La Francophonie, “ce machin” françafricain à travers lequel les peuples d’Afrique ne peuvent évidemment pas se reconnaître, parce que traduisant tout l’archaïsme de la relation paternaliste entre la France et ses anciennes possessions coloniales.
Plus que jamais cette organisation n’intéresse personne, en dehors des tyrannies héréditaires présentes à Antananarivo, et ne saurait donc s’attribuer ou se revendiquer une représentativité populaire qu’elle n’a en réalité jamais eue.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
[spacer style="1"]
Michaëlle Jean, le charme inefficace de la francophonie
Haïtienne, arrivée au Canada à l’âge de 11 ans, Michaëlle Jean a exercé le métier de journaliste pendant dix-huit ans avant de devenir Gouverneur général du Canada, puis Secrétaire générale de l’OIF.
Les chefs d’État et de gouvernement francophones se retrouvent pour un sommet très attendu les 26 et 27 novembre à Madagascar.
Grâce à son sourire, la francophonie a gagné en charme et en vivacité. Il n’est pas certain, en revanche, qu’elle ait redoublé d’efficacité. Deux ans après son arrivée à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean tient son premier sommet ce week-end à Antananarivo, capitale de l’un des pays les plus pauvres du monde, Madagascar. Le rendez-vous doit réunir une trentaine de chefs d’Etat autour d’un thème ambitieux: «Croissance partagée et développement responsable». Regroupant 57 Etats et gouvernements et 23 pays observateurs, l’OIF reste trop inexistante au regard des 274 millions de locuteurs francophones que compte la planète.
Première non-Africaine élue à ce poste, cette Canadienne née à Port-au-Prince (Haïti) il y a 59 ans, peine à imprimer sa marque à l’heure où de nombreuses crises traversent l’Afrique, continent accueillant la majorité des francophones du monde. Son prédécesseur, Abdou Diouf, jouissait d’une aura qui fonctionnait comme un sésame dans ces contrées. L’ancien chef d’Etat du Sénégal, qui est resté douze ans à la tête de l’Organisation, reconnu pour son intelligence politique, parvenait à imposer des équipes d’observateurs de l’OIF lors de scrutins cruciaux ou bien dépêchait des missions de médiation en cas de contentieux post-électoral. Michaëlle Jean semble moins réactive. A l’occasion du dernier scrutin gabonais, le 27 août, qui a donné lieu à quelques tripatouillages dans les urnes, l’Union européenne a parlé d’«anomalie évidente». La nouvelle secrétaire générale, elle, s’est contentée un mois plus tard, alors que la Cour constitutionnelle tranchait en faveur d’Ali Bongo, d’un communiqué déplorant «un scrutin malheureusement émaillé de lourdes difficultés, d’épisodes de violence meurtriers et d’irrégularités»…
La priorité aux femmes
Les priorités de Michaëlle Jean semblent ailleurs, du côté du statut des femmes et, plus largement, des questions de société. Ainsi, son programme «Libres ensemble», qui propose à la jeunesse francophone sans frontières de poster une vidéo sur le thème du vivre-ensemble via «un texte slamé, une chanson, un montage ou la présentation d’un projet citoyen». Au menu des discussions de ce 16e sommet de la Francophonie, l’environnement et l’économie occuperont une bonne place. Et peut-être aussi son train de vie? Déjà épinglée avant l’été pour des notes de frais exorbitantes pour acquérir un piano à 13.900 € ou résider cinq nuits à New York (45 000 € d’hôtel), elle s’en trouverait décrédibilisée si le sujet s’invitait dans les tables rondes. D’autant plus que Michaëlle Jean dit vouloir rationaliser les coûts de l’OIF pour cause de disette budgétaire des principaux Etats contributeurs, France, Suisse et Canada en tête. Ce sommet a valeur de test pour celle qui devrait, en 2018, briguer un second mandat.
Par Guyonne de Montjou