Deux mois, après la disparition en Guinée d’Oumar Sylla alias Foniké Mengué et son camarade de lutte Mamadou Billo Bah, leurs familles demeurent toujours sans nouvelles d’eux.
Retour sur les faits
Dans la nuit du 9 juillet 2024, ces deux responsables du Front National pour la défense de la Constitution (FNDC) ont été enlevés par des hommes en tenue encagoulés à leur domicile dans le quartier d’affaires de Dixinn à Conakry, devant les membres de leurs familles, selon les témoignages de ces derniers.
Hawa Doukouré est l‘épouse de l‘activiste Foniké Mengué : “Que ça soit par rapport à leur position, leur situation et leur condition de détention, nous n’avons aucune information. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est de les retrouver en bonne santé et en bon état.”
Rumeurs
Depuis la disparation de Foniké Mengué et de Mamadou Billo Bah, l’opinion publique, les médias et les réseaux sociaux se sont fait l’écho de folles rumeurs faisant état de leur torture dans les locaux de certaines gendarmeries de Conakry et à la présidence de la République. Des rumeurs ont également- circulé sur leur détention dans une sombre prison qui serait située à Kassa au large de la capitale guinéenne.
Certains proches des activistes disparus n’écartent même pas une possibilité de leur mort, au regard du silence radio qu’observent les activistes, depuis leur disparition. Mais Hawa Doukouré, elle, préfère jouer la carte de la prudence. “Malheureusement, on ne peut pas affirmer quoi que ce soit aujourd’hui”, dit-elle.
Ne pas baisser les bras
Les familles des activistes disparus et surtout le front national pour la défense de la Constitution accusent le pouvoir militaire dirigé par le général Mamady Doumbouya d’être derrière cet enlèvement.
Abdoulaye Oumou Sow le chargé de communication du FNDC affirme qu’ils ne vont pas baisser les bras et qu’ils vont “continuer à réclamer leur libération, à faire comprendre au monde que nous avons franchi la ligne rouge en Guinée et que cette junte n’est plus digne de nous gouverner, parce que ce qui vient de se passer est un crime contre l’humanité. Vous savez que l’enlèvement et la séquestration sont des crimes punis et reconnus comme des crimes contre l’humanité”.
Le 17 juillet dernier un communiqué de presse du parquet général près la cour d’appel de Conakry affirmait qu’aucun organe d’enquête du pays n’a procédé à l’arrestation ou à l’interpellation de Foniké Mengué et de Billo Bah. Aucun établissement pénitentiaire du pays ne détiendrait ces personnes faisant l’objet d’enlèvement.
Joint au téléphone ce week-end, le Procureur général Fallou Doumbouya ne nous a fourni aucune information sur le sort des deux activistes. Foniké Mangué et Billo Bah sont donc toujours introuvables et dans la douleur et l’angoisse, leurs familles continuent de garder espoir.
Droits de l'Homme/Guinée
En Guinée, les membres du FNDC ne se sentent pas en sécurité
A Conakry, s’ils ne sont pas en prison, ils sont contraints de quitter le pays pour se mettre à l’abri. Actuelement, trois dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) sont incarcérés à la prison centrale de Conakry.
Abdoulaye Oumou Sow, chargé de communication du mouvement, lui, a pu s’enfuir et vit depuis une semaine en exil en France. Il nous explique pourquoi les membres du FNDC sont désormais contraints de vivre dans la clandestinité en Guinée.
Selon le Front national de défense de la Constitution (FNDC), depuis le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021, au moins 17 personnes ont été tuées par balle, victimes de la “répression sanglante” exercée par le pouvoir dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya.
Des militaires se sont engagés sous la pression internationale à céder la place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps, selon eux, de mener de profondes réformes.
Cliquez sur l’image pour écouter les explications de Abdoulaye Oumou Sow.