Par Caroline Meva, écrivaine
REMARQUES PRÉLIMINAIRES
Mon propos est fondé sur mon expérience personnelle en tant qu’ancienne victime rescapée du mécanisme dit du « rouleau compresseur ». Ce texte est également une compilation de divers témoignages des victimes du rouleau compresseur, surnommé « opération épervier », dûment consignés dans des ouvrages publiés, dont la référence se trouve à la fin de l’article. Après analyse des faits sus-évoqués, et particulièrement celle de la gestion du covidgate qui est en cours en ce moment, je tire les conclusions logiques qui s’imposent, et qui n’engagent que moi. Je me propose, par ailleurs, de publier mon livre sur les dérives de l’opération épervier et du mécanisme du rouleau compresseur dans les prochains mois.
Pour une critique objective et responsable, j’invite les personnes promptes à critiquer, à insulter, calomnier, proférer des menaces de mort lorsque le message n’est pas à leur goût, de prendre au préalable la peine de se procurer et de lire au moins l’un des ouvrages cités plus bas, qui sont en vente libre et en version numérique sur les sites Amazon.fr, La FNAC, Decitre, par exemple.
LE ROULEAU COMPRESSEUR
Le rouleau compresseur, est un engin utilisé dans le domaine du bâtiment et des travaux publics pour aplanir et compacter le sol. Dans le contexte camerounais, le rouleau compresseur désigne un mécanisme destiné à broyer sur son passage les hommes, les biens et les structures, considérés comme dangereux par les auteurs de ce mécanisme macabre. Le rouleau compresseur vise la destruction psychologique de la victime, son élimination sociale, politique, voire physique, dans certains cas. Ce mécanisme de destruction et de mort se déploie suivant des codes et des procédés bien définis, avec quelques variantes suivant la situation socio-politique et le degré de « dangerosité » de la victime, qui sont les suivants :
1) – La désignation de la cible gênante à éliminer coûte que vaille, qui constitue une menace pour certains individus ou pour les intérêts d’un clan particulier. La cible à éliminer est présentée par les commanditaires du rouleau compresseur comme un bouc-émissaire, qu’ils rendent responsable de toutes les tares et dysfonctionnements du système, et qu’ils livrent à la vindicte populaire.
2) – La manipulation de l’opinion publique par un lynchage médiatique en règle. La cible est ainsi vilipendée, calomniée, traînée dans les immondices par des médias à gage et aux ordres.
3) – La mise à contribution de la CONAC, l’ANIF, du CONSUPE et des cabinets d’audit, dont les conclusions conduisent, invariablement et à coup sûr, à l’engagement d’une procédure judiciaire contre les victimes à éliminer, immédiatement suivie de son arrestation dans la plupart des cas. Les griefs relevés par les victimes contre les dysfonctionnements, les tares et travers de ces structures de contrôle sont nombreux.
4) – Les arrestations spectaculaires, en mondovision et hyper-militarisées. Le déploiement impressionnant des forces de l’ordre contre des individus civils non armés est jugé disproportionné pour la majorité des cas. Maître Yondo Black, dans son ouvrage sur l’opération épervier intitulé Une justice qui vous broie… Affaire Me Lydienne Yen Eyoum ; une justice sous influence, dit ceci à la page 37 : « (…) spectacle si désolant digne des arrestations de la Gestapo aux pires heures de l’époque nazie de bien sinistre mémoire ».
5) – Des procès kafkaïens se déroulent au Tribunal Criminel Spécial (TCS), entachés d’irrégularités, de violations des lois, des règlements et des procédures pénales, ouvrant la voie à l’arbitraire et à l’injustice, et qui, de ce fait, décrédibilisent l’institution judiciaire. Les sanctions contre les victimes sont jugées partiales, disproportionnées et injustes. Urbain Olanguena dit à cet effet : « C’est donc une justice d’un nouveau genre, une justice de fiction, une justice de spéculation, une justice du soupçon hors réalité qui se met en place, préférant davantage le mensonge à la réalité » ; (Mensonges d’État : Déserts de République au Cameroun, page 17). Plus loin, dans le même ouvrage, en page 258, il ajoute : « (…) Donc, ni droit, ni justice, rien que l’arbitraire, tels sont les habits hideux d’un acharnement judiciaire qui va se déployer dans la dénaturation des faits, la confusion intellectuelle de notions conduisant à la forfaiture des juges chargés de l’unique mission de condamner ». En plus de ses nombreux dysfonctionnements, il est reproché au TCS d’être une institution judiciaire aux ordres du Pouvoir Exécutif.
À suivre : le naufrage de l’opération épervier.
OUVRAGES PUBLIÉS SUR LE ROULEAU COMPRESSEUR ET L’OPÉRATION ÉPERVIER
TITUS EDZOA : Méditations de Prison : Échos de mes silences, Éditions Karthala.
JEAN-MARIE ATANGANA MEBARA : Lettres d’ailleurs : Dévoilements préliminaires d’une prise de l’« Epervier » du Cameroun : Éditions l’Harmattan, Paris, décembre 2016.
JEAN-BAPTISTE NGUINI EFFA : De la Tour Elf à la prison centrale de New-Bell : Histoire d’une déchéance sociale injuste et réflexions sur la gouvernance au Cameroun ; Editions l’Harmattan, Paris, 2011.
URBAIN OLANGUENA AWONO : Mensonges d’État : Déserts de République au Cameroun ; Éditions du Schabel, février 2016
MAÎTRE BLACK YONDO : Une Justice qui vous broie… Affaire
Maître Lydienne Yen Eyoum : Une justice sous Influence ; Editions l’Harmattan, Paris, 2017.
CHARLY GABRIEL MBOCK : L’Opération Epervier au Cameroun : Un devoir d’injustice ? Kiyikaat Editions, Montréal, octobre 2011.
MARAFA HAMIDOU YAYA : Le Choix de l’action : Mes dix ans au MINAT ; Les Editions du Schabel, Yaoundé, septembre 2014.