Arrêtés en vertu de la loi sur la sécurité nationale, le cardinal à la retraite Joseph Zen et la chanteuse Denise Ho ont finalement été libérés sous caution, quelques heures plus tard, par les autorités pro-Pékin du territoire.
De gauche à droite, lassistent à une conférence de presse pour annoncer la fermeture du fonds 612 Humanitarian Relief Fund, à Hongkong, le 18 août 2021.
Une pop star, un universitaire et un cardinal prodémocratie à Hongkong ont été arrêtés en vertu de la loi sur la sécurité nationale, mercredi 11 mai, ont annoncé des sources de police et de justice. Ces personnalités très en vue ont en commun d’avoir participé à la gestion d’un fonds – aujourd’hui dissous – destiné à financer la défense des militants interpellés lors des grandes manifestations prodémocratie qui ont secoué l’ancienne colonie britannique en 2019.
Parmi eux figurent l’universitaire Hui Po-keung, la chanteuse Denise Ho, militante des droits LGBTQ+, et le cardinal retraité Joseph Zen, 90 ans, un des plus hauts ecclésiastiques catholiques de la métropole financière.
Ces deux derniers ont finalement été libérés sous caution, quelques heures après leur arrestation, par les autorités pro-Pékin du territoire, a annoncé un média local. Le cardinal à la retraite Joseph Zen apparaît saluant les journalistes sur une vidéo postée sur Twitter, au moment où il quitte un poste de police du quartier de Wan Chai.
Peu avant, la Maison Blanche avait appelé à la libération immédiate de ces personnalités, notamment du cardinal Joseph Zen. Dans un communiqué publié mercredi soir, le Vatican avait rapporté avoir « appris avec préoccupation la nouvelle de l’arrestation du cardinal Zen et suit l’évolution de la situation avec une extrême attention ».
Ancien évêque de Hongkong, où vivent 400 000 catholiques, le cardinal Zen est connu pour ne pas mâcher ses mots et pour son inlassable défense des libertés politiques et des réformes démocratiques.
Le prélat s’est toujours élevé contre tout accord entre l’Eglise catholique et Pékin sur la nomination des évêques chinois, en estimant qu’il s’agirait d’une trahison à l’égard des membres persécutés de l’Eglise, non officielle en Chine. Le Vatican et la Chine n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951 mais un accord « provisoire » historique avait été signé en septembre 2018 avec Pékin sur la nomination d’évêques. « Pendant des décennies, le gouvernement [chinois] leur a rendu la vie dure mais ils sont restés loyaux vis-à-vis de Rome et du pape. Et maintenant on leur demande de se rendre ? », avait-il déploré dans un entretien à l’Agence France-Presse en 2018.
Les universitaires particulièrement visés
Hui Po-keung s’apprêtait de son côté à rejoindre l’Europe pour un poste universitaire avant d’être arrêté mardi, ont par ailleurs rapporté les deux sources, demandant à garder l’anonymat. M. Hui a été arrêté pour « collusion avec des forces étrangères », selon une de ces sources, ce qui est puni par la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hongkong en 2020, en réponse aux immenses manifestations de l’année précédente.
Cette loi a écrasé toute dissidence dans ce centre d’affaires asiatique où l’expression était autrefois libre. M. Hui était l’un des six administrateurs du 612 Humanitarian Relief Fund, un fonds qui aidait les manifestants arrêtés à payer leurs frais juridiques et médicaux.
Parmi les autres administrateurs figuraient l’avocate Margaret Ng ainsi que la militante prodémocratie aujourd’hui derrière les barreaux Cyd Ho. Le fonds a été démantelé l’an dernier après que la police chargée de la sécurité nationale a réclamé l’accès aux informations concernant ses donateurs et ses bénéficiaires.
Peu avant la fermeture du fonds, l’université Lingnan de Hongkong, où M. Hui a enseigné pendant plus de vingt ans, avait confirmé la fin de son contrat de professeur, refusant, par souci de confidentialité, d’en donner les raisons. Les universitaires qui ont joué un rôle important dans le mouvement prodémocratie de Hongkong ont souvent perdu leur poste à l’université et peinent à trouver du travail.
Le Monde avec AFP