En Guinée équatoriale, le dialogue national s’est ouvert, ce lundi 16 juillet, en l’absence de l’opposition en exil, malgré les signes forts affichés par le président Teodoro Obiang Nguema qui, le 4 juillet dernier, a proclamé l’amnistie totale en faveur de tous les prisonniers politiques et de tous les opposants condamnés ou interdits d’activité. Cette annonce d’une amnistie des prisonniers politiques est restée, jusque-là, lettre morte.
Va-t-on vers un échec du dialogue national en Guinée équatoriale ? Il s’ouvrait ce lundi matin, à Malabo. Il s’agit du sixième cadre de discussions initié par le président Teodoro Obiang Nguema depuis son accession au pouvoir, en 1979.
Ce dialogue suscitait beaucoup d’attentes, mais l’opposition en exil n’a fait le déplacement à Malabo, remettant en question toute opportunité de discuter avec le parti au pouvoir.
Ce séminaire devait durer deux semaines et devait être une table ronde pour discuter avec les opposants de sujets tels que la démocratie ou les droits de l’homme.
Cette rencontre devait aussi, selon les autorités, permettre de légaliser certains partis d’opposition, mais elle se tiendra finalement dans un cercle restreint avec uniquement les 17 partis légalisés dans le pays et qui ont confirmé leur participation.
« Ce lundi, aucune grande figure de l’opposition en exil n’a fait le déplacement », a noté un observateur de la vie politique.
L’opposition avait posé trois conditions à sa participation, à savoir la venue d’observateurs internationaux, l’amnistie totale ainsi que la libération de prisonniers politiques. Or, ces deux derniers points ne sont pas respectés, estime Sévero Moto, l’une des figures majeures de l’opposition en exil.
« L’amnistie ne concernait quasiment que des leaders déjà morts en détention », a-t-il précisé.
Dans cet état de méfiance, cet opposant historique n’est pas non plus convaincu par les assurances données par la présidence afin de garantir la sécurité des opposants à leur retour à Malabo.
« L’amnistie annoncée par le gouvernement ne garantit pas notre sécurité », explique Raimundo Ela Nsang, le secrétaire général de la Cored, la coalition de partis d’opposition en France. « Par le passé, poursuit ce responsable, des militants sont rentrés au pays suite à une annonce similaire d’amnistie et ils ont été tués », souligne-t-il.
Enfin, aucun militant incarcéré et membre du Parti d’opposition Citoyens pour l’innovation (CI) n’a été libéré avant la tenue de ce séminaire. Une trentaine de militants du parti Citoyens pour l’Innovation est toujours en détention. Dans un tel contexte « nous n’attendons rien de ce dialogue », indique Gabriel Nse Obiang, leader de cette formation politique.
Enfin, la CPDS, la Convergence pour la démocratie sociale, deuxième parti d’opposition, exige des avancées concrètes en matière d’Etat de droit. Andres Esono Ondo, le secrétaire général de ce parti, réclame un « processus de transition ».