Un jeune militant pro-démocratie hongkongais a été condamné mardi 23 novembre à trois ans et demi de prison après avoir plaidé coupable de «sécession» en vertu de la drastique loi sur la sécurité nationale.
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Tony Chung, 20 ans, est le plus jeune militant à être condamné au nom de cette législation, imposée en juin 2020 par Pékin et qui a permis de museler toute dissidence dans ce centre financier autrefois considéré comme un lieu privilégié de liberté d’expression.
Début novembre, il a plaidé coupable du chef d’accusation de «sécession» et d’un autre de «blanchiment d’argent» tout en déclarant, avec provocation «n’avoir rien à se reprocher». Tony Chung était à la tête d’une association étudiante, Student Localism, fondée en 2016 et qui réclamait l’indépendance de Hong Kong. Pékin a imposé cette loi sur la sécurité nationale pour mettre fin aux immenses et souvent violentes manifestations qui ont secoué la ville en 2019. Student Localism avait été dissous quelques heures son entrée en vigueur.
Une intention criminelle «claire pour tous»
Les autorités ont accusé Tony Chung d’avoir continué à faire fonctionner l’association avec l’aide de militants étrangers et d’avoir sollicité des dons via PayPal, ce qui constitue, selon eux, du blanchiment d’argent. Le parquet a affirmé que cette association a publié plus d’un millier de messages sur les réseaux sociaux, appelant notamment à «se débarrasser du régime colonial communiste chinois» et à «construire une République de Hong Kong». Certains des messages cités par les procureurs remontent à une période antérieure à l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale alors que les autorités hongkongaises avaient affirmé qu’elle ne serait pas rétroactive.
Mardi, Stanley Cha, qui fait partie des magistrats choisis par le gouvernement pour juger les affaires relevant de la sécurité nationale, a affirmé que l’intention criminelle de Tony Chung était «claire pour tous» sur les médias sociaux, dans les interviews, dans les stands de rue et dans les écoles. Le jeune militant a déjà effectué plus d’un an de détention après avoir été interpellé fin octobre 2020 par des policiers en civil, à quelques mètres du consulat américain auquel il souhaitait demander l’asile.
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Un grand nombre de militants pro-démocratie ont quitté la ville pour se réfugier à l’étranger depuis l’entrée en vigueur de cette loi controversée, qui laisse place à une large interprétation. Les militants qui expriment leurs opinions peuvent être accusés de «subversion» et de «collusion avec les forces étrangères». Plus de 150 personnes ont été arrêtées, dont la moitié environ ont été inculpées, au titre de cette loi. La libération sous caution est souvent refusée.
Par Le Figaro avec AFP
Publié le 23/11/2021