Propos simplement inacceptables dans le cadre d’un débat d’idées où toutes les opinions peuvent s’exprimer et s’entendre, sans jamais porter atteintes à l’honneur des personnes, notamment de décideurs politiques élus en charge de la gouvernance des États.
Car ce sont au fond ces derniers – les États – qui sont ainsi vilipendés, à un moment où en plus ils sont particulièrement fragilisés par la menace terroriste.
Oui à la critique acerbe des présidents Africains, Non à l’injure!
Cependant comment ne pas déplorer le caractère disproportionné de cette détention même provisoire par rapport aux faits reprochés à M. Seba..Surtout quand cela se déroule dans un pays devenu un modèle en matière de respect des libertés individuelles en Afrique noire francophone: le Burkina Faso
C’est l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur le vedettariat qui a gagné les rangs de l’activisme panafricain et qui laisserait croire à certains leaders multipliant des propos injurieux et diffamants qu’ils jouiraient d’une certaine impunité.
Non seulement ce ne saurait être le cas, mais ils et elles reproduisent exactement la même brutalité verbale et parfois physique (dans les rangs des organisations de la diaspora notamment) que leurs bourreaux..
Nous appelons néanmoins à la libération immédiate de M. Kémi Séba.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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Burkina: le militant Kémi Seba interpellé pour avoir insulté le président Kaboré
Le militant franco-béninois et président d’Urgences panafricanistes Kémi Seba est en garde à vue depuis samedi à Ouagadougou. Il avait participé, samedi 21 décembre, à l’université de Ouagadougou 1, à un débat houleux sur le franc CFA.
Au cours de ce débat le 21 décembre à l’université Ouagadougou 1 sur le franc CFA, le militant franco-béninois Kémi Seba a traité le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré de « passoire politique ». Des propos mal accueillis par des jeunes proches du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Il a été amené à la gendarmerie, dans un premier temps, pour le mettre à l’abri de partisans du parti au pouvoir en colère. Mais dans un second temps, les gendarmes lui ont expliqué qu’il était en garde à vue. Maître Prosper Farama a pu rencontrer son client, samedi en fin d’après-midi :
« Dès mon arrivée, l’agent enquêteur lui a signifié que sur de nouvelles instructions du procureur, désormais, il devrait considérer qu’il était retenu dans le cadre d’une procédure engagée contre lui pour injure à l’encontre du chef de l’État, M. Roch Christian Kaboré. Au delà des injures, on lui reproche d’avoir incité les populations et notamment la jeunesse à la révolte ; d’avoir aussi, d’avoir tenu certains propos, notamment en disant que sous le régime du président Compaoré, la sécurité était mieux assurée au Burkina que sous le régime du président Kaboré. Il avait, par ce fait là, tenté de démoraliser, selon les termes de l’agent enquêteur, “tous ceux qui se battent au Burkina Faso contre le terrorisme. »
Pour Hervé Ouattara, le responsable du Front anti-CFA qui avait invité Kémi Seba à participer au débat, son interpellation marque les limites de la liberté d’expression au Burkina Faso.
« Pour nous, c’est une entrave à la liberté d’expression, déclare-t-il. Nous nous sommes battus pour cette liberté. Je pense que c’est au prix du sang que nous avons acquis cette liberté. Le président Kaboré est aujourd’hui le prix de cette lutte. Donc pour nous, arrêter Kemi Seba parce qu’il a juste traité le président Kaboré de “passoire politique”, c’est revenir en arrière. L’attitude du régime actuel n’est pas pour favoriser le développement, l’expression de cette liberté ».
Par RFIPublié le 22-12-2019Modifié le 23-12-2019 à 01:00