Alors que son rival Ali Bongo s’est lui auto-proclamé Président sans l’accord consensuel des membres de la commission électorale indépendante et surtout sous des preuves évidentes de fraude opérée dans une région clairement identifiée du pays.
Tout laisse croire que la “légitimité” présidentielle de l’un ou de l’autre viendra ou dépendra – comme lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire” – de la reconnaissance que les différents membres de la communauté internationale (dont les plus influents) accorderont à celui qu’ils estimeront – en fonction bien sur de leurs intérêts – comme le vainqueur de l’élection présidentielle qui s’est tenue le 27 août au Gabon.
C’est ce qui arrive à des pays et singulièrement à une sous région d’Afrique centrale francophone où les leaders politiques sont pathologiquement incapables de maturité démocratique.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Jean Ping s’autoproclame président du Gabon
Le Monde.fr avec AFP
« Le monde entier sait qui est le président de la République : c’est moi, Jean Ping », a affirmé, vendredi 2 septembre, l’adversaire d’Ali Bongo à la présidentielle gabonaise, lors d’une conférence de presse tenue à son domicile de Libreville. Il réclame un recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote.
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« En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé. Aussi j’en appelle à la responsabilité des uns et des autres, afin que le pays retrouve le chemin de l’apaisement », a dit Jean Ping lors de sa première prise de parole depuis la victoire annoncée d’Ali Bongo, le 31 août. Et d’ajouter : « Je sais que l’apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes (…) est rétablie et respectée sur la base du comptage des voix, bureau de vote par bureau de vote tel que nous le souhaitons. »
Il a rappelé qu’il s’agissait d’une exigence formulée par « le Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la France et les Etats-Unis ».
Le pouvoir gabonais refuse catégoriquement ce recomptage, invoquant la loi électorale du pays, qui ne prévoit pas une telle procédure.
Les leaders de l’opposition relâchés vendredi soir
Assis en bout de table, dans une allocution très solennelle, Jean Ping s’exprimait face à des partisans et des leaders de l’opposition relâchés peu de temps avant. Une vingtaine d’entre eux était retenue par les forces de l’ordre à son quartier général depuis jeudi matin. Ce dernier avait alors été pris d’assaut.
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Après plus de trente-six heures et une intervention de la France, les autorités gabonaises ont finalement autorisé ces leaders de l’opposition, dont un ancien vice-président et deux anciens ministres, à repartir vendredi soir. Ils se sont alors rendus au domicile de M. Ping.
Ce dernier a remercié « solennellement nos amis de toujours à l’extérieur comme à l’intérieur du Gabon pour leur appui au renforcement de la démocratie dans notre pays ».
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Les Gabonais ont voté le 27 août pour désigner leur président lors d’un scrutin à un tour. Mercredi en fin de journée, la commission électorale a annoncé la victoire du chef de l’Etat sortant, Ali Bongo Ondimba, avec 49,80 % des voix M. Ping (48,23 %).
Depuis l’annonce de la réélection de M. Bongo, le pays est en proie à des troubles ayant fait au moins cinq morts.
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Au Gabon, un scrutin à recompter
LE MONDE
Editorial du « Monde ». Normalement, le million et demi d’habitants du Gabon devraient vivre dans la richesse, santé et emploi garantis. Ce petit Etat d’Afrique centrale est l’une des grandes puissances pétrolières du continent – une sorte de Koweït africain. Mais les deux tiers des Gabonais vivent dans la pauvreté. Au fond, ce qu’il y a de plus tragique en ce lendemain d’élection présidentielle au Gabon, c’est cet arrière-plan politico-économique : la permanence d’un « système » qui entretient la misère.
Et sans doute faut-il attribuer une partie de la colère qui s’est emparée de nombre de Gabonais à l’issue de l’élection présidentielle du samedi 27 août à un sentiment d’impuissance face à un état de fait qui ne devrait pas être. La violence des manifestations et des combats de rue de ces quatre derniers jours à Libreville, la capitale, dépasse la seule contestation des résultats du scrutin. Elle témoigne d’un gros coup de ras-le-bol.
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L’élection mettait en lice deux caciques du régime. D’un côté, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, fils d’Omar Bongo, qui « dirigea » le pays quarante ans durant. M. Bongo Ondimba, élu une première fois en 2009, avait déjà vu ce résultat assez largement contesté. En face, son ancien beau-frère, plusieurs fois ministre du temps du président Omar Bongo, Jean Ping, 73 ans, décidé à en finir avec la dynastie régnante. Quelque 700 000 électeurs ont voté le 27 août, sous haute surveillance internationale. Mercredi soir, les résultats officiels donnaient la victoire à M. Bongo Ondimba : 49,80 % des voix, contre 48,23 % à son adversaire.
Prévarication et corruption
Score immédiatement contesté par l’opposition qui réclame un recomptage des votes et dont nombre de partisans sont descendus dans la rue. Emeutes, pillages, affrontements avec les forces de l’ordre, incendie partiel de l’Assemblée nationale, cinq morts au moins et des centaines d’interpellations : Libreville vit dans le chaos. Le QG de M. Ping est cerné par des troupes, qui retiennent en otage une bonne partie des dirigeants de l’opposition. Nombre d’observateurs internationaux s’étonnent de la façon dont le scrutin s’est déroulé dans le fief de la famille Bongo. Il y a matière à contestation.
Longtemps complice du « système » de prévarication et de corruption qui tient lieu de gouvernance à Libreville, la France s’est cette fois alignée sur la position de l’Union européenne : il faut republier les résultats, bureau par bureau. Le Conseil de sécurité de l’ONU a fait part de sa « profonde préoccupation ». M. Bongo Ondimba – qui, durant sept ans, a été assez largement incapable de rompre avec le « système » – ne veut rien entendre.
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Que faire ? L’Union européenne se défie de toute ingérence directe. Elle aimerait que les organisations régionales, notamment l’Organisation africaine, fassent pression sur M. Bongo Ondimba et imposent ce recomptage des votes. Mais l’Organisation, au nom du sacro-saint principe de souveraineté, semble s’y refuser.
Solidarité mal comprise entre dirigeants africains ? C’est pourtant à eux qu’il revient de jouer franchement le jeu de la démocratie, de savoir quitter le pouvoir, d’interrompre ces lignées dynastiques – particulièrement en Afrique centrale – dans lesquelles une population africaine, jeune, urbaine et dynamique ne peut pas se reconnaître. Un vrai homme d’Etat se juge à son aptitude à céder la direction de l’État, justement. La longévité au pouvoir est le signe d’une « mal gouvernance » synonyme de corruption.