Sans être le “père noël” Emmanuel Macron ferait bien malgré lui de véritables miracles en Afrique centrale…Pourquoi?
Voir en effet le vieux dictateur camerounais s’envoler pour N’Djamena au Tchad, pour participer à un sommet de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) qui se tient dans ce pays voisin du Cameroun (sur le sol africain), relève véritablement du miracle. Cela représente même un “cadeau de noël” inespéré fait aux ressortissants de cette zone dont l’intégration était précisément bloquée pendant de longues années en partie à cause des absences répétées de Paul Biya.
Mais derrière ce beau cadeau l’inamovible président du Cameroun espère surtout que son homologue du Tchad, Idriss Déby, très bien introduit à l’Élysée, acceptera peut-être de jouer les facilitateurs auprès d’Emmanuel Macron, derrière lequel courent désespérément ses conseillers et communicants depuis des mois pour lui obtenir ne ce serait qu’un petit rendez-vous (avec l’indispensable photo qui irait avec).
Ne riez pas!
Le semblant de crédibilité que le despote camerounais souhaite conférer à sa mascarade de réélection présidentielle déjà annoncée par ses courtisans pour 2018 (à 85 ans et après 35 ans de règne), tient d’abord à ces petits détails (auxquels de nombreuses personnes ne prêtent jamais attention et qui scellent pourtant l’avenir des peuples du pré-carré français en Afrique).
Cela participe hélas du vieux formatage colonial encore très vivace chez nombre de dirigeants illégitimes d’Afrique francophone (présentés paradoxalement comme de grands panafricanistes), qui doivent leur extrême longévité au pouvoir à la proximité qu’ils savent entretenir avec les différents locataires de l’Élysée.
Des palais présidentiels d’Afrique noire francophone au palais de l’Élysée à Paris, tout ne tient parfois qu’au bon “réseau”!
https://www.facebook.com/CRTVweb/videos/1957904807781846/
Sommet de la Cemac: les pays membres doivent diversifier leur économie
Les questions économiques devraient une fois de plus occuper les débats au sommet de la Cemac qui s’ouvre à Ndjamena. La zone monétaire d’Afrique centrale est toujours confrontée à une faible croissance en raison de la chute du prix du pétrole fin 2014. Cette année le Fonds monétaire international a volé au secours de quatre des six pays de la zone. Mais le Congo et la Guinée Equatoriale qui n’ont toujours pas conclu de programme avec le FMI connaissent toujours de graves difficultés.
La zone Cemac est convalescente. Après une chute brutale de sa croissance en 2015 et 2016, elle devrait connaître une année 2017 un peu moins difficile avec une croissance anticipée d’environ 1 %. Mais le malade est encore loin d’être guéri. Il a fallu l’intervention du FMI auprès de quatre pays, Cameroun, Gabon, RCA et Tchad cette année, pour éviter une crise monétaire et donc une dévaluation.
Le Fonds a négocié avec ces pays des programmes d’ajustement et injecté des centaines de milliards de francs CFA pour rétablir les équilibres, car la chute des cours du pétrole fin 2014 a ruiné les Etats. Ils ont dû puiser dans leurs réserves de change et réduire drastiquement leurs dépenses budgétaires. Dans un pays comme le Tchad, la production de coton est en chute libre, le gouvernement étant dans l’incapacité de payer les cotonculteurs. Si Le Cameroun et le Gabon s’en sortent mieux, deux pays sont toujours plongés en plein marasme. La Guinée équatoriale a connu cinq années de récession. Deux pour le Congo. Et ces pays n’ont toujours pas conclu d’accord avec le FMI.
La zone Cemac doit diversifier son économie trop dépendante des matières premières. Elle doit mieux gérer ses ressources publiques. Voilà ce que martèlent les experts. Le chemin vers la guérison est long et sera encore douloureux. A noter qu’en marge du sommet, l’ancien Premier ministre gabonais Daniel Ona Ondo est devenu président de la commission de la Cemac.