ou des personnes détentrices de titres de séjour, majoritairement arrivées en France par le biais du regroupement familial ces dernières années.
Les questions migratoires sont assez sérieuses pour être laissées à l’agitation électoraliste de politiciens, qui n’en mesurent pas réellement les enjeux, ou refusent de les “regarder en face”. Parce qu’ils auraient beaucoup de choses à se reprocher, notamment dans le cas des présidents français successifs dont M. Macron: l’indéfectible soutien aux dictateurs inamovibles en Afrique noire francophone.
Un besoin de s’aérer collectivement l’esprit pour ne plus être en proie au catastrophisme véhiculé par une classe politique passéiste
Refusons d’être captifs du discours nombriliste et catastrophiste d’une classe politique française sur les flux migratoires. Ce bourrage ininterrompu de crâne, réactualisé chaque veille d’élection, est bien éloigné de l’évolution des parcours de migrants ces dernières décennies, qui ont peu à peu transformé la France en pays de transit, y compris des migrants africains (à l’exception notable des postulants au regroupement familial comme je l’ai indiqué plus haut). Il n’empêche, les Français gardent la perception erronée d’être envahis par des hordes de migrants clandestins, essentiellement venus d’Afrique, parce que ceux-ci transitent et se concentrent dans les grandes agglomérations comme dans l’Est de Paris. Nombre de ces migrants en transit à Paris ont été délogés de Calais où ils attendaient les opportunités pour aller en Grande Bretagne.
Pour ce qui est des demandeurs d’asile, leur nombre a également progressivement baissé sous l’effet conjugué du règlement de Dublin puis des conditions drastiques mises en place par les gouvernements successifs en France, surtout ceux voulus de gauche, dans la délivrance d’un statut de réfugié. À telle enseigne que notre pays ne tient même pas ses engagements pris dans le cadre européen lors des grandes vagues de migrations Syriennes, et est entrain de sous-traiter progressivement la charge à des “spots” situés à l’étranger, notamment au Niger, au Tchad et désormais au Rwanda pour l’Afrique.
Nous devons nous départir de l’enfumage réactionnaire ambiant sur les questions migratoires, parce qu’elles sont appelées à continuer…malgré les “odeurs” autrefois reprochées aux immigrés par Jacques Chirac, puis ” la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde” de Michel Rocard, rien n’a fondamentalement changé sur le front de l’immigration, pas plus d’ailleurs cela a empêché que le Front national s’installe durablement dans le paysage politique français.
En réalité les flux migratoires demeureront, même avec un Front national au pouvoir, comme nous venons de le voir avec Salvini en Italie. Parce qu’il s’agit d’un phénomène structurel et international qui épouse les contours des différentes convulsions, crises et autres tensions multiples dans diverses parties de la planète.
Une fois que nous aurons tous entériné cela, peut-être commencerons-nous courageusement à nous attaquer frontalement aux racines de ce “problème”, nous mettant définitivement à l’abri des manipulations politiciennes en tous genres.
Joël Didier Engo, Association NOUS PAS BOUGER