Après les violences post-électorales, Jean Ping a appelé les Gabonais à observer ce jeudi 6 octobre une «journée nationale de recueillement» pour les morts et de compassion pour les familles endeuillées. L’opposant a invité les Gabonais à rester chez eux. L’occasion de faire le point sur les victimes.
Cinq semaines après le début des violences, deux versions continuent de s’opposer. Le pouvoir parle de quatre morts, dont un policier et plus d’une centaine de blessés, dont près de 70 appartiendraient aux forces de l’ordre. L’opposition a elle plusieurs fois parlé de 50 à 100 tués.
Depuis plusieurs semaines, elle a d’ailleurs créé une sorte de cellule des disparus basée au QG de Jean Ping. Un numéro de téléphone a été diffusé pour encourager les familles à se faire connaître. Jusqu’à présent, 22 personnes tuées par balle ont été recensées. « Il s’agit de corps clairement identifiés par les parents venus nous voir », explique Annie-Léa Méyé. Avec environ huit personnes, c’est elle la responsable de ce PC crise. « On vérifie la filiation, on collecte aussi des photos ou les actes de décès », explique-t-elle. Elle ajoute que cinq autres victimes ont été signalées par téléphone et sont en attente de confirmation.
La plupart des cadavres ont été retrouvés à la Casep-Ga, l’une des morgues de Libreville, interdite aux journalistes, ainsi qu’à la Gabosep.
Mais le bilan pourrait s’alourdir. L’opposition a comptabilisé 41 blessés, dont huit dans un état grave encore hospitalisés. « On parle de corps encore non identifiés dans les morgues ainsi que de cadavres dans les hôpitaux, mais là-bas c’est motus et bouche cousue », dit Annie-Léa Méyé. Enfin, le PC crise a recensé 47 disparus. Plus d’un mois après les émeutes, leurs proches continuent à les chercher partout, sans succès pour l’instant.
A la veille de cette « journée de recueillement » souhaitée par Jean Ping, Ali Bongo a lancé une mise en garde. Le président gabonais précise que la journée de jeudi reste « ouvrable ».