Nous faisons une fois de plus appel à l’humanisme du Président du Cameroun Paul BIYA, afin que celui que nombre des ses lieutenants présentent comme son principal “adversaire politique” ne soit pas éliminé par des voies et des méthodes antidémocratiques.
Notre organisation milite en faveur d’une évacuation sanitaire d’urgence à Paris de l’ancien Ministre d’État Camerounais, où sont exilés son épouse et leurs trois enfants.
Pour cela nous sollicitons l’aide des autorités françaises, particulièrement du Président de la République François Hollande et du Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, afin qu’une issue rapide soit trouvée à la détérioration de l’état de santé de M. Marafa Hamidou Yaya; qui laisse visiblement indifférent nombre de ses anciens collègues du gouvernement et du sérail politique camerounais.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
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Marafa en colère quitte l’hôpital
Son avocate suisse et des membres de sa famille ont été chassés de la formation hospitalière. En signe de protestation, l’ex-Sg/Pr a décidé d’écourter son hospitalisation et de retourner en cellule samedi dernier.
On est à quelques heures de la visite de François Hollande au Cameroun ce vendredi-là, en début d’après-midi. Me Saskia Ditisheim, avocate suisse de Marafa Hamidou Yaya, qui venait d’avoir un entretien avec le premier président de la Cour suprême, Daniel Mekobe Sone, et Me Alice Nkom, l’un des avocats camerounais de l’ex-secrétaire général de la présidence de la République se rendent à l’hôpital général de Yaoundé où leur client est interné depuis quelques semaines. Elles parviennent à braver l’important cordon de sécurité déployé autour de la chambre d’hospitalisation du prisonnier.
Les deux avocates s’introduisent dans la pièce. Heureux de se retrouver, Marafa Hamidou Yaya, la présidente de l’Ong Avocats sans frontières-Suisse et Me Alice Nkom n’auront eu que le temps d’échanger quelques civilités. Soudain, « toc toc ». C’est un gendarme encagoulé qui se pointe à l’entrée de la chambre. Il a ordre de conduire Me Saskia et Me Nkom auprès du directeur général de l’hôpital général, qui souhaite rencontrer les avocates.
Au bureau du Pr Elie Claude Njitoyap, les avocates apprennent qu’elles ne peuvent poursuivre leur visite, car ne disposant pas d’un permis de communiquer avec Marafa Hamidou Yaya. Elles s’en offusquent. « Dr, avez-vous besoin d’une autorisation pour pouvoir consulter vos malades ? Non. C’est pareil pour nous. Nous sommes les avocates de ce monsieur qui continue à avoir des droits bien qu’en prison », tempête Me Alice Nkom. Leur opposition n’y fera rien. Les deux avocates sont priées de regagner la sortie. Elles sont raccompagnées par deux gendarmes du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpign). Mais elles ne quitteront pas l’hôpital de si tôt.
Les avocates sont bloquées au bas de l’escalier. Les gendarmes leur font savoir qu’ils attendent des instructions de leur hiérarchie avant de pouvoir les « libérer ». « Sommes-nous en garde à vue ? », interroge Me Saskia. « Non maître », répond l’un des gendarmes en souriant. Me Saskia et Me Nkom attendront une heure environ dans leur véhicule pour que les « instructions » arrivent enfin et qu’on accepte de leur ouvrir le portail de l’hôpital général de Yaoundé. Sans qu’elles aient pu discuter avec leur client. D’après nos sources, les services de renseignement auraient soupçonné que Me Alice Nkom a fait introduire un journaliste à l’hôpital pour mener une interview avec Marafa Hamidou Yaya.
Le lendemain, samedi, 4 juillet, des neveux de Marafa Hamidou Yaya qui ont l’habitude de lui rendre visite autant en prison que depuis qu’il est hospitalisé se rendent au chevet de leur oncle. Eux, ils n’auront même pas l’occasion de le rencontrer. Des gendarmes leur feront sèchement savoir que les visites sont arrêtées. Informé de cela, Marafa Hamidou Yaya qui est pourtant en soins et dont l’hospitalisation n’était pas achevée, entre en colère et demande à être ramené au Sed où il est détenu. Sur son insistance, une escorte va être dépêchée pour le ramener en cellule. Forcé ainsi d’écourter son traitement médical.
Problèmes respiratoires et ophtalmologiques
Après une rechute, l’ex-ministre d’État chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a été admis à l’hôpital général de Yaoundé le mercredi 17 juin dernier. Lors de sa dernière sortie médiatique, Marafa Hamidou Yaya déclarait dans une interview à Jeune Afrique en octobre 2014 : « Intellectuellement et mentalement, je vais bien, mais j’ai des problèmes respiratoires et ophtalmologiques qui s’aggravent. Mon état n’est pas compatible avec une incarcération, et les autorités le savent parfaitement. Cela dit, j’avais hâte de quitter l’hôpital, parce que ma seule présence perturbait les autres patients et le personnel. À chacun de mes séjours, l’établissement se transforme en forteresse, avec une cinquantaine de soldats armés jusqu’aux dents qui patrouillent dans les couloirs et sur les toits ! » regrettait-t-il.
Il se remettait alors tant bien que mal d’une deuxième hospitalisation en l’espace de quelques jours au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yaoundé, après avoir eu un malaise dans sa cellule au Secrétariat d’État à la défense chargé de la gendarmerie nationale où il est incarcéré. La récente hospitalisation à l’hôpital général de Yaoundé est au moins la troisième, en un an, de cet ancien collaborateur du chef de l’État qui tend à prendre ses habitudes dans les pavillons soins intensifs des grands hôpitaux de la capitale. Agé de 63 ans, Marafa Hamidou Yaya a été arrêté le 16 avril 2012, puis condamné à 25 ans de prison pour “complicité intellectuelle” de détournement de deniers publics dans l’affaire de l’avion présidentiel. Un pourvoi en cassation a été formé contre cette décision à la Cour suprême, où l’ouverture du procès devant cette juridiction est imminente.
Source: Eitel Elessa Mbassi, Le Jour