[spacer style="1"]
Cameroun: le procès d’Amadou Vamoulké s’accélère
Nouvelle journée d’audience ce vendredi 28 janvier dans le procès d’Amadou Vamoulké, en détention provisoire depuis plus de 2000 jours. L’ancien directeur général de la CRTV, la radio-télévision publique nationale est accusé de détournement de fonds publics dans deux affaires.
Avec notre envoyée spéciale à Yaoundé, Amélie Tulet
Sur un banc, Amadou Vamoulké profite de quelques instants aux côtés de son épouse venue pour l’audience. Il se dit fatigué, mais assure garder le moral. Le septuagénaire observe que le rythme de son procès a changé.
L’ancien directeur général de la CRTV est en prison depuis cinq ans et demi sans avoir été ni jugé ni condamné. Accusé de détournement de fonds publics dans deux affaires, il a vu son procès renvoyé d’audience en audience depuis 2016. Le cap des 2 000 jours de cette détention « provisoire » qui se prolonge a été franchie le 19 janvier, et depuis, les choses semblent s’accélérer.
Habitué aux audiences espacées de plusieurs semaines, voire de deux à trois mois, il a quitté la prison de Kodengui et la cellule qu’il partage avec neuf codétenus presque tous les jours cette semaine pour venir au tribunal. Prudent, Amadou Vamoulké s’abstient de toute interprétation.
Une médiatisation qui aurait accéléré le processus ?
Christophe Bobiokono, directeur de publication de l’hebdomadaire d’information juridique Kalara, suit l’affaire depuis le début. Il voit dans cette accélération l’effet de la médiatisation du cap des 2000 jours de détention provisoire :
« Les autorités judiciaires du pays ont pleinement conscience aujourd’hui qu’elles ont exagéré dans le délai de traitement de cette affaire. La loi prévoit un délai maximum d’à peu près 18 mois pour le traitement de ce type de dossier. Déjà plus de 100 audiences. C’est un record. Le fait que l’opinion publique en soit informée doit avoir mis mal à l’aise les autorités judiciaires. C’est sans doute ce qui explique que la semaine dernière il y a eu quatre audiences et cette semaine-ci encore quatre audiences. »
Les soutiens d’Amadou Vamoulké demandent sa libération le temps que son procès soit mené. Ses défenseurs rappellent qu’il a un domicile où loger à Yaoundé et qu’il n’a jamais cherché à se soustraire à la justice.
Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait estimé en 2019 que la détention d’Amadou Vamoulké n’avait pas de base légale. Elle avait aussi signalé que cette détention allait au-delà de la limite légale sans explication suffisante sur sa nécessité.
► À lire aussi : Au Cameroun, une organisation de défense des droits de l’homme exige la libération de 7 journalistes