Comme sous le politburo agonisant de l’ancienne Union Soviétique, Jeune Afrique n’entrevoit le changement au Cameroun qu’à l’intérieur du cartel de vieillards qui tiennent ce pays en otage depuis 36 ans.
Si Brejnev alias Paul Biya casse enfin la pipe, l’hebdo panafricain nous annonce déjà qu’il sera remplacé par Tchernenko alias Laurent Esso, qui lui-même a une forte probabilité de s’en aller aussitôt pour être remplacé par Andropov alias René Sadi….
Qui sera donc le Gorbatchev camerounais?
Dans ce pays où “la moitié de la population a moins de 17,7 ans et le poids démographique des moins de 15 ans se situe à 43,6 %, les personnes âgées de plus de 60 ans ne représentant que 5,5 % de la population totale…
À défaut d’être très porté sur la promotion du processus démocratique en Afrique noire, cette donne démographique camerounaise peut-elle parler à Jeune Afrique, et refréner son apologie de la gérontocratie au Cameroun?
JDE
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JEUNE AFRIQUE, LES DAUPHINS ET NOUS
Ce matin, j’ai lu un article intitulé « Jeune Afrique désigne Laurent Esso comme successeur de Paul Biya »
Rappelons très brièvement que cette semaine en Une, Jeune Afrique a titré « Et si c’était lui ?» en traitant du ministre d’Etat chargé de la Justice, Laurent Esso. Comme d’habitude, ceux qui en parlent n’ont pas lu. Quoi qu’il en soit, cette couverture nous vaut mille procès au tribunal frivole des réseaux sociaux, où les juges condamnent sur la base d’arguments fallacieux. Je propose ici une esquisse de plaidoirie. Qui sait, peut-être quelques-uns liront-ils jusqu’au point final :
JEUNE AFRIQUE DEVRAIT-IL DESIGNER UN CANDIDAT ? Non, ça n’a jamais été notre intention. Il y a quelques années, nous proposions le même titre avec René Emmanuel Sadi en couverture. Et ce n’est pas fini. Nous nous livrerons encore et encore à d’autres conjectures de journalistes. Nous n’avons pas inventé le système camerounais, cette redoutable chaîne alimentaire au sommet de laquelle trône un « prédateur » qui dévore ses rivaux. Nous n’en sommes que les commentateurs.
UN JOURNAL quel qu’il soit, peut-il désigner un candidat ? Un journalistes n’a pas vocation à décider du vote des électeurs. Même si, en dépit des garde-fous, cela peut se produire même dans les grandes démocraties. Mark Zuckerberg s’en défend mais, oui, Facebook a aidé à faire élire Donald Trump ; Deux magnats australiens de la presse, Rupert Murdoch et Conrad Black ont une influence avérée sur la montée des Néo Cons et, par la suite, des Tea Party, qui ont fait élire des présidents – républicains- américains et favorisé le Brexit en Europe.
LES JOURNALISTES ONT POUR DEVOIR d’éclairer l’opinion, de recouper, hiérarchiser, classer, les infos mais, aussi, évaluer les personnages, les présenter en soulignant leurs forces et leurs faiblesses. Seul le peuple souverain choisit. Croire un seul instant que ce choix serait l’apanage d’un journal ou même celui du président sortant est révélateur de la crise sociétale dans laquelle ce pays est empêtré. En effet, quel citoyen « éclairé » abdiquerait par lui-même ses droits fondamentaux ?
ESSO, SADI ET LES AUTRES « Dauphins » sont-ils candidats à la succession de Paul Biya ? Les hommes d’État ne disent pas ce qu’ils pensent. Non pas parce qu’ils ne sont pas sincères mais parce que ce n’est pas ce qu’on leur demande. Pis encore dans notre ersatz de démocratie, où s’épancher peut-être mortel. Dès lors, que doit faire un journaliste professionnel ? Respecter le silence de ceux qui y pensent en se rasant mais gardent leurs projets pour eux ? A notre avis non. Autant confier nos destins à d’illustres inconnus. Nous devons avoir l’impertinence de les débusquer. Nous le faisons depuis des années. Nous attendons encore que ces messieurs ainsi désignés nous saisissent d’un droit de réponse avec pour titre NON, JE NE SUIS PAS CANDIDAT.
A CEUX QUI DOUTENT DE TOUT, ces extralucides qui voient des manœuvres derrière le moindre articulet, ils s’aveuglent eux-mêmes en se privant des hypothèses les plus simples. Tant pis, nous allons continuer à susciter le débat sur l’alternance et contribuer à enraciner la culture démocratique, n’en déplaise aux imprécateurs de la pensée unique. Le vrai danger qui menace la démocratie étant de se tromper dans l’isoloir faute d’informations et donner ainsi raison à Jean Paul Sartre, qui qualifiait les élections de « pièges à cons »