Jeune Afrique: Le « grand dialogue national » d’octobre 2019 au Cameroun n’est manifestement pas parvenu à rétablir la paix dans les régions anglophones du pays. Faut-il négocier avec les leaders indépendantistes anglophones ? L’armée doit-elle se retirer des provinces anglophones ?
António Guterres: Le Cameroun est un pilier important en Afrique centrale. Le pays est un hôte généreux pour des milliers de réfugiés et j’estime que la communauté internationale devrait s’impliquer davantage pour soutenir la réponse dans ce domaine. Le Cameroun joue aussi un rôle important dans la lutte pour éradiquer le terrorisme et l’extrémisme violent dans le bassin du Lac Tchad. L’ONU est également préoccupée par la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun.
Le dialogue national tenu à l’automne a conduit à l’adoption de mesures importantes, notamment en ce qui concerne le statut spécial attribué à ces deux régions. C’est un pas important mais il est aussi essentiel d’initier un dialogue avec les parties prenantes qui n’y ont pas pris part. L’ONU encourage les parties à s’engager et continuera son plaidoyer pour une résolution de la crise à travers un dialogue inclusif. Nous rappelons sans équivoque, à ce stade, que l’ONU insiste sur l’intégrité territoriale et la souveraineté du Cameroun.
Mon représentant spécial pour l’Afrique centrale, François Louncény Fall, s’est rendu à Yaoundé en janvier, avec le secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Je me joins à leur appel afin que le processus électoral menant aux élections législatives et municipales prévues le 9 février se déroule dans le calme et la sérénité.
Les efforts de l’ONU se poursuivent également pour chercher des solutions sur les questions des droits humains ainsi qu’à la dégradation de la situation humanitaire, suite aux violences et attaques enregistrées dans le sud-ouest, le nord-ouest et le nord du pays.
Des efforts accrus sont nécessaires pour protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants, ainsi que pour répondre aux besoins urgents des réfugiés et des personnes déplacées. Tout acte de violence doit être fermement condamné et des investigations transparentes doivent avoir lieu afin que justice soit rendue.
Source: David Eboutou