Pas de répit pour les activistes hongkongais. Le militant pro-démocratie Tony Chung a de nouveau été arrêté à Hongkong ce mardi, vers 8 heures du matin (1 heure en France). Il était dans un café à proximité du consulat américain quand la police est venue l’interpeller. Agé de 19 ans, Tony Chung s’est fait connaître pendant les mobilisations pro-démocratie de Hongkong qui ont redémarré au printemps 2019, en tant que dirigeant du groupe Studentlocalism, un rassemblement d’étudiants en faveur de l’indépendance. En mai 2019, il avait été brièvement arrêté lors d’échauffourées au siège du Legco, le Parlement hongkongais. Studentlocalism a été démantelé en juin pour sécession, subversion et terrorisme.
Quelques heures plus tard, en début d’après-midi, deux autres anciens membres de Studentlocalism, Yannis Ho et William Chan, ont également été interpellés. Ce n’est pas la première fois que ce mouvement étudiant est visé par les autorités. En juillet, Chung et Ho ont ainsi été arrêtés et longuement interrogés par la police, qui s’est servie de la nouvelle loi sur la sécurité imposée par Pékin.
Libérés sous caution au bout de quarante-huit heures, les jeunes activistes avaient alors dénoncé une «manœuvre politique» de la police. Cette fois, Tony Chung a indiqué que les autorités ont fouillé de fond en comble son domicile, confisquant au passage de nombreuses «preuves», alors qu’aucune accusation n’a été portée contre lui.
Mater définitivement les velléités indépendantistes
Selon le South China Morning Post, le jeune activiste s’apprêtait à faire une demande d’asile auprès des Etats-Unis, quand il a été embarqué par les forces de sécurité nationale. Le journal a publié sur son site internet une vidéo où l’on voit un homme, qui serait Tony Chung selon les journalistes hongkongais, escorté par deux agents en civil, qui le maintiennent par les poignets et par le cou.
La page Facebook Hong Kong Studentlocalism US Division – toujours active malgré la dissolution du groupe du même nom – fournit des mises à jour régulières sur la situation des trois militants arrêtés. Selon elle, Tony Chung est accusé d’avoir violé la loi sur la sécurité nationale et d’avoir blanchi de l’argent. Dans un message publié en fin de soirée mardi, elle «réclame à toutes les organisations et individus de s’abstenir de fournir des informations sur le financement» du mouvement pro-démocratie.
La loi de sécurité nationale, entrée en vigueur le 30 juin, a permis l’arrestation de centaines de personnes à Hongkong. L’ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, bénéficiait jusqu’alors d’une large autonomie vis-à-vis de Pékin. Mais cette législation, adoptée à la suite du mouvement pro-démocratie lancé en 2019, permet au Parti communiste chinois de reprendre la main. Il espère ainsi mater définitivement les velléités indépendantistes de ce petit territoire de 7,5 millions d’habitants.
Comme Tony Chung beaucoup de jeunes hongkongais songent à demander l’asile à l’étranger. Des centaines d’entre eux ont déjà sauté le pas et émigrent en Australie, au Royaume-Uni ou encore au Canada. C’est le cas de plusieurs figures du mouvement de contestation, comme Nathan Law, mais aussi de simples citoyens qui ont perdu espoir en l’avenir de Hongkong.