Justin Ndoundangoye, qui défend l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche, a été torturé par les forces spéciales gabonaises. Un entretien avec maitre Job, avocat de Justin Ndoundangoye, réalisé par Jean-Thimothé Kanganga
Jean-Thimothé Kanganga. Maitre Job, votre client aurait été torturé après avoir été interpellé par la police gabonaise?
Maitre Job. « Monsieur Ndoundangoye a été auditionné le vendredi 7 février devant le juge du deuxième cabinet spécialisé, en présence des présidents des chambres d’accusation spécialisées et il a confirmé les faits dont il a été victime.
Le procureur de la République nous dit qu’il n’y a pas eu de torture mais il ne produit pas de rapport sur lequel il se base justement pour appuyer ses affirmations. On souhaiterait qu’il y ait une communication officielle de ce rapport pour qu’on puisse l’examiner aussi de notre côté et savoir qui a fait quoi et comment.
Le procureur a pourtant indiqué que le rapport a été remis à madame le ministre de la Justice. Et ce rapport démontre qu’il n’y a eu aucun acte de torture sur votre client.
Le rapport a été remis à madame le ministre de la Justice mais ce rapport n’a pas été mis dans la procédure. D’ailleurs c’est pour cela que nous sommes en train d’envisager de déposer une plainte, avec mentions des parties civiles, auprès du juge d’instruction en demandant que ce rapport soit mis dans la procédure pour qu’on y ait aussi accès et savoir son contenu. Nous n’allons pas nous contenter des affirmations du procureur qui sont en total décalage avec la réalité.
Dans sa déclaration, le procureur de la République a brandi des menaces de poursuites judiciaires à l’encontre des avocats pour diffusion de fausses informations. Ne craignez-vous pas d’être poursuivi ?
Je n’ai aucune crainte des poursuites parce que je suis sûr et convaincu des propos que mon client m’a tenus. Les propos que d’autres détenus ont confirmés. D’ailleurs je ne demanderai que ça pour, effectivement, sortir de mon serment et révéler les fondements même et les contours de cette procédure. J’espère pour lui qu’il est prêt à entendre ce que je serai amené à dire si jamais il y a une plainte à mon encontre. Et je suis prêt, effectivement. Si je suis convoqué, je répondrai si on ne m’interdit pas d’entrer au Gabon parce que je sens ça poindre à l’horizon.
Qu’est ce qui est prévu pour la suite ?
Nous sommes en train de déposer une plainte pour torture et agression sexuelle. Nous nous attendions à ce que le procureur fasse une vraie enquête. C’est une plainte qui a été déposée auprès de lui pour que le juge d’instruction fasse un supplétif afin qu’il y ait une véritable instruction d’une Commission rogatoire qui permet de vraiment enquêter pour savoir ce qu’il s’est passé ce jour : ce que les cameras ont filmé ou pas. Ce que les autres détenus ont entendu. Ce que les gardiens de prison ont vu, le matin même quand ils arrivaient. Parce que là aussi, il y a pas mal des choses à voir. Nous attendons effectivement aussi que le procureur communique officiellement son rapport.
Source : Mondafrique