La Mort D’un Baobab : Réflexions sur un Cameroun Perfectible
Le décès annoncé à Paris de l’un des tout premiers grands industriels camerounais …VICTOR FOTSO : Un véritable monument dans le monde de l’entreprise du pays, devenu une référence pour des générations successives d’entrepreneurs, et dont l’exceptionnelle fidélité au parti-État au pouvoir (de l’UNC au RDPC) semblait dérisoire par rapport à sa réussite commerciale. Le “Père FOTSO” était en effet un homme parti de rien, dont la longévité et l’exceptionnelle réussite commerciale agissaient presque comme un facteur de stabilité dans l’inconscient de chacun d’entre-nous, malgré ses choix politiques critiquables. Pourvu que son immense empire – du moins ce qu’il en reste après les années de détention arbitraire de son fils YVES MICHEL FOTSO – puisse lui survivre
La mort de Fotso Victor est donc l’occasion de réfléchir sur l’interaction du droit, de la politique ethnique et de la citoyenneté dans les discours officiels au Cameroun, puis sur le rôle des organisations de défense des droits de l’Homme, comme le CL2P.
Le CL2P est connu pour lutter contre les violations des droits de l’Homme dans le pays et notamment d’avoir reconnu Yves Michel Fotso comme un prisonnier politique au moment où l’opinion générale aidée par la propagande officielle certifiait le contraire. Notre défense va de la sorte de pair avec une vision de la démocratie et des droits de l’Homme qui servent de critiques à la politique ethnofasciste, d’instrumentalisation de la Justice et d’exclusion menée depuis 38 années par le régime Biya.
Surtout elle met en exergue les façons dont la souveraineté nationale est privatisée par le «Nnom Guii» (le chef des chefs) au Cameroun, où il a pratiquement le droit de vie et de mort sur tous les Camerounais, et peut selon son bon vouloir assigner un statut de « prévaricateur de la fortune politique» à une victime de son choix, en contradiction flagrante comme ici avec la réalité du dossier d’accusation et des conditions particulièrement inhumaines de détention.
Dans ce contexte, l’activisme des droits de l’Homme devient un outil pour mobiliser la souveraineté populaire afin de combattre ce qui est en pratique une forme d’ethnofascisme.
En particulier, les mécanismes ethnofascistes complexes à travers lesquels Victor Fotso a réussi à naviguer pendant d’aussi longues années pour devenir l’un des hommes d’affaires les plus prospères du Cameroun, au point d’avoir été accusé « de sacrifier son enfant » au régime.
Au CL2P, nous pouvons dire que le patriarche, comme la plupart des Camerounais, a dû simplement composer avec un régime qui n’était pas de son choix. Cela dit, alors que nous faisons face à la crise majeure du coronavirus, il y a une sagesse qui affirme qu’il n’y a pas de plus grand traître qu’un traître en temps de crise.
Aussi, que la mort du patriarche de Bandjoun aide à surmonter les mauvais penchants de ce régime et son engouement pour l’hédonisme puis sa relation malsaine avec le temps ancrée dans un culte de l’immortalité obscène, donc sans aucune vision d’avenir ni sens du bien commun.
Nous souhaitons que cette mort aide à briser l’impasse éthnofasciste actuelle dans le pays et à inaugurer un nouveau cycle où la politique des griefs et du ressentiment personnel est clairement mise de côté pour enfin résoudre les véritable problème sociaux du Cameroun.
Paix à son âme
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
VIDÉO:
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English version
Death of a Baobab: Reflections on a Perfectible Country
The death announced in Paris of one of the very first big Cameroonian industrialists … VICTOR FOTSO. A real monument in the country’s corporate world, which has become a benchmark for successive generations of entrepreneurs, and whose exceptional loyalty to the ruling party-state (from the UNC to the CPDM) seemed derisory compared to its commercial success.
“Father FOTSO” was indeed a man from nothing, whose longevity and exceptional commercial success acted almost as a factor of stability in the unconscious of each of us, despite his criticizable political choices. Provided that his immense empire – at least what remains after the years of arbitrary detention of his son YVES MICHEL FOTSO – can survive him
Fotso Victor’s death is an opportunity to reflect on the interaction of law, ethnic politics and citizenship in official Cameroonian speeches and on the role of human rights groups, such as the CL2P.
The CL2P is known to fight against human rights violations in the country and to recognize Yves Michel Fotso as a political prisoner. This defense goes hand in hand with a vision of democracy and human rights which serve as critics of ethnofascist politics and of exclusion from the country. Ways in which a notion of sovereignty is privatized by the sovereign who has the right to life and death over all Cameroonians.
Human rights activism becomes a tool to mobilize popular sovereignty to criticize what is in practice a form of ethnofascism. In particular, the complex ethnofascist mechanisms through which Victor Fotso managed to navigate to become one of the most successful businessmen in Cameroon.
At the CL2P, we can all say that the patriarch, like most Cameroonians, had to deal with a regime that was not of his choice. As we face the major coronavirus crisis, there is a word to say that there is no greater traitor than a traitor in times of crisis. Thus, that his death helps to overcome the inclinations of this current regime and their craze for the present hedonist and their unhealthy relationship with time rooted in a cult of obscene immortality, therefore, with no vision of the future to spare.
Therefore, let this death help to break the ethnofascist impasse in the country and to inaugurate a new regime where the politics of grievances and resentment are put aside to finally solve the real social problems of the country.
May he rests in peace!
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P