Le fils putschiste du dictateur défunt du Tchad Idriss Déby Itno est désormais adoubé par les différents dinosaures de la Françafrique après le feu vert donné par Paris à une prise dynastique et inconstitutionnelle du pouvoir.
Certains osent pourtant trouver les acteurs des sociétés civiles et les panafricanistes excessifs chaque fois qu’ils estiment que l’écrasante majorité de la classe dirigeante française – une puissance mondiale moyenne – considère implicitement les noirs francophones d’Afrique comme des « sous-hommes », toujours pas assez dignes de vivre en démocratie et dans des États développés.
Vous en avez la démonstration aujourd’hui avec cette succession dynastique au Tchad, téléguidée à partir du Quai d’Orsay et de l’Élysée, avec la complicité de la dictature camerounaise, des pantins roitelets de la communauté des états d’Afrique centrale (CEAC), de la commission de l’union africaine (dirigée par l’ancien ministre des affaires étrangères de Deby, Moussa Faki Mahamat), puis de l’étrange mutisme de l’Union européenne et de l’ONU.
Tous déplorent la mort de Deby. Et pour cause?!
Cette classe politique française qui déplore unanimement le décès de l’horrible tyran sanguinaire Idriss Deby Itno du Tchad indique à suffisance le peu de cas qu’elle a toujours fait de l’amélioration substantielle de l’indice de développement humain sur le continent et encore moins des atteintes récurrentes aux libertés dans ce pays, notamment les disparitions forcées successives des opposants et de leurs proches sous la dictature d’Idriss Deby.
Il ne faut donc attendre d’aucun de ces acteurs politiques, en dépit des discours convenus, la moindre inflexion dans le soutien qu’ils apportent depuis des décennies à ces présidents illégitimes et criminels. La présence annoncée à Djamena de M. Macron aux obsèques de Deby, malgré l’inconstitutionnalité de la transition dynastique en cours, ne devrait pas plus nous surprendre et nous indigner. Elle est conforme à une mentalité hégémonique assise sur une logique de domination par la présence militaire dont la base Barkhane constitue le point névralgique. Le président Macron ne pouvait ainsi logiquement ne pas s’y rendre pour conforter les putschistes mis en place par Paris et regonfler le moral des troupes françaises.
Nous devons continuer à nous appuyer sur le rejet populaire et unanime aujourd’hui de cette présence néocoloniale de la France en Afrique noire francophone, puis sur l’activisme international des sociétés civiles et des diasporas afro-descendantes dans le monde pour contraindre la France officielle à une relation équilibrée et respectueuse de « l’Homme africain » notamment dans ces pays voulus de son ancien pré-carré en Afrique. Nous ne pouvons en effet léguer ce fardeau servile et néo-colonial aux générations futures (françaises et africaines confondues).
Toute résignation devant la Françafrique est à bannir des esprits!
Car se résigner à ce modèle politique, économique et social d’une servitude coloniale à perpétuité imposée aux africains par la France officielle ne serait autre que fermer complètement toute perspective d’émancipation aux futures générations d’Africains condamnées ou à la mendicité sur place, ou à la migration clandestine particulièrement meurtrière dans la Méditerranée…au nom voulu de la préservation des intérêts stratégiques de la France en Afrique, masqués derrière la lutte légitime contre le terrorisme.
L’urgence à signifier y compris aux autorités françaises commande au rétablissement de l’ordre constitutionnel au Tchad avec un retrait immédiat des hauts gradés de l’armée dans les casernes. En effet les peuples d’Afrique, les acteurs politiques et de la société civile ne veulent plus de ces grossières mises en scènes de transitions orchestrées depuis les chancelleries occidentales, notamment au Quai d’Orsay conjointement avec la « cellule » africaine de l’Élysée.
Messieurs Macron, Le Drian et consorts…Les Africains noirs francophones sont également des êtres humains dignes d’aspirer à un mieux être chez eux, pour eux-mêmes et leurs enfants, puis à des alternances démocratiques dans leurs pays respectifs en 2021.
Ça suffit avec cette mentalité rétrograde et raciste (n’ayons pas/plus peur des mots)!!!
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)