Infantilisation et Résistance Politique à Yaoundé
Pendant que le cacique du régime de Yaoundé, le Pr Jacques Fame Ndongo, savoure son pouvoir de création politique sur M. Cabral Libii, une “petite frappe” arriviste qui, contre toute sagesse populaire, a cru pouvoir – FAY- duper à la fois son mentor politique et le véritable chef de l’opposition Maurice Kamto dont il s’est certainement cru ou vu plus intelligent, la levée de la séquestration pendant 03 mois à son domicile du dernier est effective.
Nous avons donc ainsi, deux trajectoires d’opposition politique différentes à Yaoundé, incarnées par M. Cabral Libii et le Pr. Maurice Kamto.
À l’instar d’illustres devanciers M. Cabral Libii a accepté de jouer le jeu et d’être transformé en «créature» du régime de Biya, obtenant pour ce faire un siège au Parlement où il n’a aucun réel pouvoir. Ajoutant l’insulte à la blessure, son parti a été littéralement anéanti lors de la dernière parodie d’élection régionale.
Le Pr. Maurice Kamto quant à lui, qui a obstinément refusé de jouer à ce jeu consistant à devenir une «créature» du régime de Biya, a été assigné à résidence ces trois (03) derniers mois afin, dit-on, qu’il ne “perturbe pas le déroulement” de la mascarade d’élections régionales.
Mais peut-on décemment se réjouir de la levée de cette séquestration de 03 mois à son domicile du principal opposant d’un pays que le pouvoir en place présente précisément comme une “démocratie apaisée”? À l’évidence NON….
Le CL2P est de plus en plus affligé par la tournure criminogène de la vie politique camerounaise à travers ces phénomènes de se séquestration et de prises d’otages des opposants les plus redoutés, conjugués avec une forme d’infantilisation du politique à Yaoundé. Ce que nous entendons par là, c’est la manière dont l’argumentation politique et le débat sur les problèmes de société sont systématiquement réduits à des querelles de personnes à connotation tribale, la pensée critique et l’analyse devenant pratiquement inexistante, se fondant entièrement sur les personnalités, les apparences, les ragots et le dénigrement systématique. Le phénomène s’est tellement aggravé ces dernières années au point où le gouvernement ne prétend même plus pratiquer sa «démocratie apaisée» pour sauver les apparences.
C’est précisément ainsi que se comportent les «créatures» infantilisées, mais de plus en plus. Curieusement c’est aussi la façon dont les adultes qui pensent ou disent faire de la politique se comportent au Cameroun. Pourquoi?
À notre avis, trois forces sont en jeu ici:
– L’une est le développement de sycophantes politiques professionnels.
- La seconde est que la vérité est la première victime de la montée en puissance de ces sycophantes politiques, avec la généralisation de la politique de l’autruche qui consiste à se voiler la face en chanter les louanges du “Nnôm Ngui” au détriment de la réalité existante.
- La troisième est le renforcement du patronage politique, à travers des réseaux clientélistes et la prégnance de la françafrique. Tout cela contribue à bloquer les personnes perçues comme une menace par ces réseaux corrompus et mafieux.
Dans un tel contexte, le combat non violent pour la démocratisation réelle du Cameroun mené au prix de ces multiples privations arbitraires de liberté par le Pr. Maurice Kamto mérite aujourd’hui le soutien unanime de toutes les personnes éprises de liberté.
Et il appartient à la France, principal soutien depuis 38 ans du dictateur Paul Biya, de sortir définitivement de l’ambiguïté en condamnant fermement ces prises dotages et emprisonnements politiques, puis surtout en interrompant toute coopération directe sous la bannière de l’Union européenne avec une tyrannie qui verrouille sans vergogne tout processus électoral consensuel, réprime impunément les vrais opposants et n’hésite pas à massacrer ses propres populations civiles dans le Nord-ouest et le Sud-ouest anglophone depuis octobre 2016.
Le temps du pouvoir à vie par la fraude électorale systématique et la répression armée doit s’arrêter au Cameroun. La France est malheureusement le maillon essentiel du dispositif despotique qui prévaut au Cameroun et partout en Afrique noire francophone.
Assez du double discours!!!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Political Infantilization and Resistance in Yaounde
As the cacique of the Yaoundé’s regime, Pr Jacques Fame Ndongo, celebrates his power of political creation against an ambitious social climber, Mr. Cabral Libii, who against popular wisdom, taught he could both – FAY- fooled his political creator and the leader of the opposition, the lifting of the sequestration of Prof. Kamto is announced.
We have two trajectories of political opposition in Yaoundé by Mr. Cabral Libby and PR Maurice Kamto. Mr. Cabral Libby has accepted to play the game and being transformed as a “creature” of the Biya regime and a seat in Parliament where he has zero power. Adding insult to injury, his party was literally wipe out in the last fake regional election. Pr. Maurice Kamto who refused to play that game to become a “creature” of the Biya’s regime was under house arrest for the past two months.
The CL2P is increasingly distressed by the phenomena that we notice and call the infantilization of politics in Yaoundé. What we mean by this, is the way in which political argument and debate on issues is reduced to a level where critical thinking and analysis is nonexistent, and becomes based entirely around personalities, appearances, memes and humor. The phenomena have got worse in recent years where the government does not even pretend to practice its “appeased democracy” anymore.
In our opinion, three forces are at play. One is the development of professional political sycophants. The second is that the truth is the first victim of the rise of political sycophants, and the demand of the ostrich policy which consists in veiling one’s face and singing the praises of Nnom Ngui at the expense of all possible truth, and the third is the strengthening of patronage, clientelist networks and the francafrique which consists of blocking people perceived as a threat to these corrupt networks
France must get out of the ambiguity and stop the double talk.
Can we decently rejoice at the lifting of the confinement of 02 months at his home of the main opponent of a country that the power in place presents as a “peaceful democracy”? Obviously NO ….
The non-violent fight for the real democratization of Cameroon led at the cost of these multiple arbitrary deprivations of liberty by Prof. Maurice Kamto deserves in this sense the unanimous support of all those who love freedom.
And it is up to France, the main supporter for 38 years of dictator Paul Biya, to definitively get out of the ambiguity by firmly condemning these hostage-taking and political imprisonment, then above all by interrupting all direct cooperation under the banner of the Union European with a tyranny which shamelessly locks down any electoral process, represses with impunity the real opponents and does not hesitate to massacre its own civilian populations in the English-speaking North-West and South-West since October 2016.
The time of power for life through systematic electoral fraud and armed repression must stop in Cameroon. France is the essential link in the despotic device which prevails in Cameroon and throughout French-speaking black Africa.
Enough of the double talk!!!
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P