La Folie de Crier au Loup à Yaoundé
Par Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
La dernière réaction de panique de l’idéologue ethno-fasciste attitré de la dictature camerounaise Dr. Mathias Eric Owona Nguini concernant une enquête récente de Jeune Afrique révélant le secret de polichinelle suivant lequel la jeune épouse du président Biya est aujourd’hui le véritable pouvoir derrière le trône, est assez révélatrice sur l’inconsistance d’un universitaire qui avait déjà eu à théoriser cette situation ubuesque dans l’enceinte de son campus en parlant d’ «une dyarchie chantaliste biyaiste », allant même jusqu’à appeler l’excentrique première dame le «vicaire du président» et «son numéro 10» sur le terrain de football. Il a pour cela reçu une promotion à la suite de cette forme de panégyrique.
Maintenant, c’est le même personnage qui qualifie les journalistes de Jeune Afrique de militants politiques, dont il accuse d’appeler à une « insurrection » contre le régime de Yaoundé qu’il défend mordicus.
Il faut voir cette sortie comme plus qu’une petite tactique polémique, mais comme une partie de la culture d’intimidation d’un régime aux abois, dans son anxiété, et surtout sa peur certes sourde mais désormais réelle. Ainsi, quiconque énonce des faits que le régime de Yaoundé n’apprécie pas, y compris des faits énoncés auparavant par le régime lui-même, appellerait à une «insurrection», et est donc de facto un «terroriste». Une confusion grave est de la sorte sciemment entretenue avec les vraies victimes de véritables insurrections. Aussi, ça rend inutile de dire quoi que ce soit sur les vraies victimes d’insurrections réelles, puisque la rhétorique officielle contribue à sous-estimer leur nombre et même à nier leur existence en privilégiant la force de l’inertie que déclenche le discours cynique du régime consistant à crier immédiatement au loup à la moindre critique fondée. De plus, il s’agit d’une véritable injustice pour les Camerounais ordinaires qui sont emprisonnés pour «insurrection» et donc passibles de la peine de mort.
En résumé, nous réalisons à travers cette réaction épidermique comment sans aucun effort intellectuel le docteur Owona Nguini et le régime de Yaoundé réécrivent l’histoire à la volée. Deuxièmement, il en ressort le fait qu’ils ont réellement limité leur capacité à mettre en garde de manière crédible et structurée contre les dangers réels d’une vraie insurrection. Par conséquent chaque fois que le régime de Yaoundé crie et criera au loup, indépendamment du mérite des critiques les plus autorisées comme Jeune Afrique, nous savons maintenant que l’accusation d‘« insurrection » sera non seulement creuse, mais infondée.
Ce qui amène au deuxième constat: comme pour son idéologue ethno-fasciste Owona Nguini, le régime de Yaoundé a littéralement épuisé son stock d’arguments politiques crédibles et efficaces.
En effet, lorsque le Dr Owona Nguini s’insurge contre Jeune Afrique pour quelque chose qu’il a lui-même soutenu auparavant, on est surtout frappé par la faiblesse de son argumentation. En plus, faut-il rappeler que le Pr. Kamto et les dirigeants du MRC sont emprisonnés pour, entre autres, insurrection; donc passibles de la peine de mort au Cameroun. C’est la preuve s’il en est que le langage apocalyptique ne résout en rien les véritables différences politiques.
Si ce n’est pas crier au loup, qu’est-ce que c’est alors?
Car confronté à de vraies réalités et à une opposition légitime, le régime de Yaoundé n’a plus aucune dénonciation radioactive en réserve. Elles ont toutes été déployées contre deux générations de critiques légitimes et de vrais opposants embastillés. Désormais les mêmes vieilles accusations récurrentes reviennent tout le temps, en changeant uniquement de cible.
Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
English version
The Folly of Crying Wolf in Yaoundé
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Sopkesman of the CL2P
The last panicked reaction of Dr Eric Mathias Owona Nguini regarding a recent article by Jeune Afrique exposing a secret of polichinelle that the president’s wife is the real power behind the throne is really telling for a man who couple of years ago made the same argument about what he called “a diarchy chantalist-Biyaiste” calling the first lady the president’s vicar and his number 10 on the soccer field. He then received a promotion because of that over the top form of panegyric.
Now, labelling journalists at Jeune Afrique as political activists calling for an “insurrection” against the regime of Yaoundé is more than a polemical tactic but part of regime of intimidation, anxieties and fear. Thus, anyone who states facts that the regime of Yaoundé does not like, including facts stated by the regime, is calling for an “insurrection,” therefore, is de facto a “terrorist.” Needless to say anything about real victims of real insurrections, solely and always, a habit of underestimating the forces his constant fearmongering might unleash. More, a real injustice for those ordinary Cameroonians being locked up on charges of “insurrection” which carries the death penalty in Cameroon.
Moreover, how effortlessly Dr. Owona Nguini and the regime of Yaoundé rewrite history on the fly. Second, the reality that they really do have limited their ability to credibly warn against the real dangers posed by a real insurrection. When this game is played every single time, regardless of the merits of the criticisms in question, the charge of “insurrection” becomes hollow.
Which brings to the second observation: as with Dr Owona Nguini, the regime of Yaoundé has exhausted its supply of effective political language. Indeed, watching Dr Owona Nguini ranting against Jeune Africa for something that he supported before, one is struck by how limited were his options — and are the options of those who make an even more explicit case against the Cameroonian opposition with Pr. Kamto and the leadership of the MRC being locked up on charges of insurrection, among others, which carry the death penalty in Cameroon.
Apocalyptic language does nothing to solve genuine political differences. More, if this isn’t crying wolf, what is?
Confronted with genuine realities and legitimate opposition, the regime of Yaoundé don’t have any radioactive denunciations in reserve anymore. They have all been deployed against a couple of generations of legitimate criticisms and opposition and the charges never change, just the target.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P