Intolérance et Cruauté Systémique à son Comble à Yaoundé
Ci-dessous la réaction indécente d’un partisan de la dictature en place depuis 37 ans au Cameroun, à la suite du décès dans ce pays de la mère d’un autre ressortissant Camerounais, professeur d’université vivant en France, activiste partisan du principal opposant incarcéré le Pr. Maurice Kamto.
Voilà le traitement qui nous est communément réservé, en raison de nos opinions, et auquel nous nous exposons en toute connaissance de cause. C’est aussi cela le prix à payer lorsqu’on milite ouvertement en faveur de la Liberté dans une tyrannie.
Ceci est surtout un autre exemple que nos politiques ethnofascistes ne sont pas exprimées avec des arguments rationnels.
Encore un triste rappel de la façon dont les opposants politiques légitimes sont attaqués au Cameroun de nos jours: cris et chants monosyllabiques et – parfois même – de la violence. Les partisans du régime de Biya ne sont pas des militants des droits civiques mais signalent au contraire des épidémies d’irrationalisme grave. Et le langage infantilisé dans lequel ils sont formulés nous dit, encore une fois, qu’il se passe autre chose dans la politique ethno fasciste que la politique. En effet de nombreuses angoisses collectives se cachent derrière tous ces comportements bizarres et jets de flammes électroniques, et d’autres manifestations de dénigrement social et de descente dans la déraison.
Le CL2P comprend que si nous voulons l’améliorer, nous devons d’abord comprendre son fondement et ses conséquences pernicieuses, telles que la montée en flèche des problèmes psychiatriques.
Ainsi, beaucoup de gens qui adhèrent à l’ethnofascisme veulent désespérément s’accrocher à leurs groupes ou communautés et diaboliser tout le monde en dehors de ceux-ci – en dépit du fait qu’une telle pensée morale à somme nulle est source de division et de préjudice pour le corps politique dans son ensemble. Cela aussi nous dit que la politique d’identité est dégagée de la discussion rationnelle et que celle-ci provient d’un endroit beaucoup plus fondamental et primordial.
En fin de comptes, ce genre de crise a plus à voir avec l’anthropologie qu’avec la politique. Les politiciens ethno fascistes surestiment toujours le pouvoir de l’ethnicité – et sous-estiment notre besoin les uns des autres de la manière la plus élémentaire. Judith Butler, une érudite américaine appellent cette interdépendance les «forces de la non-violence» reposant sur des formes productives de «relationnalité», qui montre non seulement comment les vies sont interdépendantes, mais aussi comment nos obligations éthiques de nous soutenir mutuellement découlent de cette interdépendance.
L’interdiction de la violence est une façon d’affirmer et d’honorer ce lien fondé sur l’égale valeur de la vie, mais ce n’est pas un principe abstrait ou formel. Nous avons besoin les uns des autres pour vivre et cela vaut autant pour les liens familiaux ou de parenté, que pour les liens transnationaux et mondiaux. La critique de l’individualisme a été une composante importante de la pensée féministe et marxiste, et elle devient urgente à mesure que nous cherchons à nous comprendre en tant que créatures vivantes liées à d’autres créatures humaines et non humaines, à des systèmes entiers puis à des réseaux de vie. Les différentes menaces de destruction peuvent prendre la forme de violences étatiques, de féminicide, d’abandons de migrants, de réchauffement de la planète. Nous devons repenser les liens de la vie pour savoir pourquoi nous sommes obligés de nous opposer à la violence, même lorsque précisément les hostilités s’intensifient.
Il est de notre responsabilité à titre individuel et collectif de nous demander comment nous vivons, reproduisons ou résistons aux structures de violence.
Donc, bien que le changement puisse se produire au niveau individuel, les modèles de justice réparatrice nous disent que les individus changent dans le contexte des communautés et des relations, et c’est ainsi que sont construites de nouvelles structures de relations, et que les plus anciennes sont démantelées. Cela signifie à son tour que l’éthique doit devenir plus qu’un projet individuel de renouvellement de soi, puisque des vies sont renouvelées en compagnie des autres. Ce sont ces relations qui nous soutiennent et, à ce titre, méritent notre attention et notre engagement collectifs.
Toutes nos sincères condoléances au Dr. Franklin Nyamsi.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
Intolerance and Systemic Cruelty at its Height in Yaoundé
Below the indecent reaction of a supporter of the dictatorship in place for 37 years in Cameroon, following the death in this country of the mother of another Cameroonian, university professor living in France, activist partisan of the main opponent incarcerated Prof. Maurice Kamto.
This is the treatment which is commonly reserved to us, because of our opinions, and to which we expose ourselves in full knowledge of the facts. This is also the price to pay when one is openly campaigning for freedom in tyranny.
Foremost this is another example that our ethnofascist politics are not expressed in rational arguments.
Just another sad reminder of how legitimate political opponents are attacked in Cameroon these days: screams and monosyllabic chants and — sometimes real — violence. Supporters of the Biya’s regime aren’t civil rights activists but, instead, signal outbreaks of serious group irrationalism. And the infantilized language in which they are couched tells us, again, that something more is going on in ethnofascist politics than just politics. There’s a lot of collective anguish lurking under all the bizarre electronic flame-throwing, bizarre behaviors and other manifestations of social unraveling and descent into unreason.
The CL2P understands that if we’re going to ameliorate it, we need first to understand its fundament and its pernicious consequences such as a sharp rise in psychiatric troubles.
Thus, many people who buy into ethnofascism want desperately to cling to their groups, and to demonize everyone outside them — despite the fact that such zero-sum moral thinking is divisive and harmful to the body politic as a whole. This, too, tells us that identity politics is disengaged from rational discussion, and coming from a much more primordial place.
In the end, this kind of crisis has more to do with anthropology more than it does politics. Ethnofascist politicians always overestimates the power of ethnicity — and underestimates our need for one another in the most elemental ways. What American scholars, Judith butler, calls the “forces of non-violence” based on productive forms of “relationality” in order to show not only how lives are interdependent, but also how our ethical obligations to sustain each other’s lives follow from that interdependency.
The interdiction against violence is a way of asserting and honoring that bond based on the equal value of lives, but this is not an abstract or formal principle.
We require each other to live and that is as true of familial or kinship ties as it is of transnational and global bonds. The critique of individualism has been an important component of both feminist and Marxist thought, and it now becomes urgent as we seek to understand ourselves as living creatures bound to human and nonhuman creatures, to entire systems and networks of life. The various threats of destruction can take the form of state violence, feminicidio, abandonment of migrants, global warming. We have to rethink the ties of life to know why we are obligated to oppose violence even when, or precisely when, hostilities escalate.
It is all of our responsibility to ask ourselves how we are living out, reproducing or resisting structures of violence.
So though change can happen at an individual level, restorative justice models tell us that individuals change in the context of communities and relationships, and that is how new structures of relating are built and older ones are dismantled. In turn, this means that ethics has to become more than an individual project of self-renewal, since lives are renewed in the company of others. Those relations are what sustain us and, as such, deserve our collective attention and commitment.
Our sincere condolences to Dr. Franklin Nyamsi.
The Committe For The Release of Political Prisoners – CL2P