Les monarchies constitutionnelles ou absolue sont connues en Afrique : Maroc, Eswatini et Lesotho.
Là-bas, les rois y désignent leurs fils ou parents, qui leur succèdent après la mort ou en cas d’abdication, en observant des règles coutumières, tacites ou légales coulées dans le marbre de leur histoire. Ce n’est pas le cas du Cameroun. Ou des 50 autres pays africains.
Bien qu’il existe une pléthore de royaumes à travers le pays, dépositaires de traditions ancestrales et séculaires, la nature de l’Etat est républicaine.
Cela signifie autrement que toutes les manœuvres et ballons d’essais lances dans l’opinion pour nous faire avaler la pilule Franck Biya, réputé sur les starting block pour prendre la succession de son père, ne sont que de navrantes absurdités qui se banalisent – hélas – sur le continent.
Les scenarii réussis au Gabon d’Ali Bongo et au Togo de Faure Eyadema, avec le soutien de la France, aiguisent la plume et fertilisent l’imagination des porte-voix de cette entreprise de conditionnement de l’opinion y compris dans des sphères politiques et des services spéciaux en France.
Ces officines font valoir le sacro-saint argument de la stabilité comme si le changement de présidents tout au long de la 5e République en France ( 5 chefs d’État depuis 1982 quand Paul Biya a pris le pouvoir ) avait suscité une éruption du Mont Blanc.
La France n’est pas pour autant entrée en guerre civile ou dans un conflit sanglant parce que les fils de Mitterand, Chirac, Sarkozy ou Hollande n’ont pas occupé le trône républicain de l’Elysee. Tout au plus un fils spirituel comme Macron l’est pour le philosophe Paul Ricoeur ou Hollande, peut prendre la suite en se coulant dans le moule républicain.
Il est donc ubuesque de penser que la seule garantie de la stabilité d’un État soit une logique dynastique comme au temps de l’Ancien Régime quand il s’agit de l’Afrique et en particulier du Cameroun.
Ce matin encore, une offensive bien ciblée de sites et publications agite les chiffons rouges en mettant en lumière des profils de proches et parents du chef de l’État dont Samuel Mvondo Ayolo comme recours en cas de départ du locataire d’Etoudi. C’est la seconde carte de cette stratégie bien huilée, trempée dans les vieilles casseroles des logiques françafricaines qui est jetée sur le tapis de casino.
Au Cameroun, des partis existent pouvait competir et des personnes jeunes comme Franck Biya et davantage dont Cabral Libii et Serge Espoir Matomba proposent des offres politiques.
Face donc à ces démarches pernicieuses qui s’agrippent sur le modèle de succession qui a porté Paul Biya au pouvoir dans la suite d’Ahmadou Ahidjo, tous ceux qui croient en une saison démocratique florissante ont la responsabilité de s’y opposer de toutes leurs forces.
Ceci passe par une mobilisation solidaire, structurée et efficace pour que d’une part, les prisonniers politiques dont Maurice Kamto et ses militants soient libérés, d’autre part que cesse l’opposition de l’opposition débouchant sur de puissants dénominateurs communs et enfin que la transition politique decoule d’un Dialogue National au cours du quel les Camerounais entameront leur réconciliation, la mise en perspective d’un État nouveau, avec une décision hautement symbolique : le départ à la retraite de Paul Biya qui bénéficiera de toutes les garanties pour sa sécurité.
A titre personnel, je m’investirai de toutes mes modestes forces pour que ce fantoche scenario de la succession dynastique n’advienne pas et qu’enfin nous comprenions la nécessité d’un sursaut de nos egos pour le Cameroun.
Par Abdelaziz Moundé Njimbam